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Le projet RW, par le Collectif Quatre Ailes

Publié le 22 mars 2010 par Onarretetout

projetRWAprès plusieurs soirées au théâtre sans y trouver de quoi me réjouir vraiment, je suis allé voir le Projet RW. Et la légèreté du propos et de ce qui est offert à nos regards m’a réjoui.

Certes, le parti-pris a ce quelque chose d’artificiel qui, par moments, semble se réduire à un exercice technique dont l’enjeu n’est pas toujours évident. Cependant, les images proposées ont bien ce côté suranné et aérien d’une promenade de rêveur moralisant.

Robert Walser voulait vivre de poésie et de littérature. Chaque fois qu’il en avait les moyens, il quittait l’emploi qu’il exerçait pour ne faire qu’écrire. « On vous voit toujours en train de vous promener », lui reproche-t-on, et lui d’expliquer que la promenade lui est indispensable pour regarder le monde et les autres et s’en nourrir pour ses œuvres. Ce n’est pas le seul écrivain qui le revendique. Ni le seul à écrire comme lui des textes assez courts, racontant ou restituant ces observations sans avoir l’air d’y toucher.

Mais il y a des particularités chez cet homme, qui restera sans écrire les 23 dernières années de sa vie, enfermé contre son gré dans une clinique psychiatrique d’où il partira une nuit de Noël (en 1956) pour mourir d’épuisement dans la neige.

Un désir de reconnaissance sociale le taraude, et il reste en permanence critique vis-à-vis de cette société. L’enseigne trop brillante d’une boulangerie, le mauvais goût d’un libraire, la pression de la banque, il refuse tout cela mais on sent qu’il aimerait quand même tout cela quand il dit à une paysanne qui chante qu’avec sa voix elle pourrait gagner beaucoup d’argent, quand il flatte une femme qu’il prend à tort pour une actrice… Il n’est pas toujours sympathique, ce Robert Walser, mais on sent une grande souffrance en filigrane, un désir profond de mourir dans les bois et d’y être enterré, but ultime de la promenade.

Le Collectif Quatre Ailes a choisi un dispositif qui associe théâtre, acrobatie, projection, dessin animé, théâtre d’ombres pour nous entraîner dans cette errance ; Chagall n’est pas loin, mais sans les couleurs vives, et, même si, de temps en temps, les interprètes ne savent pas quoi privilégier de toutes les formes qu’ils mettent en jeu, l’image de la table et de la chaise qui s’envolent quand le poète met son chapeau et décide de sortir me donne envie de flâner à mon tour sans but précis, mais les yeux grands ouverts.

Spectacle présenté au Pôle culturel d'Alfortville, dans le cadre du Festival des Ecritures.

En cliquant sur l'affiche, vous pourrez lire un article fort intéressant sur Robert Walser.


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