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La bave du crapaud n’atteint pas la noire colombe

Publié le 01 mars 2010 par Culturabox

La princesse et la grenouilleNous y sommes, après tant d’années de ségrégation inutile, une autre couleur que le blanc est à la mode aux Etats-Unis. Les hommes ont eu Obama, les femmes ont eu Tiana. « Mais qui est-donc cette Tiana ?… Oui ! Qui est-elle donc ? ». Personne d’autre que la première princesse noire inventée par les studios Disney. On y est je vous dis !

Au-delà de la question ethnique soulevée (et résolue) par les magiciens du crayon, la firme états-unienne nous fait reculer de 20 ans (et plus) en arrière, pour nous proposer enfin un dessin animé et non pas des ramassis de pixels qui commençaient à faire verser une larmichette aux vieux amateurs des classiques. Coup double donc pour les potes de Mickey, qui se mettent dans la poche les associations antiracisme et les plus de 30 ans.
Et il faut avouer que « La princesse et la grenouille » est une vraie pépite. La petite poupée noire aux rêves pas si farfelus que ça est jolie, dynamique, pas nunuche et en plus, habite à la Nouvelle-Orléans. Quelle chance ! Ce berceau musical cosmopolite, où les frontières de la mélanine s’effacent devant l’harmonie des cuivres et des cordes. Inutile de dire que si la bande son est effectivement très Disney, elle prend un accent jazz que les amateurs sauront apprécier.

L’histoire est un exemple de paramnésie et de linéarité, il ne faut quand même pas trop en demander, mais on retrouve avec délice les petits ingrédients des meilleurs. Une serveuse (noire donc, vous l’aurez compris) au destin culinaire va se retrouver transformée en grenouille après avoir baisouillé un batracien qui se la pète, le tout sous la houlette d’un charlatan miteux. Quel rêve va-t-elle poursuivre ? Qui et que va-t-elle choisir ? Le conte de fée va-t-il se transformer en fiasco et s’engorger de mucus ? Quel suspense… je vous raconte pas la fin… ouuhhh….

Et donc la brochette de personnages dont on devine l’inspiration rien qu’à l’affiche :
- La princesse est la jumelle de Cendrillon mixé avec Pocahontas
- Le magicien est un mix en Jafar et Yzma, maigre, cynique et ombrageux
- La luciole reprend la bonne parole de Jiminy Cricket, une dent en moins et une ampoule au cul en plus
- Le prince se la pète et fait le gros lourd comme Kuzco
Des exemples comme cela, il y en a à la pelle. Le produit final n’en pâtissant pas, entendons-nous bien, car les règles d’or du dessin-animé pour enfants (en théorie) ont prouvé leur efficacité depuis Blanche-neige.

Ce come-back à la mine de plomb et au pastel gras est effectivement à saluer, et a d’ailleurs fait partie du buzz commercial avant la sortie. Comme on acclamait la prouesse technique du passage à l’ordinateur pour Toy-Story, on applaudit cette fois ci le retour au… taille-crayon. Waouh !
2010, année des nanotechnologies et des avancées informatiques majeures. Quand on voit les annonces comme « Dans la lignée des plus grands classiques, blabla… retour aux sources… blabla… », il faudrait presque les excuser d’avoir lâché la mine pour le clavier.
Au final, quand même, beau coup de poker (gagnant, vu les chiffres) des commerciaux, héritiers de la fougue moraliste de Walt.

Le film fait (beaucoup) rire, est superbement dessiné et sonorisé, et l’ambiance du bayou est délicieusement retranscrite. Ca valait la peine d’investir dans une gomme !

Plus d’informations sur : http://www.disney.fr/la-princesse-et-la-grenouille

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