Magazine Culture
Première exploration cinématographique française de l’horreur de la rafle du Vel d’Hiv, où des milliers de juifs furent d’abord enfermés et affamés, pour être ensuite envoyés dans les camps d’extermination polonais, le film a surtout le mérite d’exister, d’ouvrir la plaie de l’Histoire et de rappeler le sombre passé de la France et de sa police, acteurs entièrement impliqués dans le massacre de l’été 42 (reconnu par le président Chirac en 1995). D’emblée, la cinéaste prévient le spectateur : "Tous les éléments de ce film, même les plus extrêmes, ont eu lieu l’été 42", ancrant son œuvre dans une démarche éducative, une perspective de transmission louable, plus qu’un devoir de mémoire, un hommage véritable aux victimes, aux résistants, et aux Justes. Et, formellement, elle s’en sort plutôt bien malgré le lourd bagage à porter: émotion toute en retenue, acteurs bouleversants (Mélanie Laurent en tête) et récit qui ne se vautre ni dans le pathos ni dans l’excès, Rose Bosch signe un film digne, qui ne s’encombre jamais d’inutile complexité pour mieux se focaliser sur l’essentiel: les faits, les chiffres, les hommes, femmes et enfants morts, sur la honte, sur la responsabilité de la France. L’œuvre est, bien évidemment bouleversante, mais (aussi) soignée, sincère, nécessaire. Et c’est tout ce qui compte.