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BEAK> : " Des potes qui ont la chance d'avoir des micros dans la salle"

Publié le 19 février 2010 par Albumsono

Membre du groupe star Portishead, auteur de seulement trois albums en une bonne quinzaine d'années, Geoff Barrow s'est offert l'an dernier une récréation en montant avec Billy Fuller et Matt Williams le groupe BEAK>. Le trio, enfermé pendant quinze jours, a enregistré un album qu'ils défendent ce soir à la Route du rock, déclinaison hiver. Rencontre après des balances très prometteuses.

Comment s’est formé le groupe ?

Geoff Barrow : Rien n’était planifié. On a commencé à faire de la musique, tous les trois ensemble et on s’est rendu compte que personne n’était là pour perdre son temps. On était juste trois individus qui voulions faire la meilleure musique possible.

Billy Fuller : Et nous n’avions même pas besoin d’en discuter.

G. B. : On a commencé à jouer, en enregistrant ce que l’on faisait. Et très vite, on s’est fixé un dogme. On n’ajoute pas de couches de sons en plus de ce qui est enregistré live. La musique jouée était pure. On était si fier des morceaux qu’on les a sortis sur disque et après on a enchaîné avec une tournée. Là, ça fait près de deux mois qu’on n’a pas rejoué ensemble, alors on se cherche un petit peu. Ce qui est bizarre, c’est que les morceaux avaient bien évolué. Là, il va falloir revenir aux squelettes. On perd du temps à retrouver notre son. On n’a plus le temps d’expérimenter.

B. F. : Nos meilleurs morceaux sont ceux qui restent vivants, qui évoluent. Les autres prennent une forme stable.

Rien n’était arrêté avant d’entrer en studio ?

G. B. : La première chanson du disque, ce sont les toutes premières notes que l’on a joué ensemble.

B. F. : Tout a été écrit en direct.

C’est un processus inverse à celui de Portishead où les enregistrements peuvent prendre des années…

G. B. : Matt Williams a souvent travaillé dans le cadre de ce processus un peu libre. Avec Bill, on est habitué à des méthodes plus laborieuses, qui peuvent aussi être très gratifiantes.

Avant d’entrer en studio, vous aviez idée du type de musique que vous vouliez faire ?

G. B. : Pas vraiment.

B. F. : Avant qu’on entre en studio, Geoff nous a seulement joué Egon Bondy's Happy Hearts Club Banned, un disque de The Plastic People of the Universe, enregistré au début des années 1970. Ce sont des Tchèques qui sonnaient comme un groupe qui joue dans la même pièce. C’est ce qu’on a gardé du disque. Je crois que c’est d’ailleurs un label français qui l’a sorti en 1978.

G. B. : Moins que le son du groupe, j’étais intéressé par la manière dont ils avaient capté une énergie. Mais ce n’était qu’une de nos influences. Après on voulait avant tout jouer ensemble. C’est la première fois que je tiens la batterie sur tout un disque en entier.

B. F. : Ce sont juste des potes qui jouent ensemble et qui ont la chance d’avoir des micros dans la salle.

Le disque explore des atmosphères très variées…

G. B. : On a essayé plein de choses après tout ne fonctionnait pas. Il y a beaucoup de choses qui n’ont pas fini sur le disque parce que le résultat était trop chiant ou trop mauvais. On a enregistré vingt-cinq chansons en deux semaines, douze ont fini sur l’album.

Les titres des morceaux font référence à pleins d’éléments du paysage…

B. F. : Les morceaux reflètent les endroits d’où l’on vient. Cette campagne un peu dure et inspirante à la fois.

G. B. : Ce ne sont pas des villes. Plutôt des villages à l’ancienne. Leur atmosphère nous inspire beaucoup.

Geoff, vous avez aussi produit l’album de The Horrors qui se produit aussi ce soir à la Route du Rock…

G. B. : Je n’ai pas fait grand-chose. Tout était déjà là. J’ai juste eu à leur dire que ce qu’il faisait était excellent et à l’enregistrer.

Sur leur disque, comme sur le votre, on sent une forte influence krautrock…

G. B. : Tout un tas de groupes veulent aujourd’hui expérimenter des choses qui sortent du format blues, revenir aux distorsions de Hendrix, aux sons post-punk de New York. Pendant des années, des musiciens comme moi ont travaillé à moderniser le blues avec des samples hip-hop ou autres, maintenant on regarde de nouveau ailleurs. Commes les Beatles qui ont commencé en jouant du R’n’B avec des choses comme All My Loving à de la musique presque concrète sur Tomorrow Never Knows.

Sur Third de Portishead, il y avait déjà beaucoup de distorsions, des morceaux basés sur le groove…

G. B. : Je n’ai pas trop d’explications. On n’essaie pas de faire revivre la scène de Düsseldorf en 1970. On a juste envie d’expérimenter des choses différentes. Chacun essaie de garder ce qui l’accroche dans la musique passée pour en faire quelque chose de personnel.

Ou en est l’enregistrement du quatrième album de Portishead ?

G. B. : On est toujours en cours d’écriture pour le moment.

Vous avez le temps d’enregistrer un nouvel album avec Beak> avant ?

G. B. : Je ne sais pas, on verra. On s’est retrouvé pour faire une reprise d’un groupe australien. Après on verra bien.

Après pas besoin de garder le contact, juste vous retrouver pour jouer…

G. B. : On est quand même dans une sorte d’entreprise ensemble. On doit régler nos histoires d’impôts et tout ça ensemble. Ce serait bien qu’on puisse juste vivre comme avant, comme à Dusseldorf en 1971. Tourner dans une caravane avec nos enfants et nos vingt et un femmes. Mais on a tous hâte de retourner en studio.

Recueilli par KidB


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