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Y a-t-il vraiment une remontée du FN?

Publié le 18 mars 2010 par Bernard Girard
Dans un post publié lundi dernier, je mettais en doute la remontée du Front National (Régionales : les résultats en trompe-l'oeil du FN). D'autres partagent cette analyse minoritaire. C'est le cas de cet autre blog qui titre comme moi sur les résultats en trompe l'oeil du parti de Jean-Marie Le Pen. C'est celui de l'auteur de cette analyse publiée sur le site de Marianne (Le FN progresse surtout dans la tête des journalistes). C'est à peu de choses près celui d'Emmanuel Tood qui déclare dans l'interview qu'il a donné à Libé.
Il faut bien évidemment attendre les résultats du second tour pour mener des analyses plus fines, mais l'enjeu est d'importance.
La thèse de la remontée du Front National permet aux critiques de Nicolas Sarkozy d'enfoncer deux fois le clou :
- il avait entrepris de siphonner les voix du FN, cela lui a permis de gagner l'élection présidentielle, mais son opération n'aura réussi qu'une fois,
- le débat sur l'identité nationale a banalisé les thèses racistes du Front National et désinhibé des électeurs de droite qui auraient, en d'autres circonstances, hésité à voter pour une formation raciste,
Mais cette thèse peut aussi donner aux stratèges de l'UMP l'envie de durcir encore leur discours pour reconquérir cet électorat.
Penser, à l'inverse, que la remontée du Front National est moins importante que le suggèrent les pourcentages invite à regarder les choses autrement. Cela indiquerait :
- que la thématique de l'immigration n'est plus centrale à droite, ce que confirme, au delà des dérapages de ministres et élus de l'UMP, la consternation générale que ce débat a suscité dans l'opinion et, probablement (mais ce serait à vérifier), le changement des motivations pour voter à l'extrême-droite (ce n'est pas le racisme qui amène les ouvriers à voter FN, mais le désir de protectionnisme que ce parti est le seul à défendre, comme je l'ai déjà expliqué) ;
- que le problème principal de l'UMP et donc du gouvernement et de Nicolas Sarkozy est, moins de pencher à droite, que de reconquérir son électorat qui s'est abstenu et qui l'a fait pour protester contre des politiques qui le touchent directement : réforme des retraites, taxe carbone, réforme de l'ANPE qui ajoute du désordre au désordre, privatisation de la poste, TVA sociale, bouclier fiscal…) et des comportements qui le choquent profondément (casse toi pauvre con, bling-bling…).
Selon que l'on choisit l'une ou l'autre hypothèse, l'impact sur les politiques menées d'ici aux prochaines élections présidentielles promet d'être tout différent.

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