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Critique : Shutter Island (par Chewie)

Par Jango
Paramount Pictures France

Synopsis :

En 1954, le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule sont envoyés enquêter sur l'île de Shutter Island, dans un hôpital psychiatrique où sont internés de dangereux criminels. L'une des patientes, Rachel Solando, a inexplicablement disparu. Comment la meurtrière a-t-elle pu sortir d'une cellule fermée de l'extérieur ? Le seul indice retrouvé dans la pièce est une feuille de papier sur laquelle on peut lire on peut lire une suite de chiffres et de lettres sans signification apparente. Oeuvre cohérente d'une malade, ou cryptogramme ?
Ben Kingsley, Leonardo DiCaprio et Mark Ruffalo. Paramount Pictures FranceMark Ruffalo et Leonardo DiCaprio. Paramount Pictures FranceMichelle Williams et Leonardo DiCaprio. Paramount Pictures France
Critique :
Mark Ruffalo et Leonardo DiCaprio. Paramount Pictures France

Pour une fois je vais faire partie de la catégorie de spectateurs (très chiante il faut dire!) qui vont comparer l'adaptation et le livre dont il est tiré, puisque j'ai lu (et même dévoré!) le livre éponyme de Dennis Lehane.

Avec Scorsese à la barre et Di Caprio dans le rôle principal, je ne me faisais pas trop de soucis quand à la qualité du long métrage. Dès les premières minutes on entre dans l'univers de Shutter Island pour ne plus en sortir, avec ce ferry sortant d'un brouillard menaçant accompagné d'une musique qui jusqu'à la fin restera oppressante et collant parfaitement à l'atmosphère paranoïaque du film (mais qui est le compositeur? Impossible de trouver l'info, ne serait-ce que des morceaux classiques réutilisés? Si vous avez des infos merci de poster un commentaire ;) ) 

Mark Ruffalo et Leonardo DiCaprio. Paramount Pictures France

On peut dire que dans la globalité Scorsese a été d'une grande fidèlité au bouquin, que ça soit dans la représentation des décors, superbes, l'île en elle même étant un personnage à part entière de l'histoire. De même pour les personnages, le casting étant extrêmement judicieux, même pour Mark Ruffalo, un peu fade il est vrai, mais cela colle avec le rôle de son personnage un peu effacé. Di Caprio est magistral, comme toujours (décidément un de mes acteurs favoris), et Ben Kingsley trouve un rôle à la mesure de son talent, lui qui s'était fourvoyé souvent ces derniers temps dans des productions de seconde zone.

Le récit du livre était fracturé par des scènes de rêves-délires-flashbacks de Teddy, arrivant en grande partie à cause de ses évanouissement dûs à ses migraines, ou bien pour expliquer pourquoi il réagit de telle manière à ce qu'il voit. Ces appartés sont plutôt bien amenés par Scorsese puisque l'exercice était particulièrement périeux à mettre en images, bien que le spectateur n'ayant pas lu l'oeuvre originale doive s'accrocher pour bien saisir les subtilités de ces flashs remplis de significations. J'ai trouvé le traitement visuel du film particulièrement brillant à ce niveau.

Ben Kingsley. Paramount Pictures France

Comme dans toute adaptation, des passages du film ont été délibérément laissés de côté. Ici les passages les plus lésés sont le passé de Teddy et sa femme (expliquant pourquoi leur relation était à la fois forte et bancale), les allusions sexuelles clairement évitées dans le film (Teddy se trouvait parfois perturbé par la relation étrange qu'il pouvait ressentir avec certaines patientes de l'asile), et surtout la relation entre Teddy et Chuck, point central du livre, où les deux collègues parlent beaucoup afin d'appréhender l'autre et comprendre l'homme qu'il est par son passé. Difficile en tous cas de parler plus en profondeur de mes ressentis sans faire de spoiler. Un spoiler je vais devoir en faire un pour expliquer ma SEULE déception, à sa voir la toute fin. Rendez vous un peu plus bas pour ceux qui veulent le lire et donc surligner le texte pour le faire apparaitre.

Pour les autres, sachez qu'au final Shutter island est un très bon film, maitrisé, beau et sérieux, qui laissera peut être certains sur le carreau, pour peu que l'on ne rentre pas dans l'histoire. Pour les autres, c'est un bon moment assuré.

!!!SPOILER !!!

Voici donc ce qui m'a déçu : à la toute fin, lorsque Teddy est assis sur les marches le lendemain matin, on le voit qui appelle à nouveau le docteur Sheehan "Chuck", laissant le spectateur comprendre que la boucle se reforme, qu'il est reparti dans sa psychose où il refoule son meurtre et se croit à nouveau Marshall en mission. Chuck fait un signe de tête triste vers le directeur comme quoi toute cette expérience n'a servi à rien et que c'est la barbarie qui va gagner contre le traitement humain. Dans le livre, Teddy dit à Chuck qu'ils ne les auront pas parce qu'ils sont bien trop malins, et clap de fin, le bouquin s'arrête là, laissant le lecteur dans un sentiment de mélancolie assez puissant, devant la portée symbolique de toute l'histoire, qui avait pris tout son sens dans les dernières pages. Une fin aussi pessimiste que bouleversante, car tout simplement humaine et sans concessions. Alors que je m'attendais à ce que le film se termine lui aussi à ce moment là, quelle ne fut pas ma surprise de voir le dialogue se poursuivre entre Chuck et Teddy, puisque Teddy annonce "Préféreriez vous mourir en homme de bien ou vivre comme un montre" avant de se dririger vers les chirurgiens de son plein gré, trahissant alors le fait que Teddy n'était pas guéri en laissant comprendre que si, il est guéri, mais qu'il fait le choix de se laisser lobotomiser plutôt que de vivre avec le poids de ses crimes. Un choix comme un autre, mais qui pour moi n'a rien à voir avec la portée psychologique et la force de la fin de Lehane, somment de désenchantement logique, alors que Scorsese apporte une sorte de rédemption au personnage, par une sorte de sacrifice faisant du héros un martyre. Grosse déception que ce changement dans les dernières secondes alors que jusqu'à présent la fidèlité au livre était exemplaire. Dommage.

Leonardo DiCaprio, Ben Kingsley. Paramount Pictures France
 
Sortie officielle française : 24 février 2010
 

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