... Le grand buzz de la journée est attribué à ce fantastique programme de télévision qui vous attend ce soir et qui se nomme "Le Jeu de la Mort". Vous pouvz
regarder dans tous les journaux et sur le net, ça regorge d'articles sur ce nouveau show qui "instruit le procès d'une télé-réalité imposant sa toute-puissance jusqu'à l'extrême" dixit Libé et
qui "dénonce la télé trash" pour Le Parisien ou encore qui " crée l'électrochoc" dixit 20 Minutes. Aha, faites-moi rire.
L'émission reprend le principe de l'expérience de Milgram, menée de 1960 à 1963, destinée à mesurer l'obéissance d'un individu devant une autorité qu'il juge légitime. À cette occasion, Milgram
donnait aux cobayes de son expérience la possibilité de punir un autre participant par des décharges électriques. Lors de l'expérience, 25 sur 40 sujets la menèrent à terme en infligeant
plusieurs décharges de 450 watts au cobaye (qui, en fait, était un acteur mais chut faut pas le dire).
Voici l'annonce que l'université de Yale avait fait paraître à l'époque pour recruter des volontaires.
Autant dans le cadre d'une université, Yale en plus, cette expérience pouvait avoir une vraie valeur. Et elle en eut une, bien
que la méthode utilisée ait fait naitre beaucoup de commentaires. Autant je trouve que tous nos amis journalistes ont fait preuve d'un accablant manque de recul en s'engouffrant tous dans
l'idée que c'est "enfin un procès de la télé-réalité" et autres banalités telles que "pourra-t-on aller plus loin" et pas mal de conneries que j'ai lu depuis trois jours. C'est n'importe quoi
les gars (et les filles).
Le fait que cette expérience soit reproduite à la télé fausse complètement la donne et on nous vend de la poudre de Perlimpimpin. Les gens sont abreuvés de télé-réalité, en connaissent les
codes et sur un plateau, avec des caméras et tout le tintouin, cette expérience n'a plus aucune valeur à part celle que certains annonceurs ont accepté de payer pour figurer avant et après
une telle idiotie. On va nous dire et redire que les concurrents ne sont pas dans la confidence, qu'ils pensaient participer à un nouveau jeu bla bla mais tout ceci est de la poudre aux yeux
pour faire un peu plus d'audimat sur un sujet qu'avait si bien évoqué Yves Boisset en 1983 dans "Le Prix du Danger", tiré d'une nouvelle géniale de Robert Sheckley que j'ai lu dans une autre
vie, au siècle dernier. Dans ce film, un homme devait aller d'un point A à un point B tout en essayant d'échapper à 5 tueurs lancés à ses trousses sous le regard obscène des caméras prêtes à
ne pas en manquer une goutte, surtout si c'est du sang. Mais comprenant vite que le jeu était biaisé, il décide de tuer les tueurs un par un et de dénoncer la supercherie. Un super film avec
un super Piccoli et un super Lanvin. Oui, c'est possible.
Plutôt que de regarder cette daube, Canada Dry télévisuel qui a le goût, la couleur de la télé-réalité mais qui n'en est pas mais qui vous fait croire quand même que oui mais non quand même,
vous n'êtes pas aussi con, regardez à nouveau ce chef-d'œuvre d'Yves Boisset qui est bien plus près de ce qu'est la télé-réalité d'aujourd'hui que ce pitoyable programme qui, pour une fois
n'est pas sur TF1 mais bel et bien sur France 2, le service Formerly Know As le Service Public. Probablement aussi au siècle dernier.