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RICE Anne - L'heure de l'Ange : Cardiognosis

Par Livrement

angeTitre : L'heure de l'Ange
Auteur : Anne RICE
Note : 4. Livre à découvrir
Mon résumé :
Lucky le Renard, surnommé le Perfectionniste travaille pour l’Homme Juste. Défendant la cause des gentils, il abat froidement et habilement ses victimes. Honoré pour son grand professionnalisme, sa prochaine mission se déroule à Mission Inn. Justement dans la suite nuptiale qu’il affectionne, lui, le grand anonyme. La proximité entre ce lieu intime et le crime qu’il s’apprête à commettre le trouble. Alors qu’il vient de tuer sa sible, un étrange homme aux yeux azurés l’observe. Ceui-ci décline vite la véritable identité de Lucky le Renard ainsi que son passé difficile. Mais que veut-il ? Que Lucky trouve une certaine rédemption, sauver des vies plutôt que des enlever. Le voilà, au cœur des confrontations médiévales, un couple juif attend d’être sauvé des émeutiers chrétiens.
Mon avis en quelques mots :
Anne Rice nous entraine en différents lieux et époques pour nous offrir un roman sur l’univers des anges, de leurs relations particulières avec les humains. Le thème de la civilisation juive médiévale est le bâti de l’histoire. Menée joliment d’une plume exquise, l’histoire de Lucky le Renard se découvre par petites touches. Notre attachement au protagoniste gonfle au fil des pages. Et c’est avec suspens qu’on découvre fébrilement son étrange aventure moyenâgeuse. L’immersion dans le roman est totale !


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Critique approfondie


¨˜"°º• Anonyme Lucky


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Lucky le Renard. Perfectionniste de son état, dénué de sentiments, Lucky achève toujours ses missions de manière rapide et professionnelle. C’est pour les gentils, qu’il travaille. Enfin, qu’il essaye de se persuader. Le FBI et Interpole n’arrivent pas à le nommer : ils restent pour eux, un mode opératoire. Sous les ordres de l’Homme Juste, il tue froidement ses cibles avec une précision et une délicatesse extraordinaires.
Difficile de croire avec les besognes abattues, qu’il y a réellement un homme derrière cette ombre… alors qu’il se révèle passionné de luth et lecteur fébrile de livres traitant sur le sujet du moyen-âge. Lucky le Renard n’existe pas : connu sous diverses identités anonymes, connu comme une simple image floue des caméras de surveillance par le FBI et Interpol, Lucky vit sa vie… sans témoin.
Actuellement résidant en Californie, le cœur de Lucky bat à l’unisson avec Mission Inn et San Juan Capistrano. Il se perd dans la contemplation de leurs églises et cathédrales, dans ces petits détails médiévaux, dans leur reconstruction et dans leur Histoire au fil du temps. Il aurait voulu être prêtre. Dès son enfance, il se voit plutôt dominicain bien que les prédications franciscaines l’attirent tout aussi. Cependant, bouleversé par la découverte du luth lors d’un opéra, Lucky à 12 ans, veut profiter des plaisirs de la vie et devenir un homme du monde.
Son plus grand plaisir est certainement « sa » suite à Mission Inn : il y va chaque fois qu’il peut : admirer la fresque plafonnière, profiter du lit à demi-baldaquin, jouer du piano à queue ou simplement s’asseoir à la magnifique table de granit. En ce moment, Lucky a peu de repères, il ne croit pas en Dieu, et se surprend à espérer pouvoir emmener ses livres historiques s’il devait aller en prison.
Ce matin, il reçoit un appel téléphonique de l’Homme Juste. Sa prochaine mission se déroule à Mission Inn, dans SA suite. Difficile de voir ce chez-lui se transformer en lieu d’une tâche professionnelle. Quelque peu ébranlé, il va devoir encore tuer. Mais la proximité entre son semblant d’intimité et sa charge le trouble plus que de raison.
Lucky, lui toujours si discret et invisible aux yeux des autres, se retrouve épié par d’étranges yeux bleus. Malchiach, propriétaire du regard azuré lui parle de son passé. Lucky ou Toby O’Dare, quelle différence ? Déconcerté, Lucky ne sait plus à quels saints se vouer…
Malchiach lui propose un pacte : sauvegarder des vies plutôt que de les voler. Se retrouver, se réinventer… et aider autrui. Le voilà catapulté au XIIIe siècle , au cœur de la juiverie de Norwich, à défendre un couple des persécutions d’émeutiers chrétiens.


Etrange rêve ou douce folie ?
L’heure de l’ange est capable de l’emmener… bien loin.


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Qu’il soit Toby O’Dare ou Lucky le Renard, il n’en reste pas moins indifférent.
Dès les premières pages, on approche Lucky le Renard dans son quotidien : sans nous révéler quoi que ce soit vis-à-vis de sa personne ou de son histoire, il va nous conter ce qu’il l’aime, le passionne ou ce qui l’irrite.

C’est un bonheur de se balader au chant de sa description de ces lieux saints vénérés, de leur prodigiosité ou de leurs fonctions extraordinaires. C’est par rapport aux choses, que Lucky se dévoilera : la présentation des fresques tant aimées, du son de la chaussure sur les pierres bancales ou encore de la fraicheur des arches de divers endroits.

L’histoire est majoritairement contée par Lucky le Renard, à la première personne du singulier. Pourtant, tour à tour, ce sont les autres personnages qui vont devenir narrateur au cours d’un ou plusieurs chapitres. Et c’est finalement grâce à ces morceaux assemblés que Luky le Renard va quitter cette enveloppe anonyme pour devenir quelqu’un à nos yeux.
Petit à petit on se rapproche de sa personnalité et de son passé pénible, à cette personne blessées aux idéaux noyés, à cette figure solitaire. Irrémédiablement, on s’attache à lui.


¨˜"°º• Plume Ricenne


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Comme toujours,  Anne Rice nous transport littéralement : commencer un de ses livres, c’est être plongé directement en son cœur, c’est entrer naturellement dans son univers, c’est être happé par l’histoire. Il en convient que le travail de traduction y est aussi dans la réussite de cette immersion totale.
Elle nous entraine tour à tour à différentes époques, actuellement, vingt ans en arrière ou encore au XIIIe siècle. Invariablement, elle nous emmène dans différent lieux, avec la vieille Europe et la Nouvelle Orléans, si chères à son cœur.
Le tourbillon est mené d’une main de maitre : tous les aspects – lieux, époques, personnages – nous révèlent judicieusement par petites touches, l’aspect psychologique de notre nouvel amour, Lucky.
Le thème principal et non moins très fort se concentre sur la civilisation juive médiévale, avec les relations entre chrétienté et judaïsme à une époque ou les persécutions des révoltés démarraient au quart de tour.
La grande présence de la religion ne doit pas rebuter ; bien que soient mis en avant les ordres des mendiants (prêcheurs dominicains et franciscains), les confessions chrétienne et juive, le livre est ouvert à et compréhensible par tout le monde.
Il existe des lecteurs qui n’aiment ou ne poursuivent pas leur lecture, au premier mot de « religion » rencontré ; qu’ils soient d’une autre confession que celle présentée ou athés (ou agnostiques). Cependant, avec l’heure de l’ange, on peut se rendre compte que ces religions révèlent un fond de toile intéressant pour une histoire captivante.
Le travail de recherches, bien qu’utilisé naturellement pour le roman, se ressent. Les documents pris en appui sont nombreux et quelques uns sont cités en bas de page et à « la note de l’auteur » en fin de livre. Cette fonction est d’autant plus importante à l’histoire qu’elle l’enveloppe d’une véritable authenticité et permet au lecteur de pénétrer les pages.
La seule chose qu’on pourrait reprocher à ce roman est sa brièveté. 270 malheureuses pages se révèlent bien trop courtes ! Surtout lorsqu’on est habitué à un tome de deux tiers supérieurs à celui-ci… qui prend sa place au sein d’une trilogie.
Anne Rice qui a déclaré être athée prend un chemin différent dans sa vie personnelle avec l’envie de « glorifier » Dieu. Et c’est avec « l’heure de l’ange » sans aucun doute que ce tournant s’inscrit dans sa vie d’écrivain.


¨˜"°º• Extras


¤ Biographie :

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Anne RICE, écrivain américain aux 100 millions de livres vendus, devient un des auteurs « actuels » les plus lus. Auteur des célèbres trilogie des vampires et trilogie des sorcières Mayfair, elle a écrit pas moins 22 de romans fantastiques, de nouvelles ou encore de livres à thème religieux. Elle est notamment connue pour ses histoires mêlant l’épique au style baroque et aux intrigues de différentes époques.
¤ Pour une fois, on ne pourra rien reprocher à des éditions françaises dans un titre traduit, judicieusement et sans faux-pas par rapport au titre anglais « Angel Time : The Songs of the Seraphim ». L’heure de l’ange est un concept à découvrir entre les pages…
¤ Notons aussi que la couverture des Editions Michel Lafon est superbe : Une aile blanche sur un grand aplat noir et mat. Avec un vernis sélectif pour le nom d’Anne Rice. D’accord, l’aile est jolie, cependant, tout petit regret de la retrouver seule, en illustration à côté du titre du chapitre.
  Je ne manquais jamais de m’aventurer dans le restaurant pour déjeuner. La piazza était magnifique, avec ses hauts murs percés de fenêtres arrondies et de terrasses semi-circulaires ; je sortais le New York Times, que je lisais tout en déjeunant à l’ombre de dizaines de parasols rouges.
Mais l’intérieur du restaurant n’était pas moins attirant, avec ses murs recouverts de carreaux de faïence bleu vif et ses arches beiges artistement peintes de plantes grimpantes. Le plafond à solives figurait un ciel bleu avec des nuages et même de minuscules oiseaux. Les portes de plein cintre à meneaux étaient couvertes de miroirs, tandis que d’autres laissaient passer le soleil venant de la piazza. Le bavardage des gens rappelait le murmure d’une fontaine.
Je me promenais, dans les couloirs sombres, sur des tapis poussiéreux, de styles différents. Je m’arrêtais dans l’atrium devant la chapelle Saint-François, contemplant l’embrasure lourdement sculptée, chef-d’œuvre en ciment moulé de style churrigueresque. Cela me réchauffait le cœur d’entrevoir les préparatifs de mariages, inévitablement luxueux et apparemment interminables, avec leurs buffets dressés dans de l’argenterie sur des tables drapées de nappes autour desquelles s’affairait le personnel.
Je montais jusqu’à la plus haute véranda et, appuyé sur la balustrade en fer laquée de vert, baissais les yeux vers la piazza du restaurant et l’énorme horloge située en face. J’attendais souvent son carillon, qui sonnait tous les quarts d’heure. Je voulais voir ses gros chiffres bouger lentement.
Un élément très puissant m’attire vers l’horlogerie. Quand je tuais quelqu’un, j’arrêtais sa montre. Et que font les horloges, les pendules, les montres, sinon mesurer le temps dont nous disposons pour devenir quelqu’un, découvrir en nous quelque chose dont nous ignorions la présence ? 


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Un autre avis disponible chez L'accro des livres.


Merci BOB :)

BOB


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