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Il est mort LE POETE, il est mort LE CHANTEUR

Par Citoyenhmida

Jean FERRAT est mort, hier samedi 13 mars 2010.

ferrat

Jean Ferrat ne chantait plus depuis des années, mais ses chansons n’ont pas été oubliées. La compilation reprenant  57 de ses succès – de  « La montagne » à « Potemkine » – s’est vendue depuis l’automne 2009 à plus de 100.000 exemplaires.

Dans sa carrière, cet auteur-compositeur-interprète a souvent connu la censure !

« Nuit et brouillard », écrite en l’hommage aux juifs déportés, avait été « déconseillée » par la direction de l’ORTF.

« Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers,
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés,
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants,
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent. »

« Potemkine », qui rappelait la révolte des marins du cuirassé russe, a été « interdite » lors d’une émission en direct.

« M’en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde
Qui chante au fond de moi au bruit de l’océan
M’en voudrez-vous beaucoup si la révolte gronde
Dans ce nom que je dis au vent des quatre vents
Ma mémoire chante en sourdine : Potemkine. »

Communiste de conviction, Jean Ferrat a su pourtant rester à distance du P.C.F. qu’il a ouvertement critiqué, dans sa chanson « Camarade »,  pour son inertie face à l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques en 1968.

«  Que venez-vous faire, camarade
Que venez-vous faire ici
Ce fut à cinq heures dans Prague
Que le mois d’août s’obscurcit »

En 1980, il dresse dans  « Le bilan »  un état des lieux désastreux des méthodes de ses amis communistes !

« Ah ils nous en ont fait avaler des couleuvres
De Prague à Budapest de Sofia à Moscou
Les staliniens zélés qui mettaient tout en œuvre
Pour vous faire signer les aveux les plus fous. »

Artiste engagé, Jean Ferrat le fut, et ô combien et  ô comment !

Mais il faut aussi le poète de la terre et le chanteur de l’amour !

Dans « La montagne »,  il a su parler de l’exode rural avec beaucoup de tristesse, de cette terre où il finit par retourner vivre et y mourir

« Ils quittent un à un le pays, pour s’en aller gagner leur vie,
Loin de la terre où ils sont nés. Depuis longtemps qu’ils en rêvaient,
De la ville et de ses secrets, du formica et du ciné. »

Ses chansons d’amour n’ont jamais été mièvres ou doucereuses : il a su choisir les textes les plus sublimes pour chanter l’amour. Comme ce poème  Louis Aragon par exemple :

« Que serais-je sans toi, qui vins à ma rencontre,
Que serais-je sans toi, qu’un cœur au bois dormant.
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre,
Que serais-je sans toi, que ce balbutiement. »

Et quand il a chanté la femme, il l’a fait avec un respect infini :

« Le poète a toujours raison, Qui voit plus haut que l’horizon
Et le futur est son royaume. Face à notre génération
Je déclare avec Aragon, la femme est l’avenir de l’homme. »

Jean FERRAT nous a quitté ! ADIEU L’ARTISTE!


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