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The thrill isn’t gone yet

Publié le 16 février 2010 par Culturabox

B.B. KingPour beaucoup, le Blues s’apparente à un truc de vieux, de l’ancienne génération, révolu, dont le 35 tours qui crépite prend la poussière dans les cartons de nos aïeux, et avec la majorité des vedettes 36 pieds sous terre. Pour ce dernier point, avouons que ce n’est pas faux. Memphis Slim, John Lee Hooker, Muddy Waters, Jimmy Reed, Elmore James… tous désormais dans le big band de Saint-Pierre.

Mais il y a des exceptions, des résistants, des immortels.

B.B. King en est assurément un. Au-dessus, bien au-dessus du talent de basse-cour des éphémères actuels. Le vieux a quand même 84 ans, mais sa Lucille est toujours aussi jeune. Lucille n’est pas une nana comme les autres, puisqu’avec un manche (c’est bien une fille) et six cordes. L’histoire rocambolesque de la fameuse guitare a bâti une partie de la renommée de Riley B. et a surtout posé les fondements d’un style musical unique, basé sur une nonchalance continuelle, parsemée de coups de couteaux stridents et d’attaques d’aigus jouissives. Un style qui nous amène plus du côté d’un Cotton’s Club qu’à la scène miteuse d’un festival de bikers dans le Texas profond.

Un canard amérloque bien connu des mélomanes l’a placé 3ème guitariste de tous les temps, et résume le boss en une phrase qui en dit long ” The self-proclaimed “Ambassador of the Blues” has become such a beloved figure in American music, it’s easy to forget how revolutionary his guitar work was “.

Ecouter B.B. King, c’est faire un voyage dans le Blues noir du mi-20ème, celui-là même qui a apporté un lot de guitaristes, harmonicistes et autres pianistes au toucher aussi déroutant que leur vie hors-scène. Aimer le doux, le brutal, le bruyant, le posé, le grave, le saturé, le dansant… c’est aimer une des dizaines de pépites du King (noir celui-ci). Car oui, ce travail a amené le blues boy a accoucher de beaux B.B. comme le sempiternel « The Thrill is gone », l’électrique «  Every day I have the blues » ou le tendre « Sweet sixteen ». Sans compter l’influence immense répandue chez ses collègues musiciens (les noirs et blancs d’ailleurs), dont les reprises ne sont que de pâles copies de ce qui, à l’origine, est une démonstration de cordes, cuivres et vents. Son style est purement inimitable, et faillit rarement, la faute à 70 ans de pratique.

Il y a quelques mois, j’ai assisté à ce qui ressemble à son dernier concert parisien. Un truc gigantesque au Palais des Congrès, ou l’âge des chansons jouées contrastait bizarrement avec la jeunesse du public. Le pauvre B.B. faisait presque pitié à voir évoluer, me rappelant un concert dans la même salle avec Jerry Lee Lewis, qu’on avait posé devant son piano pour lui faire travailler les articulations. Mais B.B. impressionne, passionne et décalque littéralement. Et on n’échappe pas au traditionnel « Oh merde, c’est déjà fini ! Non non c’est juste l’entracte ?! Ah bah non il s’en va ».

Avec nos concerts assistés par ordinateur, c’est peut-être difficile de ressentir une telle tristesse quand un artiste quitte la scène… mais c’était pourtant bien le cas.
Les dieux sont éternels.

Plus d’informations sur : http://www.bbking.com

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