QUATRIÈME DE COUVERTURE :
La Pisse-dru est l'histoire violente d'une famille dans un milieu rural abandonné des Dieux. La mère a la fâcheuse manie d'uriner sur elle à chaque contrariété. Les jambes déformées par des ulcères variqueux, elle se fait véhiculer en fauteuil roulant, poussé par un mari souffreteux. Leur fille Marie-Ange, légèrement débile, victime des "guinguettes", orgies organisées par ses frères, subit les pires tourments. "J'ai mal" dira sans cesse l'inconsolée avant de tomber dans l'hystérie. Le comportement monstrueux de chacun conduira à l'irréparable.
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Ce roman a été lauréat du PRIX ORANGE DU LIVRE.J'en avais lu quelques critiques élogieuses où il était question de "beaux moments de sensualité", de "sentimentalité sincère", "d'intensité du récit"... C'est donc avec enthousiasme que je me suis embarquée dans la lecture de cette saga familiale.
"Entre les volets fermés, un doux filet pailleté d'or coupait l'édredon rose, câlinait sa joue. Les cloches de l'église de Letellis qui chevrotaient au loin investissait sa tête emprisonnée par une céphalée sournoise." Ce sont les premières lignes. Oui, ça commence bien ! "Cette tétée méditative, jouissance primaire, était une habitude bien à elle de se détacher du monde, d'occuper son propre univers". Des mots qui résonnent, qui raisonnent aussi, dans ma tête de lectrice ravie.
Je n'en suis qu'à la deuxième page.
Et je me prépare à la poursuite d'une lecture que je pressens jubilatoire.
"Oh, non, s'est encore pissé d'sus ! Qui va nettoyer, hein ? Hein ? C'est encore bibi qui va mettre les mains d'dans, c'est ça ! La pisse, les dégueulis, y en a marre, à la fin !"
Je viens de faire la connaissance de Solange, la mère, que sa fille Marie-Ange vient de découvrir, endormie dans son fauteuil, au milieu d'une mare d'urine. On peut comprendre que ce spectacle la consterne ! D'autant que nous sommes le matin de Pâques et que Marie-Ange tient à se préparer pour assister à la messe !
Mais où est passé Grégory, le père ? Cette nuit, il a dormi dans ... le poulailler. "Piégé à l'extérieur, il n'avait osé rentrer pour récupérer une couverture ou s'il avait pu, filer à son grenier. Sûr qu'ils l'auraient chopé ! Évidemment, il se les étaient gelées ! Il avait foutu le camp tout de suite, parce que lorsqu'ils font leurs guinguettes, valait lieux qu'il soit pas là, qu'il se fasse oublier. Seule façon d'éviter la rossée". Une rossée au père ??? Loulou et Mathias ? Les fils de Solange et Grégory, les frères de Marie-Ange ? Rosser le père ? Quelle drôle de famille ! Mais j'étais prévenue par le texte de la quatrième de couverture.
Arrivée à la page 68.
Solange est exaspérée par son mari : elle saisit une bûche... et quand Marie-Ange demande où est le père :
"- Ben c'est pas la peine de t'énerver, elle l'a d'jà tué ! elle a lancé une bûche et i s'esr pas r'levé ! L'a pas loupé, cette fois-ci ! L'est dans l'chemin, là... Écroulé ! m'a tout l'air d'être mouru.
- Si tu pouvais dire vrai ! Ah ! Tristesse de Chopin, qu'ai-je fait au Bon Dieu pour mériter ça ? pleurnichait Solange".
Et là, c'est moi qui suis exaspérée par le livre. J'arrête ! C'est trop ! Tout les dialogues sont de cet acabit, les évènements s'enchaînent, de plus en plus sordides, nauséabonds, répugnants...
Je ne me savais pas si bégueule ! si ... pisse-froid ;)
J'aimerais avoir votre avis...
Je propose cet ouvrage en LIVRE VOYAGEUR... peut-être les unes ou les uns d'entre vous me le feront voir sous un jour moins obscène. Qui veut essayer de me convaincre ?
LES COMMENTAIRES (10)
posté le 31 mai à 13:02
Nous avons un FNAC à Athènes. Aussi, je lis beaucoup de livres Français pour me cultiver avec votre langue et votre littérature qui sont belles. J'ai lu deux livres de Véronique Boureau di Vetta, très différent, intéressant, même si quelques mots, je ne trouve pas dans le dictionnaire. J'aime cette femme qui a écrit comme ça. "Exei kardia". Bon lecture Tinusia.
posté le 17 mai à 12:01
Chere Tinusia,
j'aimerai signaler un abu au sujet du livre " la pisse dru" Puis je vous joindre sur notre mail personnel?
Je suis la soeur de l'auteur.
Avec mes amities,
Corinne Boureau
posté le 23 avril à 15:33
Livre percutant, que j'ai dévoré en une nuit. Enchaînements époustouflants dans la vie de cette famille du quart monde. Violences acides, peu de trêves agréables et poétiques dans cet enfer. La monstruosité des faits dérange et choque, tel est la vie, hélas, de beaucoup de gens. Ce qui m'a émue au plus haut point,c'est la tendresse et la compassion qui transpire du récit, l'auteur aime les victimes de cette tragédie. Les mots crus des protagonistes ne sont pas utilisés par l'auteur dans le but de les mépriser. Langage courant que l'on peut entendre dans un café par exemple ou dans un bus. C'est un livre fort féministe et humaniste qui dénonce deux opprimés, une jeune femme et un vieil homme.
posté le 18 avril à 14:11
J'ai lu ce livre qui n'est pas à prendre au premier degré, évidemment ! Les dialogues et les situations non politiquement corrects ne sont ni sordides ni vulgaires, l'auteur a courageusement (car c'est rare) fait parler les personnages comme dans la vie et c'est cela qui donne la force au livre. Ces histoires vraies et choquantes doivent être écrites sans chichis ni fioritures. Un choix d'écriture très judicieux, à mon avis, qu'a fait Véronique Boureau di Vetta car j'ai lu aussi son précédent ouvrage, L'Ecorce et la sève - Magie hellénique, un récit d'un tout autre genre, passionnant. Et bien pensant. Sur un autre site, où je me suis exprimée aussi, un monsieur témoignait et regrettait même du peu d'obscénité contenu dans ce livre. - ????? Je me sens à l'aise sur ce site où les lecteurs qui se sont exprimés avec de jolis mots ont compris le sens de ce livre.
posté le 27 mars à 12:20
Oui, obcène, répugnant, bestial. Mais tellement bien écrit. A couper le souffle. C'est de la vraie littérature mais pas pour les pisse-froid et les bégueule. On en redemande.
posté le 20 mars à 11:23
Les adjectifs employés pour raconter l'histoire sont à peu près justes, mais elle est tellement bien racontée. Oui la vie de ces gens est sordide, l'environnement est nauséabond, des scènes répugnantes. Mais le narrateur, comme le dit Callipyge, pour se détacher des personnages, emploie un style léger, poétique, pleins de métaphores. Si tu vas aux chapitres des 91,23 et 136, par exemple, ces passages sont d'une beauté, touchants. J'aime beaucoup ce livre. La famille Petitgent m'accompagne encore. L'auteur a tapé juste, sans temps mort. T'ai-je convaincue ?
posté le 19 mars à 19:40
Obscène ? La vie est malheureusement parfois obscène. Tous les jours dans les journaux on lit des choses horribles et on ne peut pas dire que c'est de l'obscénité. C'est la vie de certaines personnes. Si on avait peur d'être obscène dans la littérature ou les arts en général, il n'y aurait plus de chefs-d'oeuvre, ça fait partie des côtés noirs de la vie. Quant au style, je trouve justement que le livre est supportable même si les événements sont horribles parce que l'auteur se détache lui-même quand il décrit les scènes comme s'il essayait de se protéger lui-même de ce qu'il raconte. J'aime bien le contraste avec les dialogues très réalistes. Moi, les destins de femmes, en particulier, qu'ils soient tragiques ou héroïques, me touchent et au contraire, je ne suis pas choquée, mais j'ai de la peine de savoir que certaines d'entre nous vivent ce genre de choses.
posté le 19 mars à 12:20
Quel dommage que tu n'aies pas continué ! Ce livre est un régal, Je ne peux que t'inciter à le reprendre. Il pose mine de rien, beaucoup de questions. Le racisme, la précarité, la sexualité, la bêtise des humains, les vies ratées, le militantisme, tout y est. Les personnages de sont ni tout noirs ni tout blancs. La violence côtoie la tendresse, la sensualité, la bestialité. La vie, quoi ! On rit, on pleure, on a peur, on râle. Quelles émotions. Je recommande ce livre aux internautes, parlons-en ensemble, il y a beaucoup à dire...
posté le 19 mars à 12:19
un livre plein d'humour de poésie loin des cliches de jacquou le croquant. un mélange de cruauté et de tendresse..il ne laisse pas indifférent...je le recommande....
posté le 19 mars à 12:19
Quel dommage que tu n'aies pas continué ! Ce livre est un régal, Je ne peux que t'inciter à le reprendre. Il pose mine de rien, beaucoup de questions. Le racisme, la précarité, la sexualité, la bêtise des humains, les vies ratées, le militantisme, tout y est. Les personnages de sont ni tout noirs ni tout blancs. La violence côtoie la tendresse, la sensualité, la bestialité. La vie, quoi ! On rit, on pleure, on a peur, on râle. Quelles émotions. Je recommande ce livre aux internautes, parlons-en ensemble, il y a beaucoup à dire...