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Le célibat des prêtres face aux turpitudes sexuelles du clergé

Publié le 12 mars 2010 par François Collette

Après les Etats-Unis (il y a quelque temps) et plus récemment l’Irlande, le scandale de la pédophilie dans les rangs de l’Eglise catholique secoue maintenant l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Autriche. A qui le tour ? Les langues se délient et les victimes n’ont plus peur d’en parler. Ce phénomène doit être encouragé par la société civile puisqu’il ne l’est toujours pas par l’institution elle-même.

Voici des décennies que l’Église use d’une stratégie de dissimulation pour tenter de couvrir ces scandales ou de les relativiser quand ils surgissent néanmoins. Elle y a réussi la plupart du temps mais, maintenant, des brèches ont été ouvertes par les associations de victimes qui ont osé parler, bien souvent plusieurs années après les faits. Rien ne sera jamais plus comme avant, la vox populi a gagné.

Le pape Jean-Paul II s’était naguère engagé à faire la lumière sur les accusations d’abus sexuels commis par son clergé et à révéler les scandales. Quelque peu dos au mur, il ne pouvait pas faire moins face aux vagues de révélations qui se succédaient. Avec Monsieur Seize, ces belles intentions ont été tout un temps remisées au placard jusqu’à l’arrivée du séisme irlandais à la mi-février. On attend de lui des mesures concrètes et contraignantes pour dénoncer ces abus à la justice et faire en sorte que cela cesse. On peu toujours rêver.

C’est un fait peu contesté, sauf au sein de la très conservatrice hiérarchie vaticane et chez certains bigots bornés, le nombre de cas de pédophilie est bien plus important au sein de l’Eglise catholique romaine que dans les autres religions du Livre. Est-ce vraiment étonnant ? Le célibat est pointé du doigt.

Le célibat des prêtres est une règle exclusive à l’Eglise catholique parmi les religions monothéistes. Imposé contre nature (avec son terrible corollaire : le vœu de chasteté) à des jeunes adultes dès leur entrée au séminaire, il est d’évidence - quoi qu’en disent les autorités vaticanes - une des causes sinon « la » cause principale de ce fléau au sein de la communauté ecclésiastique. La solitude affective et les pulsions sexuelles refoulées ne seront jamais compensées par un prétendu « amour de Dieu ». L’homme est fait de chair et de sang.

Et pourtant ! La fin de cette règle absolue et inhumaine n’est pas pour demain, c’est une règle intouchable si l’on en croit certains responsables romains : “Le célibat sacerdotal est un don de l’Esprit Saint qui demande à être compris et vécu avec une plénitude de sentiment et de joie, dans un rapport total avec le Seigneur”, dixit sans rire le cardinal Claudio Hummes, préfet de la Congrégation pour le clergé. Quant à l’évêque de Ratisbonne (l’ancien évêché du pape actuel), Mgr Gerhard Ludwig Müller, il n’hésite pas à qualifier de “bêtise” l’hypothèse selon laquelle le célibat des prêtres serait à l’origine des actes pédophiles commis par certains d’entre eux.

Quelques contestataires de « la ligne du parti » osent se faire entendre ci et là, mais ce sont des voix dans le désert. Tel l’archevêque de Vienne, Mgr Christoph Schönborn, qui estime (prudemment) qu’il est nécessaire de s’interroger sur les raisons de ces scandales et en particulier sur le bien fondé du célibat. Le théologien suisse Hans Küng, lui, va beaucoup plus loin en déclarant que l’abolition de cette règle était une réponse nécessaire (Le Monde du 5 mars) : “Pour lutter contre la pédophilie, abolissons le célibat des prêtres”. Le célibat “est structurellement l’expression la plus frappante de la relation crispée qu’entretient la religion catholique avec la sexualité ». Mais après ? Le sujet est plombé.

D’aucuns rétorqueront que l’on gonfle grossièrement l’importance du scandale pédophile au sein du clergé catholique alors que l’immense majorité des cas d’abus sexuels sur des enfants sont commis dans la sphère familiale ou par des personnes qui en sont proches. Cela ne change évidemment rien au problème. Mais il ne faut pas non plus jeter le discrédit sur toute la communauté car il est aussi certain que la plupart des prêtres vivent leur engagement avec fidélité et équilibre.


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