Ça fait déjà quelques billets que
je vous soûle avec Super Mario Galaxy, il est maintenant temps de terminer cette frénésie avec un petit test maison un peu plus détaillé qu'un banal "c'est formidable, whouhou, lol trop bon laché vos komz". Parce que j'aime bien détailler, surtout quand je parle d'un jeu
de cette envergure.
Je ne vous apprendrai donc rien si je vous annonce que vendredi matin, à la première heure, j'ai fais un petit détour avant d'aller bosser pour être un des premiers acheteurs de Super
Mario Galaxy, dont une quarantaine d'exemplaires ornaient le
rayon du Virgin Megastore de la Défense lors de mon passage, peu avant 9h30. Il m'a fallu
endurer la torture d'une journée de travail avant de pouvoir m'isoler complètement chez moi, pour m'hypnotiser devant le jeu. Mais ça valait le coup d'attendre, vraiment.
Vous souvenez-vous du dernier niveau de Super Mario 64 ? Pour vous rafraîchir la mémoire, ce niveau se
passe dans les airs. Le sol est inexistant, et vous flottez sur un nuage. Votre personnage va devoir sautiller de nuages en nuages, faisant confiance aux courants d'air, pour traverser ce monde
perché en hauteur. Au moindre faux pas ou saut de travers, vous finissez dans le vide et devez tout recommencer. Ce niveau, aussi vicieux soit-il, a définitivement posé les bases de Super Mario Galaxy, qui est sorti dix ans plus tard.
L'histoire du jeu est toujours aussi bateau que d'habitude, mais l'univers original dans lequel elle se passe vaut le coup d'être décrit. Après que le château de la princesse Peach ait été volé par Bowser (il nous avait déjà falt le coup dans Paper Mario), vous êtes transportés au beau milieu de nulle part par des petites étoiles qui décident de vous aider. Vous faites connaissance avec les Lumas et avec les différentes galaxies qui ornent l'univers que vous aurez à explorer. Harmonie, une jeune fille ressemblant
étrangement à Peach, et que les Luma ont proclamé comme leur mère, vous
explique que Bowser a volé toutes les étoiles qui donnaient de l'énergie à l'observatoire où vous vous trouvez. À vous
d'aller lui botter le cul pour récupérer ces étoiles, et faire briller l'endroit à nouveau.
Le jeu commence sur cette
dernière note, et vous explorez votre première galaxie. Si là, déjà, vous avez joué à Super Mario 64, vous retrouverez
tout de suite l'inspiration qui a fait de ce dernier un jeu mythique. Les couleurs chatoyantes, les différents univers à explorer, les mondes tous totalement différents peuplés par une faune
particulière, tout y est. C'est du grand art qu'on apprécie dès les premières minutes.
Mais ces premières minutes seront quelque peu gâchées par une jouabilité déconcertante. Si Mario nous avait toujours habitué à être un modèle de gameplay, cet épisode ne ménagera pas vraiment
le joueur dans ses premières parties. On se retrouve trop souvent la tête en bas, désorienté, et les difficultés à se diriger dans ces conditions perdurent même après plusieurs heures de jeu. Le
problème ne vient pas tant de la maniabilité, qui frôle la perfection, que de la caméra qui se positionne bien souvent trop mal. Trop mal en tout cas pour qu'on puisse clairement lire le jeu la
plupart du temps. On se retrouve donc souvent à se diriger au hasard, sans pouvoir bouger la caméra qui semble bloquée sur un rail mal placé. Cette caméra n'est pourtant pas fixe, puisque la
croix directionelle permet de la déplacer pour voir les alentours. Mais ces déplacement sont bien trop souvent interdits,
et on retrouve dans la position frustrante d'un Mario face à l'écran, sans pouvoir regarder l'endroit vers lequel on se
dirige et les éventuels dangers à éviter.
Passé ces quelques frustrations
de gameplay, peu habituelles dans un jeu de cette classe, on retrouve quand même avec grand plaisir tous les automatismes du plombier moustachu. sa
panoplie de sauts divers et variés répond toujours présente avec quelques bonus agréables, et ses mouvements sont globalement faciles à assimiler. Du côté des nouveautés, on retrouve donc une
toupie, qui remplace les coups de poings de Mario 64, qu'on effectue en secouant la Wiimote. Cette attaque sera d'ailleurs de très loin la plus utilisée du jeu, tant elle s'avère efficace.
Une fois de plus, Nintendo nous montre une utilisation très intéressante de la Wiimote, qui ne servira pas qu'à attaquer. Tous les niveaux sont parsemés de petits cristaux d'étoile, de toutes les couleurs. En passant le curseur de votre
wiimote sur ces cristaux, vous les ramasserez pour les stocker. Ils ont plusieurs utilités, dont la première sera de donner une nouvelle vie au joueur
tous les 50 cristaux stockés. Mais ils pourront aussi être utilisés comme une arme de faible puissance, puisqu'il suffira de pointer l'écran et d'appuyer sur la gâchette pour tirer un de ces
cristaux sur sa cible. À la fin de chaque niveaux, tous les cristaux stockés qui n'ont pas été utilisés sont mis de côtés. Ils peuvent être échangés à des Luma contre un accès à une nouvelle planète, une nouvelle galaxie ou contre des objets. Les célèbres pièces, quant à elles, perdent leur rôle prépondérant
dans l'aventure. Ce sont presque les seuls objets qui redonneront des points de vie, mais il ne sera désormais plus nécessaire d'en capitaliser 100 pour avoir une nouvelle étoile. Elles ne
servent d'ailleurs plus de monnaie d'échange, puisque ce rôle a été attribué aux cristaux.
Shigeru Miyamoto est donc au sommet de son art, et ça se voit. Le
premier constat qui vient devant les images, c'est que c'est beau. Ce jeu est empreint d'une patte graphique particulière, il porte la signature de son créateur dans chacune de ses images, et on
ne s'y trompe pas. Déjà, il est une chose qui m'amuse depuis quelques années dans les jeux Nintendo, et tout particulièrement l'univers de Mario, c'est
que tout peut briller. Absolument tout. La casquette de Mario, la tête ronde des goombas, les plantes, les brins d'herbe, la terre et les rochers, tout reflète une certaine lumière douce comme s'ils étaient faits de verre. Et cela donne un certain charme
irrésistible à l'ensemble, mais surtout des couleurs qui viennent chatouiller agréablement la rétine.
Les animations sont, comme toujours avec Mario, irréprochables, et le passage d'une planète à une autre est tout
simplement l'une des plus belle scène qu'un jeu vidéo ait présenté jusqu'à aujourd'hui. Voir Mario, les bras en croix,
propulsé dans les airs et rejoindre une nouvelle planète est une passage dont on ne se lasse à aucun moment, et qui décroche systématiquement un cri d'admiration.
Et des cris, Mario en pousse plein. Quand il saute, quand il frappe, quand il tourne, quand il se baisse, quand il meurt, bref, toutes les occasions sont
bonnes pour pousser un petit cri qui met chaque fois plus dans l'ambiance. On retrouvera très peu de voix, comme d'habitude, mais beaucoup de musiques. Et là, la claque est grande. Toutes les
compositions musicales sont aussi réussies les unes que les autres et restent très facilement en tête. C'est un véritable bonheur tant certaines donnent vraiment envie d'entrer dans l'action et
de se prendre au jeu. Toutes collent parfaitement à la scène à laquelle elles sont attribuées, et une fois encore, Koji Kondo, le compositeur de Nintendo
qui a officié sur bon nombre de Mario et de Zelda,
nous montre tout son talent. Il suffira de parcourir le monde sous-marin, dans lequel, une fois la tête sous l'eau, les instruments de musique changent sans coupure pour jouer exactement la même
chose, mais en donnant un effet plus étouffé, pour se rendre compte de tout le génie qui a été mis dans ce jeu.
Avec une quarantaine de mondes à explorer, 120 étoiles à ramasser et des challenges de plus en plus corsés, ce Super Mario
Galaxy promet inévitablement de très nombreuses heures de jeu, que dis-je, de bonheur. J'y ai joué tout le week end, et je ne suis toujours pas lassé du titre, ce qui tient du record en ce moment. On a toujours envie d'aller voir plus loin, on y retourne toujours avec un
plaisir même pas dissimulé, et le comble, c'est que pour la première fois depuis des années, quand je ne suis pas en train d'y jouer, j'ai une irrésistible envie d'y retourner.
Une fois de plus, Shigeru Miyamoto a montré qu'il était un véritable génie du monde vidéoludique, et une fois de plus, Nintendo prouve qu'il est
le maître incontesté du jeu de plateforme. Ce titre ne se contente même pas de faire mieux que la concurrence, il
fait tout simplement quelque chose qui n'existait pas avant, et qui fonctionne à merveille. Bien sûr, si vous avez aimé Super Mario 64, je ne saurais que trop vous conseiller de vous jeter sur celui-ci, qui lui ressemble comme un digne petit frère. Plus qu'un jeu, c'est une
véritable oeuvre d'art, dont les images feraient pâlir bien des graphistes et dont l'ambiance sonore rendraient jaloux bien des compositeurs. Certainement le meilleur jeu de cette année 2007,
voire le meilleur jeu de ces dix dernières années, si ce n'est le meilleur jeu de tous les temps.