La maison des feuilles est un livre qui brûle dans quelque endroit secret d’un labyrinthe au fur et à mesure de sa lecture.
La maison des feuilles est un livre de Mark Z. Danielewski. La page de garde l’annonce comme suit :
LA MAISON DES FEUILLESpar
Zampanò
avec une introduction et des notes de
Johnny Errand
traduit de l’américain par
Claro
Je n’avais jamais lu un tel livre. Et je ne saurais le raconter simplement. C’est un labyrinthe. Toutes les langues s’y rencontrent, on pourrait penser qu’il s’agit d’un essai, mais ça rend compte d’un film, le Navidson Record. Navidson est un photographe ; il s’installe avec Karen et leurs deux enfants dans une maison qu’il entreprend un jour de mesurer : elle est plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur ! Et s’ouvre dans un mur de la maison un couloir obscur.
Une exploration physique, scientifique, mentale s’ensuit. Et ça creuse en moi, lecteur, je suis emporté dans cette dimension mouvante et grinçante. J’ai peur, mais je veux toujours en savoir plus. Comme Johnny Errand lui-même, errant en moi-même, de citation en citation (vraies ? fausses ?), de récits en articles de presse… Je suis tout à la fois les aventures de Navidson, le décryptage (et le cryptage) de Zampanò, aveugle relatant un film (« mais c’est cité »), et l’existence bousculée de toutes parts de Johnny.
C’est, plus qu’un simple livre, une expérience extraordinaire. On ne referme jamais tout à fait l’ouvrage, et, même si on pouvait le faire, il réapparaîtrait un peu plus tard, un peu ailleurs. Dans les 28 pages d’index en fin de livre, dans les citations complétant la lecture, mais aussi dans les autres livres que je vais lire plus tard. La maison des feuilles est en moi, en moi est sa demeure.
« Faible est le réconfort
que tirent ceux qui se désolent
quand les pensées continuent de dériver
alors que les murs continuent de bouger
et que ce vaste monde bleu qui est le nôtre
ressemble à une maison de feuilles
quelques instants avant le vent. »