La dictée intérieure...

Ah! ce sentiment de "déjà écrit", comme un "déjà vu" pesant! C'eet fréquent chez les érivans. On croit que c'est là, quelque part, écrit trente ou cent pages avant.On cherche. On ne retrouve pas. Pourtant,on a bien l'impression que... On a déjà écrit ça! Pourquoi est-ce que ça revient sous la plume? En plus, ce serait bien mieux là qu'ailleurs... A cet endroit précis! D'ailleurs, on se l'était déjà dit! On regarde les notes,les brouillons... MAis non: On ne retrouve pas. on se souvient pourtant de cette phrase! De ce paragraphe.Et l'on pense à Tournier: 

Je travaille tellement avant d’écrire, que quand je m’assois pour écrire, je sais ce que je vais écrire.

Michel Tournier, in Jean-Luc Delbat, Le métier d’écrire, 1994.

Oui! Quand on a bien mâché, ses mots, quand on les a marchés aussi, quand on les a ourdis, au cours de promenades dans les bois ou ailleurs on sait! .Quand on les a pensés en aromates précieux pour gouleyer le lecteur.. Quand on les a élaborés. Formés en forme pure. On connaît la suite!

MAis voilà, ces mots, il faut les écrire: on connait ben les phrases, on a su les aimer, les cajoler.On leur a donné vie...  Maintenant, on a l'impression de faire une dictée...

Seulement,une dictée, ça peut s'oublier. Alors, on croit  de plus en plus avoir déjà tracés les mots qu'on vient d'écrire... MAis non: on les a mâchés, ruminés, préparés, complotés de telle façon qu'ils sont devenus tellement familiers qu'on imagine les avoir fait passer de la puissance à l'acte... Car il deviennent horriblement présents, les bougres! On les a d'abord répétés jusqu'à les trouver étranges, curieux, bizarres. Jusqu'à s'en détacher, comme s'ils faisient partie d'une langue inconnue mais étrangère, vraiment... Puis on les a repris en soi, en choeur avec soi, parfois même par coeur... Ils sont devenus plus proches, plus intimes... On peut les écrire. Alors, voici un nouveau petit bout de dictée. Mais à la bonne place! On reverra tout ça quand ça sera fini,  lors de la première lecture intégrale à haute voix...

Ecrire est un acte d'amour. Amour, juste méthode!