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Ça commence à Scorsese

Par Culturabox

Shutter Island

Qu’ils sont délicieusement pénibles, ces films où l’histoire ne suit pas l’axe directeur baba-génial de 99% des autres productions, une forme de cynisme au final… Car si il y a une chose qui ressort à la fin du Scorsesien « Shutter Island », c’est bien l’envie très forte de faire semblant d’avoir compris ; pis, d’expliquer aux autres… alors que dans notre inconscient, on est paumé depuis 70 minutes.

Il y a deux types de Scorsese, celui qui score au box-office, et celui qui se corse, s’enlevant donc une bonne partie d’un public acquis à la cause des histoires faciles, roses et au scénario en algeco.
Ici, l’intrigue est dans le fond très simple : après avoir survécu aux eaux glaciales de l’Atlantique, participé à la guerre des tranchées à New-York et passé son permis d’avion, le héros va devoir enquêter sur la disparition d’une malade mentale dans un simili-Guantanamo spécial tarés.
Mais mais mais… qui est le vrai fou dans l’histoire ? Qui ment ? Qui rêve ? Qui qui ?
On a lu les avis des spectateurs, et on se dit « Pff les nazes ! Moi je vais tout saisir ».
Après un début logique, le casse-tête commence, dans une confusion totale et probablement voulue. « Tiens, pourquoi il se met à cauchemarder lui là ? »… « Ah bah non je suis con c’est pas un cauchemar ! »… « Ah… peut-être que si. »
Patatras. C’est parti pour un cercle vicieux de deux heures.

Les personnages ont le chic pour avoir la tête de l’emploi, et on retrouve avec plaisir des attitudes et des « gueules » qui collent parfaitement à l’ambiance : un médecin dont la barbiche n’inspire pas confiance, un directeur aux trais naziesques, une brochette de timbrés qui suintent la psychose… et on applaudit la référence au Seigneur des anneaux, quand DiCaprio se taille une bavette avec Golum, le tout à la lueur d’une allumette qui résiste miraculeusement à l’humidité.
Grand moment de cinéma.

Au-delà de l’interprétation à la règle et au compas de la part de l’ensemble de la psychoteam, le cinéaste s’est fait plaisir : accentuation de l’effet mystique et dramatique du lieu (le ciel prenant souvent des couleurs de cataclysme) quelques petits effets spéciaux et surtout un jeu de caméras et une bande son à faire pâlir les copains d’Hollywood. Quand on sait, qu’en plus, le tournage s’est déroulé dans un ancien hôpital psychiatrique, voilà qui apporte la dernière piqure de seringue à notre ensemble. Il ne manque plus que deux trois corbeaux, un rideau de douche, et on retombe dans les classiques du genre.

L’interprétation que chacun se fait de l’histoire est probablement la plus grande force du film. On reste sur sa faim, en ayant la mauvaise impression d’avoir presque trouvé la clé du mystère. On se prend à retracer le cours du film en sens inverse en se disant « Mais attends là, je suis pas fou, à un moment il a bien fait ça ? C’était faux alors ? ». Affreusement délicieux je vous dis.
Rares sont ces œuvres cinématographiques qui font autant d’effet avant, pendant et après.

Non, c’est sûr, « Shutter Island » est bien fait. Tordu, effrayant, codifié (un minimum, quand même) mais finalement peu violent. Le Sicilien volant à fait d’un livre un film, un bon film.

Précision utile : le seul moyen de le comprendre, c’est de ne pas le voir.

Plus d’informations sur : http://www.shutterisland.com


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