Apollinaire et L'Enchanteur pourrissant, genèse d'une poétique
de Jean Burgos
Éditions Calliopées, 2009
par Jean-Pierre Longre
En 2008, les éditions Calliopées publiaient le très beau Calligrammes dans tous ses états de Claude Debon. Décidément à la pointe des études apollinariennes (n'oublions pas la publication régulière de la revue Apollinaire, qui a déjà à son actif six numéros), la même maison a récemment publié un autre beau livre grand format, Apollinaire et L'Enchanteur pourrissant de Jean Burgos, spécialiste des rapports entre poésie et imaginaire.
Même si celui-ci avait déjà, dans une édition critique de 1972, commenté L'Enchanteur pourrissant, il estime à juste titre devoir revenir sur l'ouvrage à l'occasion de l'acquisition par la BNF du premier manuscrit de l'œuvre, et en profite pour élargir cette étude génétique à la « genèse d'une poétique ».
Placé dans son contexte médiéval, vu comme un « théâtre d'ombres » à caractère poétique, le premier ouvrage qu'Apollinaire a publié (en 1909), mais qui l'a préoccupé toutes les années suivantes, est montré comme une œuvre en élaboration incessante, comme une série de « gammes » figurant peut-être « l'histoire même de la création apollinarienne ». La description et l'analyse du manuscrit, mais aussi de brouillons abandonnées, de feuillets isolés, de dessins, de cahiers et de carnets permettent d'envisager une perspective poétique, et la reproduction complète du document, dans la dernière partie du livre, donne au lecteur toute latitude pour se frotter lui-même à l'analyse.
Jean Burgos consacre aussi des chapitres à la réception de l'œuvre, à la…