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Médecins du Monde dénonce la surexploitation des maquiladoras

Publié le 02 mars 2010 par Alternativechannel
par Médecins du Monde Dans les usines agroalimentaires de Guatemala, les femmes sont majoritaires et travaillent 11 heures par jour, 6 jours par semaine. Médecins du Monde exige que les multinationales qui achètent ou se fournissent auprès des usines du Guatemala veillent au respect du droit du travail international et du droit à la santé chez leurs sous-traitants pour qu’elles arrêtent d’être complices de cette situation. © Lam Duc Hien De 7h à 18h30, ou jusqu’à l’heure imposée, leurs tâches sont: coudre, découdre, emballer, marquer, mettre des boutons et faire les boutonnières, inspecter la qualité des vêtements. Voici une journée de travail ordinaire d’une femme qui travaille dans une usine textile ou agroalimentaire au Guatemala. « Elles travaillent dans des chambres froides, pour l’empaquetage des fruits et légumes destinés à l’exportation sans condition de sécurité et sans protection », explique Aurélie Loreyer, coordinatrice du programme de Médecins du Monde sur le terrain. Même constat dans les maquiladoras (ouvrières textiles) : les travailleuses, sans masques ni gants de protection, inhalent toute la journée les produits chimiques utilisés pour le traitement du textile. Des licenciements abusifs, des abus impunis De nombreux entrepreneurs poussent à la démission ou licencient celles qui cherchent à défendre leurs droits, allant même jusqu’à établir des listes noires de femmes à ne pas embaucher. Faces à ces abus, les femmes n’ont que peu de recours et ces violations restent encore trop souvent impunies. « Les autorités se préoccupent plus d’appliquer les lois qui servent les intérêts des maquillas, et ce aux dépens de nos droits » témoigne Rosa, ouvrière dans une maquila. © Lam Duc Hien Il [le patron] m’a dit de me préparer car il allait m’envoyer en vacances. Je lui ai répondu que c’était super car en 8 ans je n’avais jamais eu de repos. La semaine suivante j’étais en vacances. A mon retour, la direction a appelé tous ceux qui étaient partis comme moi en congés. Ils nous ont dit que nous étions licenciés sans motifs et nous ont donné un chèque à chacun. A la Banque, on nous a dit que les chèques étaient en blanc. Entre 2006 et 2009, Médecins du Monde a mené une enquête auprès des ouvrières de 16 usines des départements de Chimaltenango et Sacatepéquez pour mieux connaître leurs conditions de travail, leur état de santé et leurs difficultés d’accès au droit à la santé. Les femmes représentent 85 % des salariés des usines de textiles et des industries agroalimentaires, et trois quarts d’entre elles a dû commencer à travailler alors qu’elles étaient encore mineures. Elles sont indigènes pour la plupart et avec un faible niveau de scolarisation. La responsabilité des multinationales Dans les années 1990, les maquiladoras - usines de sous-traitance travaillant pour l’exportation - sont apparues massivement au Guatemala, comme dans toute l’Amérique centrale. Après 36 ans de guerre civile, le retour de la paix, la proximité géographique avec les Etats-Unis, les salaires inférieurs à ceux du Mexique et les avantages fiscaux ont rendu le pays particulièrement attractif pour la sous-traitance de produits industriels et agroalimentaires. Filiales d’entreprises étrangères ou usines financées par des capitaux étrangers, les maquiladoras (usines de textile) et les usines agroalimentaires utilisent une main d’œuvre moins chère, peu qualifiée et surexploitée pour la confection de textiles ou le conditionnement de fruits et légumes exportés vers d’autres pays, principalement vers le marché occidental (Etats-Unis et Europe). Aujourd’hui 80 maquiladoras sont répertoriées au Guatemala et le secteur employait entre 75 000 et 100 000 personnes en 2002. Médecins du Monde dénonce : « Si ces usines sont considérées comme des moteurs de développement, les emplois restent précaires et mal rémunérés : discrimination à l’emploi, conditions de travail dangereuses pour la santé, harcèlement psychologique, insultes et violences physiques, licenciement abusifs, horaires interminables, non-paiement des heures supplémentaires sont monnaie courante ». A cela, s’ajoute les violations des droits des travailleurs et particulièrement du droit à la santé : entraves aux visites médicales, non déclaration à la sécurité sociale, absence quasi-totale de services de santé adaptés au sein des usines… © Lam Duc Hien Depuis 2005, Médecins du Monde intervient auprès des femmes travaillant dans les maquilas et les usines agroalimentaires de la région de Chimaltenango, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, sur la route panaméricaine. L’équipe de MdM propose chaque dimanche des consultations gratuites aux ouvrières, organise des journées de consultations médicales au sein même des usines et forme certaines travailleuses à devenir promotrices de santé auprès de leurs collègues. Dans l’agroalimentaire, les femmes viennent principalement consulter pour des infections respiratoires, des irritations de la peau et allergies, des maux de tête, douleurs lombaires, douleurs urinaires, troubles intestinaux... mais aussi pour des pathologies liées au manque de sommeil, au stress et à la nervosité. Médecins du Monde exige « que les entreprises européennes et américaines qui achètent ou se fournissent auprès des usines du Guatemala veillent au respect du droit du travail international et du droit à la santé chez leurs sous-traitants pour qu’elles arrêtent d’être complices de cette situation ». Cette étude sera illustrée par de nombreux témoignages vidéo dans l’exposition Femmes après coup qui aura lieu à l’Hôtel de Ville de Paris du 4 au 18 avril 2010. Entrée libre.

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