Magazine Culture

Laisses tomber petit t’es pas un bandit !

Publié le 15 mars 2010 par Www.streetblogger.fr

Laisses tomber petit t’es pas un bandit !

Qui n’a jamais été agacé lorsqu’un môme, haut comme trois pommes et qui vient d’avoir son premier poil au menton, lui a lancé un regard de caïd. Un regard rempli de morgue et d’arrogance semblant dire : « qu’est ce qu’il y a toi, t’as un problème ? ».

Évidemment la première réaction est le rire, un rire franc et sonore comme devant quelques singeries de Buster Keaton ou des Marx Brothers.

Ce qui parfois peut faire que le rire redouble, c’est que le petit con parce qu’il est obèse pense qu’il est impressionnant et confond donc masse pondérale et masse musculaire.

Le petit con parce qu’il se la donne à Tekken ou Street Fighter croit que dans la vie ça se passe comme dans les jeux vidéos.

Quand ce genre d’incidents est récurrent, pour ma part, le rire fait place à l’agacement.

On ne veut pourtant pas céder à cette invitation à la violence, même si certains le mériteraient.

Puis on se met à songer au paradoxe, au grotesque du paradoxe.

Ces racailleux du nez desquels sortirait du lait si on le pinçait suffisamment fort nourrissent leur rêves ou plutôt leurs fantasmes de braquages, de deals de grosses quantités de drogues, de toutes les choses qui d’après eux font les hommes, mais en réalité ne font que les hommes désespérés.

Dans un amalgame effarant ils mélangent dans un panthéon de fortune, les Tony Montana, les Jacques Mesrine, les Al Capone, les Lucky Luciano et autres Bugsy Siegel.

Ils ne distinguent pas les hommes d’honneur et de principes de la lie de l’humanité.

Ce n’est pas là encore que se situe le paradoxe, enfin ce n’est pas encore là qu’il se situe entièrement.

Ce qui complète leur panthéon de fortune, et qui donne au paradoxe toute sa splendeur, c’est qu’ils admirent les actes de leurs héros qui demandent courage et sang froid, un caractère bien trempé, alors que bien souvent ce sont les derniers des couards.

Ils se déplacent en meutes et c’est seulement la meute qui leur donne l’illusion du courage, l’illusion de la force.

Ils sont semblables aux nuées de sauterelles redoutables pour les cultures parce qu’elles y causent des dégâts incroyables, mais que peut faire une sauterelle seule ?

Eux aussi sont redoutables pour la culture, mais hélas par leur ignorance. Au lieu de chercher à faire un truc intéressant comme lire ou une activité quelconque, ils préfèrent zoner en bas de leurs tours. Zoner, errer dans les rues sans but sans destination, sans dessein.

Ce n’est pas tant par mépris que par pitié que je rédige ces quelques lignes.

Je me demande ce que deviendront de tels individus quand l’heure où la meute se disloque retentira. Parce qu’il y a toujours un moment où la meute se disloque, un moment où l’on se retrouve face à soi-même.

Un moment où les autres ne sont d’aucun secours car les questions qui surgissent alors ne sont pas faites pour qu’on y réponde de façon collégiale ou collective.

A mon avis, c’est seulement dans ces moments qu’on devient un homme. C’est dans ces moments qu’on est un « caïd ». Laisses tomber petit t’es pas un bandit !

Merci à Guillaume Laborde pour l'illustration

http://web.me.com/g.lab/photographie


Retour à La Une de Logo Paperblog