Ils ont entre douze et seize ans et comme de petits soldats, ils portent tous le même survêtement blanc, avec sur le côté trois traits grenat. Avant l’entraînement, dans les vestiaires, ils causent avec émotion du match de la veille ; ils l’ont tous vu à la télé : c’était Marseille PSG. Les jeunes supporters de l’OM sont heureux et fringants, ils arborent fièrement comme un trophée le maillot des champions. Ceux de Paris sont blêmes à en devenir méchants ; un seul a l’audace de porter les couleurs de la capitale. Sur ces maillots chamarrés s’étale un nom qui n’est pas le leur : trois Zidane, deux Ronaldo, un Trézéget…Ils ont tous une idole et rêvent de lui ressembler.
Soudain une voix rauque résonne, le silence se fait :
_Allez lez gars suffit les conneries…
C’est celle d’un gros moustachu qu’ils appellent respectueusement le coach Henri.
L’entraînement commence et c’est en ruminant, qu’au pas de course, comme à l’armée, ils font leurs trois tours de terrain.
Ensuite vient le quart d’heure de jonglage, l’exercice de slalom, les accélérations, les centres, les actions…
Pendant ce temps, au bord du terrain, chaudement habillé, le coach Henri s’époumone :
_N’oubliez pas les gars... on est un groupe, il faut être là pour son copain, ensemble on est plus fort…Allez jusqu’au bout de vous-mêmes pour l’équipe.
Certains n’en peuvent plus mais poursuivent l’effort, de peur de le décevoir, ou de paraître faible aux yeux des autres.
Quand arrive Amandine, c’est l’euphorie, les adolescents se mettent en évidence. L’un crie, l’autre joue les petits chefs, certains tapent très fort dans le ballon et les plus téméraires, au risque de se faire gueuler dessus, quittent un instant le terrain, viennent près d’elle et la saluent.
La séance se finit par un match, les tacles pleuvent, on ne se fait plus de cadeau…
Enfin ils s’assoient par terre en rond pour écouter, religieusement, l’office du coach Henri.
Leur cœur bat la chamade quand Henri égrène les noms de ceux qui dimanche prochain feront partie de l’équipe.
Bizarrement, tous payent la même licence mais ceux qui ont de beaux maillots, dont la mère parle avec Henri et dont le père organise le loto font toujours partie du lot, quant aux autres…
Un écrivain disait :
_Le foot, c’est l’école de la vie…
_Oui, c’est l’école de la vie et déjà les plus faibles et les pauvres y apprennent à regarder de loin, avec envie, avec respect les autres s’amuser.