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On en était tous là. A bout. A bout de nerfs, de paroles, de regrets. A bout de force.

Publié le 18 février 2010 par Clarabel

une_putain_de_belle_nuitNeuf adolescents (huit garçons et une fille) rentrent d'un match de foot où l'équipe vient de se prendre une taule. L'ambiance dans la fourgonnette est lugubre, les esprits sont mis en sommeil, ça ronronne, chacun cogite et personne n'exprime tout haut ce qu'il pense tout bas. Puis, c'est l'accident. Le minibus tombe dans un ravin, le chauffeur meurt sur le coup et l'entraîneur est dans un état critique. Un par un, les adolescents se faufilent hors du véhicule, ils sont tous sain et sauf mais leurs esprits ne sont pas pour autant calmés. Choqués, et encore plus énervés. Cette nuit, qui s'annonce longue et angoissante, va être le reflet de leurs tracas, leurs rêves, leurs espoirs et leurs désillusions. Certains pensent à leurs prochaines vacances, d'autres revivent le match, l'occasion de régler quelques comptes, de reprocher aux uns d'être des incapables ou à d'autres de se croire les petits chefs. Les adolescents sont tous au bord du gouffre, littéralement parlant, ils souffrent pour un chat perdu, pour un amour brisé, parce qu'ils se sentent incompris ou désespérément seuls. Cette nuit, teintée de larmes et de sang, va faire tomber les masques. Tous se cherchent, se perdent, se trouvent. C'est une putain de belle nuit au cours de laquelle on assiste à une quête générale de l'identité de soi, et lorsqu'on est un adolescent paumé, cela donne parfois matière à un récit vibrant, passionnant, sombre, froid et inquiétant. On parle de colère, de doute, de confiance trahie, d'amitié. Les souvenirs d'enfance reviennent aussi, comme pour saupoudrer cette nuit si noire et oppressante. Un sauf-conduit pour revivre des jours heureux, ou comprendre le malaise du moment. Tout s'explique. Le roman est conduit à plusieurs voix, dans une ambiance de huis clos, de quoi procurer cette vive sensation d'urgence, de survie et de sursis.  Pas mal du tout.

du même auteur : Echancrure

Une putain de (belle) nuit ~ Michel Le Bourhis
Seuil, coll. Karactère(s), 2010 - 137 pages - 8€


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