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Reporters de mode au XVIIIe siècle

Par Richard Le Menn

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Depuis que ce blog a été créé, j'ai montré des aspects plutôt oubliés de la mode française. Celle-ci existe depuis très longtemps. Le terme même de 'mode' se rencontre déjà au Moyen-âge ; et s'emploie à peu près dans la même acceptation qu'aujourd'hui : «manière collective de vivre, de penser propre à un pays, à une époque». Le mot latin beaucoup plus ancien est lui aussi très proche du français. Mon blog s'appelant 'La Mesure de l'Excellence', il est intéressant de noter que modus (modus, i, m) signifie aussi : mesure, proportion, rythme, cadence (musicale, oratoire), mélodie, chant, mode musical, musique, règle, loi, juste mesure, manière, façon, procédé, méthode, genre …


La mode naît dans cette « manière collective de vivre », cette harmonie sans cesse en mouvement, ce rythme toujours changeant constituant une véritable danse sociale, cette mesure de ces notes telles qu'elles sont qui s'inventent et qui constituent le bon ton. En France, mieux que nulle part ailleurs, on en connaît les gammes. Tous les supports utilisables pour transmettre la mode sont employés ; en particulier au XVIIIe siècle, où écrivains et artistes s'ingénient à dévoiler ce que nous appellerions aujourd'hui les nouvelles tendances. Les almanachs et autres revues dédiés à la mode contiennent des articles illustrés ou pas, et des images le plus souvent commentées sur la mode de la semaine, de la quinzaine ou du mois …

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Enfin ce qui se fait … avec parfois des publicités pour telle maison ou telle autre. Plusieurs exemples sont présentés sur la page dédiée aux périodiques de mode de mon site www.lebonton.com, mais aussi dans plusieurs passages de ce blog. Au XVIIIe siècle, certains écrivains se font journalistes de mode, publiant des articles et des chroniques ; et des artistes deviennent reporters : croquant sur le vif les dernières tendances. Il en résulte un volume d'oeuvres très intéressantes et très nombreuses, témoignages de vie à travers la mode française qui rayonne alors dans tout l'Occident.


Dans l'article intitulé Café des Incroyables. Ma parole d'honneur ils le plaisante. 1797., je présente une gravure d'époque (deux premières photographies), de 1797, où le dessinateur, qui s'est représenté lui-même sur la droite, nous dévoile un instantané presque photographique de l'ambiance d'un café où se réunissent des jeunes à la mode de la fin du XVIIIe siècle. L'artiste qui nous transmet cette scène, le fait tel un reporter photographe de mode ; ce qui ajoute beaucoup à la préciosité de cette image et à son caractère émouvant.


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Dans la dernière photographie je présente une double page de La Matinée, la Soirée, et la Nuit des Boulevards de 1776 qui met en scène un de ces journalistes de mode : « DESBROUTILLES. Quel est votre ouvrage ? FILASSE. Un Journal Encyclopédique de toutes les modes nouvelles. Il paraîtra quatre fois le mois. DESBROUTILLES. Pourquoi pas quatre la semaine ? La mode du jour n'est pas celle du lendemain. FILASSE. Il est vrai ; la matière ne manquera pas. 1°. Les étoffes & leurs garnitures : les  plaintes indiscrètes, la grande réputation, le désir marqué, l'agitation, le doux sourire, la composition honnête, la … DESBROUTILLES. Et cetera, & cetera. FILASSE. 2°. Rubans & couleurs : puce, demi-puce, soupirs de Vénus, soupirs étouffés, vive bergère, cuisse de nymphe émue. DESBROUTILLES. Eh ! oui, oui. FILASSE. 3°. Ajustements : collet monté, le chat, le venez-y-voir. DESBROUTILLES. C'en est assez. FILASSE. Et les coiffures : toupet de physionomie, boucles d'attention, tempéraments, & plus bas sentiments. DESBROUTILLES. A merveille ! Suivez votre projet ... »


Au XVIIIe siècle les revues de mode sont très nombreuses … mais j'en reparlerai.


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