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La mort heureuse de Albert Camus

Par Mango
La mort heureuse de Albert CamusIl ne se passe pas grand-chose dans cette histoire, juste l’essentiel d'une vie : la  poursuite du bonheur et la mort heureuse, choisir sa mort, avoir une bonne mort,  d’où le titre!
Le roman  lui-même: est divisé en deux parties : la mort naturelle et la mort consciente
Il s’ouvre sur la mort d’un homme et se termine sur celle d’un autre
L’une est choisie, l’autre pas mais attention aux apparences La mort violente n’est pas  celle qu’on croit,  la mort naturelle non plus !
La première partie, s’ouvre sur la première mort, celle de Zagreus, tué d’un coup de revolver dans le crâne par le héros , Patrice Mersault (et non Meursault comme dans « l’Etranger ») Amants tour à tour de  la belle Marthe, ils sont devenus presque amis à force de se voir. Zagreus est un homme riche, rieur et cultivé mais  seul dans sa grande maison, paralysé en fauteuil roulant, depuis un accident , il attend de Mersault le geste ultime qui le délivrera .Il a tout prévu, la lettre où il décrit son supposé suicide et l’argent de son coffre pour son  ami devenu tueur.
« Oh ! je sais bien que la plupart des hommes riches n’ont aucun sens du bonheur…Mais ce n’est pas la question. Avoir de l’argent, c’est avoir du temps pour être heureux quand on est digne de l’être. …J’entends seulement que pour une certaine classe d’êtres le bonheur est possible (à condition d’avoir du temps) et qu’avoir de l’argent c’est se libérer de l’argent. »
« Mersault se délivrait de tout et de lui-même. Le souci de liberté et d’indépendance ne se conçoit pas chez un être qui vit encore d’espoir. Pour Mersault rien ne comptait alors »
Mersault s’entraîne dès lors à atteindre l’impersonnalité pour être heureux
La dernière partie , la mort consciente,  est celle du héros, mort d’une pleurésie dans sa belle maison, construite grâce à l’argent du meurtre, chez lui, au bord de la mer,  en Algérie, dans son pays d’enfance où  il est retourné vivre après avoir voyagé dans plusieurs pays de l’Est  de l’Europe, comme on se fuit soi-même.
A-t-il trouvé le bonheur  ? Sa mort a-t-elle été consciente et heureuse ?
« Le matin qui pointa fut plein d’oiseaux et de fraîcheur. Le soleil se leva rapidement et d’un bond fut au-dessus de l’horizon. La terre se couvrit d’or et de chaleur. Dans le matin le ciel et la mer s’éclaboussaient de lumières bleues et jaunes, par grandes taches bondissantes.
Il se renversa sur son lit et il éprouva la lente montée en lui. Il regarda les lèvres gonflées de Lucienne et, derrière elle, le sourire de la terre. Il les regardait du même regard et avec le même désir.
« Dans une minute, une seconde », pensa-t-il. La montée s’arrêta. Et pierre parmi les pierres, il retourna dans la joie de son cœur à la vérité des mondes immobiles. »
Le chapitre 3 de la seconde partie du roman est une pure merveille !!  C’est un véritable hymne au bonheur et à la beauté du monde!
Dès son retour à Alger, le héros a choisi de vivre dans la « Maison devant le Monde » avec trois jeunes femmes, ses amies, attentionnées et joyeuses. S’il est un instant béni,  c’est bien celui des  sensations provoquées par l' immersion dans un endroit choisi, avec des êtres aimés, dans son pays d'enfance, au sein d'une nature chaleureuse et éblouissante, supérieure en beauté à tous les arts du monde!  Il y trouve une forme de paix amicale et admirative, presque mystique!
"A vivre ainsi devant le monde, à éprouver  son poids, à voir tous les jours son visage s'éclairer, puis s'éteindre pour le lendemain brûler de toute sa jeunesse, les quatre habitants de la maison avaient conscience d’une présence qui leur était à la fois un juge et une justification. Le monde ici devenait personnage, comptait parmi ceux dont nous prenons plus volontiers conseil, chez qui l’équilibre n’a pas tué l'amour. Ils le prenaient à témoin :
"Moi et le monde, disait Patrice à propos de rien, nous vous désapprouvons.» 

Ce roman m’a émerveillée   et éblouie par sa simplicité dans le déroulement du récit et par la splendeur des descriptions de la nature et des émotions qu’elle procure. 
Ecrit vers 1936, "La Mort heureuse" est le premier roman d’Albert Camus qui le délaissa pour écrire «L’étranger ». Il ne fut publié q’en 1971, onze ans après la mort de l’auteur.La mort heureuse de Albert Camus
( Folio,1971/2009, 172 pages)

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