Je remercie Lucie Taïeb qui m’a proposé cette contribution et qui a établi dans le même temps la fiche bio-bibliographique du grand poète autrichien Ernst Jandl totalement méconnu en France. Je rappelle l’engagement de Poezibao envers les poésies étrangères et son souci de présenter des poètes, en particulier européens et américains (mais pas seulement !) qui sont encore peu ou mal connus en France.
Les traductions proposées ici sont des traductions inédites de Lucie Taïeb.
jardin botanique, vienne
qu’ils devraient cesser leurs rencontres non
même pas dans le jardin botanique
car cela pourrait lui nuire d’être vu
avec lui où que ce soit
étant donné la situationils s’étaient liés d’amitié à la banque
où l’un travaillait toujours
y resterait sa vie entière
pour sa femme et pour ses enfant et pour lui
bien qu’il aimât surtout les couleurs, non les nombresil sentait que quelque chose s’était passé
qui faisait de son ami une sorte de sauveur
celui qui sans bruit avait été renvoyé de la banque
qui pâlissait dans le jardin botanique
celui qu’il fallait oublier.*
deux sortes de signes
je fais le signe de croix
devant chaque église
je fais le signe de quetsche
devant chaque vergercomment je fais le premier
tout catholique le sait
comme je fais le second
moi seul*
dilection
certains disent
la dauche et la groite
on ne peut pas
les donfoncre
querre elleul !
Poèmes extraits de lechts und rinks gedichte statements peppermints Luchterhand Literaturverlag 1995, réédité en 2002, p.20, p.57 et p.74. Il s’agit d’une anthologie de poèmes choisis par Ernst Jandl et parue à l’occasion de son soixante-dixième anniversaire.
Traduction © Lucie Taïeb
(version originale en cliquant sur le lien ci-dessous)
Note bio-bibliographique d’Ernst Jandl
botanischer garten, wien
daß sie sich nicht mehr treffen sollten nein
auch nicht im botanischen garten
denn es könnte ihm schaden mit ihm
gesehen zu werden irgendwo
wie die dinge jetzt stünden
sie hatten sich befreundet in der bank
wo der eine immer noch arbeitete
und es sein leben lang tun würde
für die frau und die kinder und sich
obwohl die farben er liebte, nicht die zahlen
er fühlte daß etwas geschehen war
das aus seinem freund eine art retter machte
dem aus der bank ohne lärm entlassenen
im botanischen garten verblassenden
dem zu vergessenden
**
zweierlei handzeichen
ich bekreuzige mich
vor jeder kirche
ich bezwetschkige mich
vor jedem obstgarten
wie ich ersteres tue
weiß jeder katholik
wie ich letzteres tue
ich allein
**
lichtung
manche meinen
lechts und rinks
kann man nicht
velwechsern
werch ein illtum!Poèmes extraits de lechts und rinks gedichte statements peppermints Luchterhand Literaturverlag 1995, réédité en 2002, p.20, p.57 et p.74. Il s’agit d’une anthologie de poèmes choisis par Ernst Jandl et parue à l’occasion de son soixante-dixième anniversaire.