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The Lovely Bones de Peter Jackson

Par Geouf

The Lovely Bones de Peter Jackson

USA, Nouvelle-Zélande, 2010
Réalisation: Peter Jackson
Scénario: Peter Jackson, Fran Walsh, Philippa Boyens
Avec: Saoirse Ronan, Mark Wahlberg, Rachel Weisz, Stanley Tucci, Susan Sarandon

Résumé: A 14 ans, Susie Salmon (Saoirse Ronan) est assassinée à côté de son école. Malgré les efforts de la police, le meurtrier reste introuvable, alors qu’il s’agit d’un des voisins de la famille Salmon. Suzie, dont l’âme est restée coincée d’ans l’entre-deux au lieu d’aller au Paradis, observe sa famille se désagréger sous l’effet de cette tragédie.

Avec The Lovely Bones, Peter Jackson s’offre une petite parenthèse calme après quatre énormes films (la trilogie du Seigneur des Anneaux et King Kong pour ceux du fond qui ne suivent pas). Son nouveau film, tiré d’un roman d’Alice Sebold, est donc une histoire simple, sans monstres ni créatures fantastiques, mais avec un sujet collant à merveille à l’univers du réalisateur. Le monde onirique merveilleux dans lequel se retrouve Susie, parasité par la présence de son meurtrier rappelle en effet de nombreux travaux du néozélandais (Créatures Célestes bien entendu, mais aussi Fantômes contre Fantômes avec sa mort qui rôde à chaque instant). Le début du film est d’ailleurs un quasi sans-faute, Jackson contant avec brio les derniers jours de la jeune Susie. L’intrigue est brillamment exposée, les personnages bien esquissés, et le suspense créé par l’inéluctabilité des événements monte crescendo, renforcé par l’efficace voix off de Susie narrant les derniers instants de sa vie. Une introduction d’une maestria absolue qui culmine lors de l’assassinat proprement dit. En quelques plans et une science du montage impressionnante, Peter Jackson réussit à faire ressentir toute l’horreur de ce meurtre sans en montrer une seule image. On ne verra en effet à l’écran que l’avant (comment George Harvey parvient à attirer la jeune fille dans son antre) et surtout l’après, avec la réaction des parents de Susie et le début de l’enquête. Et puis il y a surtout cette terrifiante scène cauchemardesque où Susie comprend qu’elle vient de passer de vie à trépas en découvrant la salle de bain d’un blanc immaculé de son meurtrier souillée par la boue de la cache et son propre sang. Au centre de ce tableau d’horreur pure trône le meurtrier en question, allongé dans une baignoire remplie d’une eau aussi noire que son âme, avec un torchon sur la figure (une image qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler certaines scènes du jeu Silent Hill). Et puis Susie se retrouve dans l’entre-deux et le film s’effondre…

Car à partir de cet instant charnière, on a l’impression nette que le film se dédouble totalement pour donner deux entités distinctes et incompatibles. On a d’un côté les scènes dans le monde réel, montrant la façon dont la famille de la jeune fille tente de surmonter cette épreuve, et de l’autre celle impliquant Susie dans son « monde parfait ». Les premières sont plutôt réussies, notamment grâce à l’interprétation de Mark Wahlberg en père obsédé par l’idée de retrouver l’assassin de sa fille (Rachel Weisz est quant à elle quasiment transparente) et les autres tombent très vite dans le ridicule. Le monde de l’entre-deux  a beau être censé représenter un univers parfait pour Susie, jamais celui-ci n’est crédible. La faute à des images trop lisses pour être honnêtes (un peu à l’image de certaines scènes de L’Imaginarium du Docteur Parnassus), et parfois limite moches. Du coup, aucun des moments d’émotion ne fonctionne (la palme revenant à la ridicule scène du départ pour le Paradis) et on a du mal tout du long à comprendre pourquoi Susie reste coincée dans ce monde. Est-ce pour protéger sa famille ou leur dire qu’elle va bien ? Non puisqu’elle ne peut pas communiquer avec eux et semble se ficher de ce qui leur arrive. Est-ce pour réclamer justice ? Pas vraiment non plus puisque même lorsqu’elle s’aperçoit qu’à cause de son désir de vengeance son père est blessé, elle reste sur place (et en plus elle décide finalement de partir avant qu’Harvey ne soit puni). Bref, on ne sait sur quel pied danser et la plupart de ces scènes provoquent un ennui poli plus que l’empathie pour le personnage qu’elles étaient censées créer. Et à vrai dire, ce sont en fait toutes les scènes émotionnelles qui sont foirées dans le film. On peine tout du long à s’attacher aux personnages et à comprendre leurs façon d’agir (comme lorsque la mère s’en va à l’autre bout du pays, abandonnant sa famille) et ceux-ci ne sont pas assez développés pour être attachants.

The Lovely Bones de Peter Jackson

Heureusement, s’il y a un aspect du film réussi, c’est son côté thriller et son étude du caractère du serial killer incarné avec brio par Stanley Tucci. Le personnage de George Harvey est clairement le point fort du film et passe petit à petit du statut de petit tueur en proie à ses pulsions à celui de prédateur méticuleux et sûr de lui. Toutes les scènes dans lesquelles il apparait sont proprement terrifiantes et à ces moments-là, Peter Jackson fait montre de tout son savoir-faire de façon éclatante, que ce soit lors lorsque la sœur de Susie fouille la maison du tueur (une scène suffocante de tension) ou lorsque Susie remonte dans le passé de celui-ci et découvre toutes ses victimes. Rien que pour ces scènes (qui représentent heureusement au moins la moitié du film), The Lovely Bones vaut le déplacement.

Mais il n’en reste pas moins que le nouveau film du grand réalisateur est un semi échec, le premier de sa carrière, et constitue donc une énorme déception pour ses fans. Espérons qu’il fera mieux avec Tintin

Note : 6/10

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