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Green Zone de Paul Greengrass

Par Geouf

Green Zone de Paul Greengrass

USA, 2010
Réalisation: Paul Greengrass
Scénario: Brian Helgeland
Avec: Matt Damon, Brendan Gleeson, Greg Kinnear

Résumé: Irak, 2006. Bagdad est tombée depuis plusieurs semaines, et les Etats-Unis sont en train de mettre en place un nouveau gouvernement dans le pays. Le chef Miller (Matt Damon) et son équipe sont chargés de retrouver les armes de destruction massive dont la supposée présence a déclenché la guerre. Après de multiples fausses pistes, Miller commence à douter de la véracité des informations fournies par le mystérieux contact du Pentagone. Il décide de faire équipe avec l’agent de la CIA Martin Brown (Brendan Gleeson) afin de faire la lumière sur cette affaire…

 

Paul Greengrass avait quelque peu abandonné le côté politiquement engagé de son cinéma après avoir accepté de réaliser les deux derniers épisodes de la saga Jason Bourne. Il revient aujourd’hui à ses premières amours, accompagné de son nouvel acteur fétiche Matt Damon, pour ce qui s’avère être un pamphlet des plus virulents contre la guerre en Irak.

Toujours avec son style inimitable de réalisation caméra à l’épaule, Greengrass s’intéresse en effet à la fameuse affaire des armes de destruction massive irakiennes. Le seul problème, c’est qu’on a un peu l’impression que le réalisateur irlandais arrive après la bataille. Cela fait déjà 7 ans que les Etats-Unis ont envahi l’Irak et se sont embourbés dans un conflit sans fin, tout le monde sait que les supposées armes de destruction massive n’ont jamais existé, et Bush n’est même plus président. Donc pour la dénonciation courageuse, on repassera.

Mais heureusement, le film a de nombreuses autres qualités qui en font un excellent moment de cinéma. Tout d’abord, il convient de saluer le rythme de celui-ci, car même si la plupart des événements sont déjà connus, le film se révèle haletant de bout en bout. Le style sur le vif cher à Greengrass fait des merveilles, plongeant le spectateur au cœur de l’action, même si le tout s’avère parfois un peu brouillon (notamment le climax final, assez difficile à suivre). On ne s’ennuie donc pas une seconde, et ce malgré le fait que Green Zone ne soit au final pas réellement un film d’action, mais un thriller géopolitique. Le film ne comporte en effet que deux gros morceaux de bravoure (l’investissement d’une maison dans laquelle se déroule une réunion secrète, et la poursuite finale dans les rues de Bagdad), tout le reste étant consacré à l’enquête désespérée de Miller. Un Miller incarné par un Matt Damon beaucoup plus à l’aise que dans son rôle de rugbyman dans le dernier Eastwood. Son visage passe partout doublé de sa carrure impressionnante (les filles apprécieront les muscles pris pour l’occasion) en font l’interprète idéal pour ce soldat idéaliste. A ses côtés, Brendan Gleeson apporte sa solide expérience dans le rôle de l’agent de la CIA Martin Brown, et face à eux Greg Kinnear est excellent en bureaucrate veule et sans scrupule, prêt à tout pour cacher les magouilles de l’administration Bush.

Green Zone de Paul Greengrass

Mais le point le plus intéressant, c’est que le film se propose pour une fois de montrer le point de vue irakien sur la guerre. Et c’est peut-être là qu’il s’avère le plus convaincant et original, en opposant par exemple les besoins de la population locale ne demandant que les choses les plus élémentaires (de l’eau et de l’électricité), aux grandes idées des Occidentaux dans la zone verte se prélassent au bord d’une piscine, et qui ne sont absolument pas au fait de la réalité du terrain. Le personnage de Freddy (Khalid Abdalla) est à cet égard le plus intéressant du métrage : simple civil irakien, il vient en aide aux soldats américains avec le réel espoir que les Etats-Unis reconstruiront le pays. Malheureusement pour lui, il découvrira rapidement l’envers du décor (les tortures, et surtout les magouilles politiques). Le scénario du grand Brian Helgeland analyse aussi assez finement les divers choix hasardeux qui ont petit à petit conduit les Etats-Unis à s’embourber dans ce conflit, notamment leur refus de faire appel à l’armée locale pour les aider à rétablir l’ordre, ou le fait d’avoir mis à la tête du pays un politicien exilé depuis de nombreuses années (et par conséquent pas reconnu par la population).

En clair, même si Green Zone est quelque peu en retard d’une guerre (c’est le cas de le dire), il comporte suffisamment de pistes nouvelles et passionnantes, et est assez efficace pour remporter l’adhésion.


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