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7 tentatives de métaphores cycliques pour saisir & lâcher Pont de l'Alma de Julián Ríos

Publié le 07 mars 2010 par Menear
Pont de l'Alma terminé : certains disent que c'est déjà le livre à lire en 2010. Ça je ne sais pas. Sais seulement que Pont de l'Alma creuse et que la chronique pure, de fond, est impossible, ou bien déjà très bien tracée chez les voisins du Fric-Frac Club, cf. g@rp et François Monti, pas vraiment besoin d'en écrire plus. Ma lecture de Pont de l'Alma n'a pas été concentrée mais divaguée. Affabulatrice. J'ai retrouvé un peu de La vitesse des choses, de Fresán, traversé avec fracas en 2008, dans ce pont là. Pont de l'Alma a balancé des pistes, esquissé des gestes, qui sont autant de fragments possibles rapidement répertoriés ici :
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1 – Des coquilles d'escargots. On s'y déplace en crabe, les couloirs trop étroits. Une main toujours sur la paroi pour savoir où on va. Du calcaire sur les doigts. On suit les flèches. Les lieux publics toujours un labyrinthe. Un musée peut-être en forme de spirale. On ne cherche pas les prochaines galeries mais les toilettes. Pour ça on suit les flèches, la main toujours traînée sur la paroi si proche. On est déjà passé par là, pourrait mettre sa main à couper. On échange les couloirs, traverse les carrefours, s'enfonce dans le coeur du coeur de la spirale. Les possibilités labyrinthiques de s'y égarer sont monstrueuses. Les flèches tournent au fil du vent, des courants d'air, la climatisation interne. On trouve des fois des écriteaux en différentes langues, ils disent : out of order ou bien vous êtes ici.
2 – Énumération des trucs possibles censés stopper le hoquet (liste non exhaustive)1. : apnée prolongée, hyperventilation, stimulation vagale, déglutition, boire un verre d'eau rapidement, boire à l'envers, boire en se bouchant les oreilles, avaler pain sec, avaler glace pilée, avalée sucre au vinaigre, traction sur la langue, compression des globes oculaires, massage sur une ligne horizontale passant par la pointe des deux omoplates, pression sur la dernière phalange de l'auriculaire, pression sur les artères radiales au pouls, pression sur les nerfs phréniques en arrière des articulations sternoclaviculaires, lavage gastrique, simulation galvanique du nerf phrénique, dilatation oesophagienne, traitements médicamenteux : scopalamine, amphétamines, prochlorpézarine, chlorpromazine, phénobarbital, narcotiques, métoclopramide, etc.
Je n'ai pas trouvé le gardien ou le conservateur de ce cimetière ni même aucune indication me guidant vers mon Maître, qui demanda à l'occasion à être enterré à la fosse commune, c'est ce qu'il aurait préféré.
À l'entrée, près d'une pompe à eau, il y avait une demi-douzaine d'arrosoirs en plastique vert, observa Bonzo.
Pour arroser les marguerites et les dents-de-lion, ou les daysies et les pissenlits, manquai-je d'envoyer à Bonzo, qui ne connaissait sans doute pas l'expression bouffer des pissenlits par la racine.
Après avoir fait plusieurs tours je tombai sur la dalle de granit sous laquelle gît le corps de mon Maître. Ainsi dit Bonzo. Un ou plusieurs visiteurs m'avaient précédé dans le rituel, ajouta-t-il, car il y avait quatre pierres blanches à côté de la petite croix inscrite sur le coin supérieur gauche de la dalle et plusieurs cailloux plus petits, du gravier, sur le bas.
Au lieu de la croix, dit Bonzo, il aurait été plus juste d'inscrire sur la dalle en majuscules, NON NON NON, c'était bien la seule épitaphe que désirait mon Maître, comme il l'écrivit à un ami.
Julián Ríos, Pont de l'Alma, Tristram, trad : Albert Bensoussan et Geneviève Duchêne, P.106.
3 – Étude de mine antipersonnel modèle PMN CEI2 : dimensions : 110x53mm / poids total : 550g / poids de la charge : 240g / utilisée en : Afghanistan, Angola, Cambodge, Ethiopie, Honduras, Koweit, Rwanda, Somalie / autres versions : Type 58 (Chine), HGE (Irak), MKK-F (Albanie) / mine AP cylindrique / plateau de pression recouvert de caoutchouc souple maintenu par un collier de serrage métallique / corps de la mine en Bakélite / deux bouchons sur la circonférence : bouchon de forme aplatie obstrue le logement du détonateur MD9, l'autre cylindrique contient le dispositif de retard d'armement maintenu en place par goupille de sécurité en position stockage / l'arrachement de la goupille de sécurité entraîne la mise en oeuvre du retard d'armement fonctionnant par cisaillement d'une lamelle de plomb / une force de 8 à 25kg exercée sur le plateau de pression entraîne l'abaissement du corps plongeur maintenue en position haute par son ressort, déplacement qui libère le percuteur projetée sous l'influence du ressort sur le détonateur qui initie la charge principale de la mine / durée d'armement variable en fonction de la température ambiante : entre 2,5 et 12 minutes à +40°C, entre 3 et 15 heures à -40°C
4 – Il existe 20 700 000 pages fournies par la requête Google princess doll, 780 000 pour la requête princess lady doll, 391 000 pour la requête princess lady di doll, 284 000 pour la requête princess lady diana doll et seulement 5 530 pour la requête princess lady diana dies in a horrible car accident doll.
5Alma est3 une ville en Algérie, un village au Maroc, deux villes, un village et un district au Canada, un fleuve en Ukraine, une aire urbaine germano-belgo-néerlandaise en Europe, quatorze villes aux Etats-Unis (dont quatre pour le seul état du Wisconsin), un pont, une place et un palais à Paris, un centre commercial à Rennes, une ville depuis rebaptisée au Kazakhstan, une « petite localité » en Nouvelle-Zélande, un village détruit par la guerre en Palestine, un projet astronomique multinational au Chili, un astéroïde dans l'espace et une bataille dans l'Histoire.
Du centre de Paris on arrivait assez vite à ce parc d'Issy-les-Moulineaux en suivant la Seine et Henri Paul dut passer maints samedis par le tunnel de l'Alma pour aller à son tennis et en revenir. Qui sait si la nuit de l'accident ou du triple assassinat il ne choisit pas le tunnel de l'Alma parce qu'il le connaissait bien ? Camille II se demandait en outre s'il avait choisi pour ses matchs du samedi cet endroit, au sud-ouest de Paris, parce qu'il fut le berceau de l'aviation : en réalité la grande passion d'Henri Paul fut de voler et il passa à dix-huit ans son permis de pilote privé. La plus grande frustration du Breton volant fut de ne pouvoir entrer dans l'aviation militaire et piloter un Mirage à cause de son acuité visuelle insuffisante. Il jouait aussi assez bien du piano, Camille, fille de pianiste professionnelle, ne pouvait l'oublier, et elle se rappela qu'il aimait Liszt et Schubert. Aucun des deux, affirma Camille, ne figurait parmi les compositeurs classiques favoris de la Princesse, qui étaient Bach, Mozart, Schumann, Tchaïkovski et Rachmaninov. Le malheureux Schumman croyait au spiritisme et, comme la Princesse, participa à ces séances où les tables tournent ou se font tourner et il tenta aussi de se suicider, comme elle, quoique seulement trois fois. Les musiciens préférés de Diana, excepté Bach, finirent de vilaine manière. Probablement le pilote pianiste interpréta-t-il quelques morceaux de ces musiciens. Il avait reçu deux prix, d'alto et de piano, au conservatoire de sa ville natale.
P. 269-270.
6 – Suicide : en français suicide, en anglais suicide, en allemand Selbstmord, en espagnol Suicidio, en portugais Suicídio, en italien suicidio, en russe Самоубийство, en chinois 自杀, en japonais 自殺, en hébreu התאבד...
7 - 48.868131, 2.3286674 : l'hôtel Ritz à Paris, place Vendôme, littéralement et dans tous les sens (cliquez pour zapper) :

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1Source : Doctissimo (et les souvenirs d'enfance).

2Source : CPADD.org

3Source : Wikipédia

4Source : Géoportail


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