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Anthologie permanente : Vladas Braziūnas

Par Florence Trocmé

Les poètes lituaniens contemporains sont pratiquement inconnus en France. Quelques traductions sont parues en revues (Europe, La Revue des Deux Mondes, Polyphonie, Le Croquant…) au début des années 90. Mais depuis 1997, année de la publication par Paroles d’Aube du recueil de Marcelijus Martinaitis, Passerelle de nuage et de  l’anthologie Vingt poètes lituaniens d’aujourd’hui par Le Petit Véhicule, aucun livre n’avait été publié en France. La parution de Grandes sont les nuits de Vladas Braziūnas est donc, en soi, un événement.

Poezibao remercie Marc Fontana pour cette contribution et cette ouverture sur une poésie si peu connue en France

Grandes sont les nuits

1

S’ouvrent la nuit rubescents tes seins
et cet août oint docile
nous inonde de nobles clairvoyances
nous requiert – la mesure du soupir
et l’ode pour nos lèvres changeantes
et le pommier du jardin, la brume des vallées
en elle pesante lente tu t’avances
après le rossignol au chant immergé
non pas encore le matin, le feu germé
et les veines des feuilles, les troncs blancs
Ma douce ! Étreins tes genoux
mon petit mon gris talisman d’amour
inaudible dans le silence soit assise et pleure
espère jusqu’à la jaillissante voix d’enfant
sous mes doigts, grande nuit
pour cette dernière offrande au Dieu.

(traduction de Asta Uosytė et Marc Fontana)

Panis Angelicus

dans cette vie venu, moi, son beau-fils,
chaque matin j’allume son feu
chaque matin son regard candide
je le sens, dis – regarderons-nous ainsi

dans les yeux de qui ? et que fait-on quand
le vent à travers les branches chasse le soleil
les aubes plus rares – plus fréquents les couchers
vers cette colline, où gentiment on sera couché

prends racine, ô feu, dépasse la cendre – voici
petite étoile – cailloux sur le chemin – dans le cœur – en haut

(traduction de Genovaitė Dručkutė)

je gueulais, le matin un coucou cinglé
a soudain surpris le poète nu comme la main
des eurocentimes dans une poche, la poche dans la chambre à côté
il reste l’amour, la mort et les recrues
coucou me voilà

dans mon autre vie de poète
j’ai vu que toujours les Françaises, dans les trains
sur des couchettes, en avion me bercent
avec des mots ou les mains, le bout
brûlant des doigts, le bout
des lèvres, mon rêve est dans un espace clos
aucun besoin de parler

(traduction de Genovaitė Dručkutė)

Vladas Braziūnas, Grandes sont les nuits, traduit du lituanien par Genovaitė Dručkutė, Asta Uosytė et Marc Fontana. L’Harmattan, Collection « Levée d’ancre », 2007. 10 €.

Contribution de Marc Fontana

fiche bio-bibliographique de Vladas Braziūnas

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