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Kurt Wallander, la peur clairvoyante

Publié le 28 février 2010 par Ruminances

wallander11.jpgCes derniers temps, je lisais Cioran. Pas gai le père Emil. Je suis tombé sur un petit texte, « Cahier de Talamanca », dans lequel il donne la mesure de son immense désarroi. De son grand talent et d'un côté obscur très déplaisant. A cette époque il séjournait à Ibiza (il adorait l'Espagne) et, malgré ses dix heures de sommeil par jour, sieste comprise, son esprit ne donnait pas l'impression de s'être beaucoup reposé. Pour tout dire il m'a donné envie de reprendre la lecture de José Ortega y Gasset, Benito Pérez Galdós, Miguel de Unamuno…

Entre deux réflexions sur son malaise et celui du monde, Cioran exprime le voeu très polémique de voir les êtres réintégrer leur ignorance primitive dans la perspective d'atteindre ce qu'il nomme la rédemption. L'excès de vanité n'étant pas la moindre tare chez ses semblables. Chez lui non plus. Pensez ce que vous voulez de mes lectures, mais il est vrai que parfois il m'arrive de me retrouver désemparé dans un no man's land à l'intérieur duquel j'ai un mal fou à établir de lignes frontalières. Dans ma lecture de ce philosophe roumain, totalement misanthropique, je suis tombé sur ceci : « A un délégué syndical suédois, un Français pose la question : « Que peut encore souhaiter l'ouvrier en Suède ? Il a tout, il ne peut plus rien désirer. » Le délégué répond : « Si, une seconde salle de bains. »

L'esprit peut parfois rendre les choses simples ! Tel n'est pas le cas chez monsieur Kurt Wallander, inspecteur de police dans un petit commissariat suédois où il passe d'une enquête à une suivante l'esprit touché par on ignore quel mal sordide. Depuis deux semaines je regarde sur Arte avec un grand intérêt l'adaptation à l'écran de cette série de la BBC mettant en lumière la vie de cet inspecteur de police ébouriffé sous les traits d'un Kenneth Brannagh littéralement halluciné, ne vivant que par et pour le personnage qu'il illustre. Tirée de plusieurs romans policiers de l'écrivain suédois Henning Mankell dont on a souvent comparé le travail et le style, bien que dans des registres différents, à celui de son confrère américain Michael Connelly, la série diffusée vaut pour la qualité de son acteur Kenneth Brannagh et le soin de la mise en scène. Nous savons tous la difficulté d'une adaptation à l'écran d'un roman à succès avec un héros auquel nous nous sommes attachés et à qui de manière inconsciente nous avons donné des traits caractéristiques.

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