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Lecture in progress : Bellefleur (IV). Leah. Malgré la...

Par Mmepastel
Lecture in progress : Bellefleur (IV).
Leah.
Malgré la...
Burne Jones
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Leah.
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Khnopff
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Rossetti
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Waterhouse

Lecture in progress : Bellefleur (IV).

Leah.

Malgré la multitude personnages qui hantent ce roman foisonnant, Leah se détache du reste de la maisonnée et apparaît assez rapidement comme l’héroïne véritable du roman. Elle est la pièce rapportée dans la famille Bellefleur (bien qu’elle en fasse partie par ses origines) car elle a épousé Gideon. Elle est aussi une figure rebelle. Indomptable. Sa beauté est évidente dès son plus jeune âge, mais son caractère fier et hautain en font une véritable déesse dans la maisonnée. D’ailleurs, la plupart des membres masculins, toutes générations confondues sont à moitié amoureux d’elle. Enfin, comme Mahalaleel, elle semble étrangement inquiétante, par l’opulence de son physique et par d’étranges correspondances entre les mystères de la nature et son tempérament énigmatique (au pensionnat, n’a-t-elle pas apprivoisé une araignée et ne l’a-t-elle pas nourrie, au point d’en faire un insecte collant de la taille d’un moineau ?).

Le moment de sa deuxième grossesse (déclenchée par l’aide mystérieuse de l’arrivée de Mahalaleel) offre une illustration assez nette de la toute puissance de son corps :

“À mesure que les mois passaient, que les longs mois d’hiver glissaient lentement vers un printemps froid et bruineux, l’appétit de Leah, qui n’avait jamais été modéré, devint dévorant. Vers le moment de Noël ses aliments préférés étaient le pudding au rhum et le fromage de chèvre, puis elle acquit une passion presque insatiable pour les abricots en compote, et les tomates cuites en boîte de Valley Products ; et le jambon au poivre qu’elle mangeait avec les doigts à la stupéfaction écoeurée de Cornelia ; et alors, tandis que la peau très blanche de son ventre se tendait sur la masse gonflée, et que ses pauvres chevilles et genoux enflaient, et que ses seins, qui avaient toujours été assez petits pour sa carrure, et jeunes et fermes, augmentaient de volume presque tous les jours, et commençaient à être douloureux et à suinter du lait, au désespoir de Leah, et que même son cou s’épaissit au point d’atteindre la largeur de celui d’Ewan, bien qu’il restât ravissant et sculptural, elle se mit à dévorer des biftecks crus, mâchant chaque bouchée pendant de longues minutes, et fut prise de nausée à la seule vue et odeur de la nourriture que la pauvre Edna préparait pour le reste de la famille, même la célèbre tarte aux mûres et à la crème d’Edna, qu’elle avait toujours aimée ; et alors, à la surprise de son mari -car Leah manifestait beaucoup de dédain pour les hommes qui buvaient, ou pour toute personne qui faisait preuve d’une faiblesse aussi méprisable-, elle prit l’habitude de boire des verres de vin au début de l’après-midi, et deux ou trois bouteilles de la bière brune préférée de Gideon et d’Ewan à mesure que la journée avançait, et du scotch, et peut-être aussi dans la soirée, alors qu’elle jouait aux dames, au trictrac ou au rami, encore du scotch (elle prit bientôt goût à l’alcool favori de grand-père Noël, et il aimait bien en boire avec elle-Leah est la seule femme assez intelligente pour comprendre une plaisanterie, et pour en rire, disait-il souvent, enchanté par son succès auprès d’elle : car c’était une jeune femme majestueuse, belle malgré sa stature, et elle baignait dans un halo tiède, un peu moite, d’érotisme), puis tard dans la soirée, quand même le plus têtu des enfants était au lit, elle mangeait de gros morceaux de gorgonzola et avalait de larges rasades d’un très vieux bourgogne rouge capiteux, découvert récemment dans un recoin de la profonde cave de Raphael, qu’on croyait depuis longtemps épuisée, et dégustait des liqueurs espagnoles et de la crème de menthe, et un cognac sans étiquette dans lequel flottait des paillettes d’or véritable, et à minuit, elle sombrait dans un sommeil profond dont personne n’eût réussi à la tirer, pas même Gideon, de telle sorte qu’elle restait dans le salon de Violet, et que les autres la recouvraient d’édredons, et entretenaient le feu, et apportaient une soucoupe de crème toute fraîche pour Mahalaleel, qui dormait au pied du divan les nuits -qui devinrent moins fréquentes à mesure que le printemps approchait- où il choisissait de rester dans la maison.”

Belle phrase n’est-ce pas ? Et beau personnage….

En revanche… ne faudra-t-il pas redouter l’enfant né d’un tel régime ?…


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