Saga de Tonino Benacquista

Comme j’ai aimé le livre que je viens de terminer : Saga de Tonino Benacquista ! C’est mon cri du cœur avant même de commencer à analyser ma lecture ! 
J’ai aimé, j’ai aimé, j’ai aimé ! 
Pour de bonnes ou de mauvaises raisons ? Peu importe puisque j’ai éprouvé un très grand plaisir de lecture ! Pas le moment de chipoter pour commencer ! La fine bouche, je la ferai peut-être à la fin de mon billet… et encore, j’ai si peu à redire !
Avant tout, c’est un roman plein d’énergie et de folie rieuse qui met de bonne humeur, qui emporte d’un seul élan le lecteur dans le monde déjanté du petit groupe des quatre scénaristes recrutés par une maison de production télévisuelle pour écrire « n’importe quoi », une série qui ne sera vue par personne puisqu’elle passera en plein milieu de la nuit, aux heures creuses,  et qui ne servira qu’à remplir l’obligation de quotas des productions françaises ! Seules contraintes, toutes négatives : pas de prises de vue en extérieur, pas plus de six personnages par épisode, peu de décors,  bref, un tournage à l’économie !
Une seule consigne : écrire n’importe quoi mais vite !
Et voilà la clé de tout ! Le maître mot ! Le mot magique ! Le sésame absolu qui va ouvrir la voie à l’imagination débridée des quatre auteurs !  Ils vont s’en donner à cœur joie pendant cette année de création qui leur est ainsi offerte, eux qui n’aiment qu’inventer des histoires et  les écrire, mais qui ne savent pas les vendre ! Ils vont apprendre à connaître leurs styles, leurs thèmes de prédilection, leurs personnages favoris, et ils vont se respecter, s’écouter, s’affronter, devenir amis au fil des longues séances dans leur salle d’écriture où ils aiment s’isoler, sans jamais se préoccuper de rien d’autres, ni du choix des acteurs ni de l’audience ! Ils s’enrichissent enfin  et ils s’amusent ! Ils s’en contentent !
C’est la partie la plus magique car nous assistons véritablement à la création et à la mise en place des personnages de fiction  et à leurs rencontres : deux familles voisines très différentes évidemment qui vont se fréquenter, s’aimer, se haïr  selon les désirs des scénaristes qui, eux, le succès arrivant,  vont se voir peu à peu influencés par les acteurs qui se glissent auprès d’eux pour orienter l’histoire de leurs personnages au gré de leurs propres besoins !
La vraie vie rejoint alors la vie imaginée et c’est déjà une autre histoire !
Saga : « récit en prose des faits et gestes d’un personnage », ici de plusieurs, comme dans les grandes séries télévisées des après-midi sans fin à la télé !
Saga des personnages mais surtout aussi saga des quatre auteurs dont on va suivre la vie après leur succès et après leur exil (L’avant-dernier chapitre s’appelle : « Les exilés »)
Quelles  bouffées de jeunesse,  quelles envies de rire provoquent  souvent les exagérations de la création débridée des épisodes  ! 
 Seul léger bémol : un léger fléchissement  peut-être  dans le chapitre « Hubris »  qui suit la diffusion du dernier épisode de la saga ,  quand les quatre auteurs finissent par  saborder leurs personnages, pour se venger de leur producteur, déclenchant par là-même la haine et la malédiction des spectateurs . En Grèce, celui qui commettait l’hybris était coupable de démesure et c’était le pire des défauts,  opposé à la tempérance ! On lui reprochait de vouloir obtenir plus que ce qu’il méritait !
Mais ensuite l’histoire reprend de plus belle avec les retrouvailles de la bande des quatre ! 
Comme j’ai aimé ce roman ! mais je me répète risquant à mon tour de tomber dans la démesure ! 
Livre lu dans le cadre du Blogoclub de sylire et Lisa
Autres billets: Karine, Emeraude, Amanda Grominou, Keisha, Marie L, Dasola, ( à suivre)
Saga de Tonino Benacquista
(Folio, 1997, 439 pages