Magazine Culture
La chance est avec moi. Pas celle sonnante et trébuchante, mais une autre. Je suis gâtée, comblée encore par une lecture.
Après « les sangliers » de Véronique Bizot , je me suis laissée tenter (ô mot si délicieux…) par « mon couronnement » et je remercie Véronique de chez Dialogues de s’être transformée en petit démon…
Monsieur Kaplan, ancien chercheur à la retraite, voit son quotidien bouleversé. Il apprend qu’il va être décoré pour une découverte scientifique qu’il a faite il y a bien longtemps et dont il ne souvient plus. Son salon se retrouve envahi de gens, son téléphone sonne sans arrêt. Mais lui, il s’en fiche, il ne veut pas être dérangé dans ses habitudes. Lui qui aime la tranquillité et observer de sa fenêtre les passants, n’apprécie pas que se journées soient bousculées. Même Madame Ambrunaz, sa femme de ménage et sa plus proche amie, le presse, insiste pour qu’il accepte cet honneur. La clé de l’évènement étant une cérémonie officielle.
A travers Monsieur Kaplan, Véronique Bizot nous dépeint la vieillesse. Pas celle où l’on passe ses journées à faire de la « gym- voyages- club d’échecs » et autres activités. Non, la vieillesse moins glorieuse. Celle où l’on attend que le temps se passe, où la mémoire flanche, et où la gêne de ce corps plus très vaillant se fait sentir honteusement.
C’est doux et amer, piquant d’un humour teinté d’ironie et on se prend d’affection pour ce vieux monsieur qui égrène ses souvenirs d’une vie passée…
Un livre coup de cœur pour le sujet, le style et la plume de Véronique Bizot !
« Je me suis souvenu qu’il habitait une rue du quinzième arrondissement et comme un taxi débarquait sous mes yeux un couple de petits vieux tenant une boîte de gâteaux, de celles qu’on apporte avec soi pour se faire pardonner sa vieillesse (…)"