Magazine Culture

Le Messager d'Aphrodite, de Patrick Beurard-Valdoye (une lecture d'Isabelle Baladine Howald)

Par Florence Trocmé

Beurard Valdoye, le messager d'Aphrodite  Ce titre d’un hyper classicisme m’a surprise de la part de Patrick Beurard-Valdoye, que j’ai toujours vu comme un novateur. Il m’a semblé comme sous une légère poussière, fut-elle grecque. Mais, si en effet, il est aussi bien question d’Histoire, il y est surtout question d’histoire, voire d’expérience, fut-elle grecque. L’expérience fulgurante du désir (d’essence grecque), dont il est question ici, de manière centrale, est hautement risquée en poésie, davantage encore qu’en prose. Mais à peine le livre ouvert, quel étonnement devant le flux, fût-il grec.
Patrick Beurard-Valdoye est proche des fleuves, nous le savons, à l’instar d’un autre « grec », Hölderlin. Le « messager » d’Aphrodite, la déesse, l’aimée, la fluviale, écrit un long poème, parfois énigmatique, le plus souvent simplement superbe, avec de longs mouvements sensuels suivant celui des corps. Il est assez facile pour quelqu’un qui sait à peu près écrire, de le faire sur l’amour, le désir, l’approche des corps ; c’est déjà beaucoup plus difficile dans un poème, une fois dépassés les poncifs de nos illustres aînés, notamment sur la femme. Ici celui qui fait les gestes n’est pas moins important que celle qui les reçoit, les provoque, les demande, y consent.
« et la prosodie prend c’est inouï
met le corps en branle
Les mots jamais esseulés dont elle est
Inondée la peaufinent »
En effet le poème est fleuve, essentiellement par sa prosodie, son rythme violemment moderne, sa mélopée lancinante, ses vagues sous jacentes, son silence face au corps devant lui. Traversées de toutes les eaux de l’amour, pour la sirène qui provoque innocemment ce chant, mais elle-même se trouve prise éprise.
Le messager d’Aphrodite avec son titre sage est d’une réjouissante modernité, bouscule le langage vers la mer autant que la sirène, et charrie une sensualité magnifique, non effrayée.
« Voix d’un gémir hors d’elle », c’est bien sûr la jouissance, c’est aussi bien la voix de la poésie, depuis les grecs. Comme c’est vivant !
Contribution Isabelle Baladine Howald

Patrick Beurard-Valdoye, Le messager d’Aphrodite Obsidiane68 p13,50 euros


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Florence Trocmé 18683 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines