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Réflexions sur la «crise économique de 2008».

Publié le 06 mars 2010 par Alaindumait

De même que la «crise de 29» est réputée avoir commencé le jeudi 24 octobre («jeudi noir»), de même, on dira sans doute, dans les livres d’histoire, que la présente crise a commencé le lundi 15 septembre 2008, avec la déconfiture de la banque d’investissement internationale, basée à New York, Lehman Brothers.

Sur les causes de cette crise, comme sur celles de la précédente, les économistes débattront à n’en plus finir. Comme ils se disputeront sur les remèdes qu’il fallait ou ne fallait pas mettre en oeuvre pour la vaincre.

Mais cela ne veut pas dire que certains n’auront pas raison, et d’autres tort. Tout comme certains intellectuels avaient raison, au siècle dernier, d’annoncer l’inéluctable effondrement du communisme…

Le 15 septembre 2008, donc, la banque Lehman Brothers, faute de trouver de l’argent à emprunter à d’autres banques (sur le marché dit «interbancaire») pour faire face à ses échéances, doit se déclarer en faillite. Elle est victime de la remontée des taux d’intérêt et de sa propre ingénierie, aboutissant à incorporer dans des fonds d’épargne des produits aujourd’hui dits «toxiques», issus de créances à taux variables, souscrites par des accédants à la propriété insolvables…

Aussitôt, la défiance devient générale. Les banques ne se prêtent plus d’argent entre elles. Toute créance est soupçonnée d’être douteuse. Tous les actifs financiers se trouvent dévalorisés. La valeur du stock mondial d’épargne financière est divisé par deux ! La destruction de valeur est de l’ordre de 30 000 milliards de dollars à l’échelle planétaire !

Les ménages réduisent brutalement leurs dépenses. Ils consomment moins. Les anticipations de tous les agents économiques deviennent négatives. C’est la «crise».

Pour essayer de la contrecarrer, les hommes politiques obtiennent tout d’abord des banques centrales – responsables de la politique monétaire, et donc, par le biais des taux d’intérêt, de la quantité de monnaie en circulation – qu’elles abaissent le loyer de l’argent emprunté par les banques à zéro, ou presque. Les banques peuvent donc emprunter autant de monnaie qu’elles le désirent aux guichets des banques centrales. Et le re-prêter à bon marché, tout en faisant une bonne marge. Sans être redevenue solides pour autant, elles engrangent à nouveau de gros profits.

Ensuite les Etats, dont les recettes fiscales sont en chute libre, décident de maintenir le niveau des dépenses publiques, voire de l’augmenter, et de les financer par les déficits et donc par l’emprunt.

Le troisième volet de ces politiques publiques destinées à «lutter contre la crise» consiste à étendre encore les limites de l’Etat-providence, en élargissant la distribution de toutes sortes de minima sociaux, afin d’offrir au plus grand nombre possible de personnes des revenus de substitution.

A l’oeuvre depuis 18 mois, cette politique ne produit que des résultats médiocres, sauf pour les banques, dont les profits ont quelque chose d’insultant. Le taux de chômage est à 10% de part et d’autre de l’Atlantique (le sous-emploi est à 20%). La production stagne (si l’on fait abstraction de la variation des stocks). Et la capacité des Etats à financer leurs dépenses en s’endettant touche à une limite, dictée par la réticence des marchés financiers à accepter les titres de leurs dettes.

Que la présente situation se prolonge d’un an ou deux et il faudra bien parler d’échec de cette politique publique, prétendant remédier à une situation économique avec des outils issus du système qui est lui même responsable de la crise !

Car, nonobstant le consensus politiquement correct, l’action des gouvernements est en tous points contestable.

Sur la gestion monétaire. L’idée selon laquelle l’abondance monétaire serait favorable à la croissance est une idée fausse. A l’instant «t», la quantité de monnaie disponible détermine seulement le niveau moyen des prix. Le même kilogramme de viande vaudra un ou dix, selon que la quantité de monnaie disponible sera égale à Q ou 10xQ. Ce qui ne changera strictement rien à la quantité de viande produite. Ce qui est vrai, par contre, c’est qu’une brusque variation de la masse monétaire en circulation modifie les prix relatifs, favorise certains agents et en pénalise d’autres. Depuis le 15 septembre 2008 l’augmentation de la masse monétaire «banque centrale» a, par exemple, favorisé les banques et pénalisé les épargnants (cf baisse du rendement des produits d’épargne), ainsi que les travailleurs actifs (augmentation des prélèvements). En quoi est-ce bon pour la croissance ?

Sur les déficits publics. Maintenir le niveau des dépenses publiques, et même les augmenter, en les finançant à crédit, revient à priver les contribuables, ceux d’aujourd’hui et ceux de demain, d’une partie plus importante de leurs ressources. Est-ce judicieux ?

Sur l’Etat-providence. Le financement de droits et de minima sociaux de plus en pus généreux, et sans plafond, accessibles à tous y compris aux immigrés de fraîche date, en situation régulière ou non, était à la limite du supportable avant la crise. Avec elle, nous sommes au  bord de l’explosion…

Résumons-nous. Les hommes de l’Etat – modèles Obama, Bernanke, Trichet ou Sarkozy –   s’imaginaient savoir gérer la monnaie et réguler les banques. On a vu le résultat… Ils nous font croire qu’ils vont savoir réparer. Mais la vérité est qu’ils n’ont même plus d’oxygène pour faire respirer artificiellement le malade.



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