J'ai très souvent croisé la série d'Yves Grevet sans jamais oser lui accorder une minute de mon précieux temps, j'avais très envie de m'y plonger, la couverture illustrée par Thomas Ehretsmann me donnait des frissons, je ne la trouve pas particulièrement belle mais elle dégage beaucoup d'émois, et justement elle ne peut qu'entraîner le lecteur vers un sentier qu'on n'ose pas souvent emprunter, en plus de l'aventure et la curiosité.
Mine de rien, Méto est une série qui a fait son petit bout de chemin. Le premier tome a été honoré du prix Tam-Tam Je Bouquine en 2008, et les lecteurs émettent tous des avis très positifs. J'avais envie, plus qu'envie. Et comme toujours, dans pareil cas, je traîne les pieds. Allez comprendre.
Trêve de blabla. Je me suis donc jetée dans le grand bassin et je remonte tout doucement à la surface, en scrutant l'horizon car j'attends la sortie imminente du tome 3. Voilà ce qui est bien avec cette série, c'est une trilogie et les trois tomes sont déjà disponibles (soit, le troisième sera là dans quelques jours). Pas la peine de s'arracher les cheveux de la tête, vous pouvez enchaîner la lecture tome après tome en vous pourléchant.
De toute façon, c'est préférable : une fois lancés dans le premier livre, vous n'avez qu'un désir en souhaitant lire la suite aussitôt (prévoyez donc vos achats, ne vous faites pas avoir sous peine de grosse frustration !).
Mais de quoi ça parle, dis-moi Clarabel ? Han han. En fait, je n'ai PAS DU TOUT envie de vous raconter l'histoire. Moins vous en savez, et mieux c'est.
OK. Parce que je suis une gentille fille, je vous glisserai ces quelques mots : Une Maison sur une île, une soixantaine d'enfants, tous distincts selon des rubans de couleur, avec la trouille du crac (le lit ou le ruban), parce que qu'est-ce qu'il se passe après ? Dans cette Maison, les règles sont strictes, les repas pris à heure fixe selon un rituel établi, les corvées ne manquent pas, les enfants doivent se dépenser physiquement en pratiquant du sport et suivent des cours sur la culture de la pomme de terre ou la chaudière (tout un programme !).
Le reste, c'est suspense. Mystère et boules de gomme.
Allez, allez... je vous garantis que vous allez être scotchés et que vous lirez les trois tomes sous moufter. Prenez le temps de respirer, fermez un peu cette bouche béante, vous risquez de baver.
Bonne lecture !
Méto, une série écrite par Yves Grevet
Syros, 246 pages.
Tome 1 : La Maison (2008)
Tome 2 : L'île (2009)
Tome 3 : Le Monde (2010)
Et un petit extrait :
- Tu dois compter jusqu'à 120 avant de toucher tes couverts et laisser un espace de cinquante secondes entre deux bouchées. A part cela, tu peux manger autant que tu veux dans la limite du temps imparti pour le repas.
J'entends Crassus qui respire fort près de moi. Il a les yeux dans le vague et semble perdu.
- Ecoute les petits qui comptent à voix basse...
- 115... 116... 117... 118... 119... 120...
Crassus est surpris par le bruit que font... d'un coup soixante-quatre mains qui empoignent une fourchette. Quelques secondes plus tard, il me regarde en mâchant. On n'entend presque plus rien. Bientôt, on perçoit de nouveau la voix de petits qui égrènent 46... 47... 48... 49... 50... Moi, il y a longtemps que je ne compte plus. Je sens, à chaque fois, le moment exact où je peux piquer ma fourchette. Crassus mange jusqu'à la dernière seconde. Il a planté soixante-douze fois : le maximum. Je le sens fatigué soudain, sans doute le stress que génère, au début, ce rituel du repas. J'ai oublié de lui dire que c'est dangereux de manger trop, surtout après avoir connu la faim comme lui, mais à quoi bon ? M'aurait-il entendu ?
Nous nous levons. Je le soutiens un peu. Marcus me frôle.
- Surveille-le, il ne dois pas vomir.
- Je sais.
- Qu'est-ce qu'il a dit ? demande Cassus.
- Rien. Je te propose de faire une petite promenade pour t'aider à digérer. Tu es trop lourd pour aller jouer.
- On va où ?
- Au phare. De là-haut, on peut voir toute l'île. Il y a beaucoup d'escaliers, mais on va y grimper doucement.
- J'ai un peu mal au ventre.
- Si ça ne va pas, parle-moi. Evitons les catastrophes.
Merci beaucoup Anne !