The Crazies de Breck Eisner

USA, 2010
Réalisation: Breck Eisner
Scénario: Scott Kosar, Ray Wright
Avec: Timothy Oliphant, Rhada Mitchell, Joe Anderson

Résumé: Ogden Marsh, Iowa, une petite ville américaine comme il en existe tant d’autres. Jusqu’au jour où les habitants commencent à montrer des signes d’agressivité inhabituelle. Machin, le shérif de la ville (Timothy Oliphant) découvre très vite qu’un avion de l’armée transportant une arme expérimentale s’est écrasé pas très loin, contaminant les réserves d’eau potable de la ville. Coincé dans une ville en proie à la folie et mise en quarantaine par l’armée, il va devoir se battre pour réussir à faire sortir sa femme (Rhada Mitchell) de cet enfer avant qu’il ne soit trop tard…

Premier film à ouvrir la salve annuelle des remakes horrifiques, The Crazies est une remise au goût du jour d’un film peu connu de George Romero (titré La Nuit des Fous Vivants en France). Pas une mauvaise idée en soi, vu que l’œuvre originale a quelque peu vieilli, mais le choix de Breck Eisner (Sahara) à la barre du projet pouvait laisser craindre le pire, le bonhomme n’ayant pas vraiment de passif dans le genre, mis à part un épisode de la défunte Fear Itself (toutefois l’un des meilleurs de la défunte série). Au final pourtant Eisner surprend son monde en livrant une excellente petite bande horrifique.

Le premier bon point du film, c’est qu’il ne met pas trop de temps à démarrer, tout réussissant à présenter rapidement des personnages intéressants. Timothy Oliphant fait très vite oublier sa prestation mollassonne dans Hitman et s’impose facilement dans son rôle de shérif (tout de même moins violent que celui qu’il campait dans l’excellente série Deadwood). Rhada Mitchell apporte quant à elle tout son charme et sa détermination à son personnage, en faisant une femme forte et combattive. Les amateurs de la belle apprécieront une fois de plus ses choix de carrière cohérents (elle est en train de se bâtir une excellente carrière dans le cinéma de genre). Joe Anderson complète idéalement le casting dans le rôle le plus intéressant, celui de l’adjoint du shérif, soupçonné d’être contaminé.

Le film suit à peu près le déroulement de son modèle, tout en rajoutant pas mal d’action et de moments de tension. On retrouve la fuite des personnages principaux dont certains pourraient être contaminés, ce qui contribue à instaurer un climat de tension. Cependant, les infectés subissent ici une lente mutation assez peu ragoutante, ce qui nuit légèrement au climat de paranoïa du film. Mais Eisner se rattrape grâce à de nombreuses scènes bien trouvées, comme une violente attaque dans un carwash, ou un affrontement final dans un garage assez féroce. Les clins d’œil à la filmographie de Romero sont nombreux, notamment au travers du groupe de chasseur tuant de l’infecté sans discernement, emprunt direct à la saga des zombies du maître de Providence. Le plus gros reproche que l’on pourrait faire à ce Crazies nouvelle version, c’est de n’avoir pas gardé l’ambiguïté de son modèle. En effet, dans le film de 1973, Romero présentait à la fois le point de vue des civils et celui des militaires, montrant à quel point ceux-ci se retrouvaient totalement débordés par la situation et acculés. Le film d’Eisner se contente de faire des militaires les bad guys en titre (ce sont entre autres eux qui ont contaminé l’eau par accident, alors que dans le film original la contamination était d’origine inconnue), ce qui réduit quelque peu la portée réflexive du film, mais lui permet de gagner en efficacité.

Au final, The Crazies version 2010 n’est certainement pas un chef d’œuvre du genre, mais un solide thriller horrifique qui remplit pleinement son office : divertir en proposant quelques frissons inédits sans trop trahir l’œuvre originale. On ne lui en demandait pas plus.

Note : 7/10