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Tidjani J. Tall : Fixing Africa

Par Gangoueus @lareus
Tidjani J. Tall : Fixing Africa
"Les chiens ne font pas des chats". 
Pour moi qui traînait ma carapace dans l'Ouest africain pré-colonial et colonial lors de mes dernières lectures, le nom de famille Tall a tout de suite évoqué un personnage récurrent et historique. El Hadj Omar Tall qui fut le grand conquérant toucouleur qui soumit de nombreuses populations toucouleur, peules ou bambaras pour ne citer que celles là. Un lien réel puisque, cet illustre personnage est l'aïeul de Tidjani J. Tall.
Et il faut croire que notre homme est aussi en ambitieux que son ascendant puisse qu'il envisage ni plus, ni moins que de réparer l'Afrique.
Le postulat de ce polytechnicien est assez simple. L'Afrique héritée du découpage des puissances coloniales en 1885 à Berlin n'est pas viable. Constatant l'échec des micro-états actuels et de leur absence de poids sur la scène internationale, le projet de ce malien (dans l'ancienne configuration) est de passer comme il le dit lui-même de 53 pays à  la traine à  4 super-fédérations pour 2030.
Dans un texte disponible en téléchargement libre sur Internet, Tidiane Tall pose le débat qu'il veut le plus large possible et sa vision extrêmement optimiste de l'Afrique en 2030. Sa démarche repose sur le désastre économique, politique et socioculturel des états actuels, la violence, l'instabilité et la corruption. Son optimisme puise sa source dans l'énergie avec laquelle Barack Obama a franchi des barrières de préjugés pour devenir le 44ème président des États unis d'Amérique.
L’Afrique doit de toute urgence intégrer ses économies. L’approche en solitaire qui marqua les efforts de développement de l’Afrique depuis l’indépendance s’est caractérisée par un échec total.  Page 17, document pdf

Tidjani Tall revient également sur la raison de l'échec des mouvements panafricains. Pour les initiatives des leaders Marcus Garvey ou Mouammar Kadhafi, l'auteur affirme que la faillite de leurs projets se résume à une question de marketing. Qu'est-ce que les dirigeants actuels ont-ils à tirer de cette démarche? Qu'en est-il des populations? Le but de ce texte est d'impliquer les sociétés civiles africaines dans la compréhension de ce projet un peu fou, mais qui correspond à l'aspiration de beaucoup.
Le rassemblement dans de grands ensembles est une nécessité absolue pour mieux absorber les coups de la mondialisation et des crises économiques :

En période de crise, les grands pays pauvres sont plus efficaces que les petits pays pauvres. Ils disposent en effet des moyens nécessaires pour faire face aux situations d’urgence et préserver l’ordre public. La taille d’un pays est également un facteur dissuasif considérable face aux voisins opportunistes qui désireraient tirer profit d’une période difficile pour attaquer un pays petit ou vulnérable. Page 20, document pdf.

Il définit des barrières à franchir pour la réussite de ce projet pharaonique:
Les structures sociales
L'environnement politique
Tidjani Tall énonce la nécessité, pour la mise en place d'un tel projet, d'un renouvellement de la classe dirigeante actuelle, par le moyen d'une démocratie redonnant aux peuples  africains la possibilité de ce choix. Faire ainsi de l'africain non plus un assisté mais un contribuable. Et permettre une meilleure lutte contre la corruption des élites.
Dans la dernière phase de son texte, Tidjani J. Tall propose ces quatre super-structures. Je  vous propose d'aller sur son site pour vous faire une idée du découpage que propose le polytechnicien. Ce sont, avant tout, des propositions. Pertinentes, concrètes et ne se résumant pas à la formule "y a qu'à faire ceci ou cela...". Une réflexion qui se veut en amont des futures crises à venir, lorsque la jeunesse africaine rejettera cette place à laquelle on a assigné ce continent.
"Il viendra un moment ou la masse décidera qu’elle ne veut plus être à la traîne du reste de la planète, afin qu’une petite élite de leurs pays puissent être les premiers financièrement. Lorsque cette masse critique de mécontentement est atteinte, la quête de solutions se fera hors des sentiers battus et au-delà des entités et groupes socioéconomico-politiques actuels.

La contribution modeste de cette initiative (Réparer l’Afrique) consiste à encourager les élites et la jeunesse d’Afrique à commencer à penser avec courage dès aujourd’hui, sans attendre une explosion sociale généralisée. La jeunesse d’Afrique est en quête d’une vision qui puisse porter son enthousiasme. Les alternatives qui se présentent à elle actuellement mènent toutes à la ruine et à la destruction." page 48 pdf.

On pourra discuter du choix de l'auteur dans la constitution des super-structures. Les entités se basent principalement sur des motifs économiques et dans une forme de volonté de leadership. Cette approche associe donc des peuples qui sur le plan culturel n'ont pas toujours eu les mêmes affinités. De plus, Tidjani Tall ne démantèle pas les anciennes frontières. Il les rend poreuses dans ces nouvelles structures. Certains groupes en prennent pour leur grade, comme les Fangs camerounais ou gabonais qui resteront écartelés sur deux supers-fédérations différentes par exemple. On peut se demander si ces structures pourront protéger par l'armature de leur constitution ces différents peuples de la corruption de leurs élites. Car, en quoi le modèle proposé, ou les nouvelles générations offrent-ils des meilleurs gages de service des leaders? On peut discuter aussi du modèle sur lequel s'appuie le propos de Monsieur Tall. Les Émirats Arabes Unis ont la particularité de s'appuyer sur une population de même souche, si on peut me permettre cette expression. Si l'Afrique est perçue comme une entité unique aux yeux des occidentaux ou des orientaux, les africains savent que les particularismes sont nombreux. On serait tenté de regarder de près les échecs de grandes fédérations sur le sol africain comme le Nigeria ou l'Éthiopie. Mais encore une fois Tidjani J. Tall lance le débat, se servant de la technologie pour mettre le citoyen africain face à ses responsabilités.
Bonne lecture.
Document téléchargeable sur Réparer l'Afrique

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