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Le plan de secours de l'UMP pour éviter le syndrome Giscard.

Publié le 23 mars 2010 par Juan

Ce mardi, Jean-François Copé, le président des députés UMP, par ailleurs maire de Meaux, avait rassemblé, dans le huis clos de la salle Colbert à l'Assemblée, les quelques 300 députés UMP pour une «réunion de crise» après le fiasco des élections régionales. Copé en avait touché un mot à Nicolas Sarkozy mercredi dernier. La tenue de cette réunion accrédite l'idée que l'échec du camp sarkozyste aux élections régionales a bien une signification nationale. On imagine mal les députés UMP se réunirent ainsi uniquement pour débattre des éventuels contre-pouvoirs régionaux contre la politique du gouvernement. L'objectif est donc de contenir la grogne.
Continuer les réformes... sans Sarkozy ?
On est surpris par l'agenda « officiel», celui chuchoté aux journalistes. La droite présidentielle ne s'interroge pas sur l'échec des «réformes». Au programme, il faudrait relancer les réformes. La "pause" annoncée par Nicolas Sarkozy a fait grand bruit. Inutilement car le Monarque ne parlait que du second semestre 2011. Ces inquiétudes sont plutôt le reflet d'une prise de conscience: Nicolas Sarkozy s'agite mais n'agit pas. Que s'est-il passé depuis août 2007 ? Pas grand chose. La gauche a involontairement participé à faire croire que Sarkozy réformait tous azimuts. En fait, sur les sujets majeurs, il n'a rien fait. La crise financière elle-même n'a été qu'une suite d'incantations contre les paradis fiscaux et le maigre plan de relance ressemblait à une programme de grands travaux colbertiste sans vision de la France d'après demain.
Sarkozy s'est mis à dos les chiraquiens (c'est normal), les libéraux (c'est surprenant), et les centristes (c'est logique). Que lui reste-t-il ? Un quarteron de fidèles. Il lui faut tout reprendre à zéro et reconstruire sa base à droite.
La fin du parti unique ?
L'échec régional a encouragé les critiques contre la stratégie de parti unique développée, avec succès, par Nicolas Sarkozy: parti unique, liste unique, flop collectif. Hervé de Charette a quitté l'UMP pourle Nouveau Centre et appelé François Bayrou à venir discuter de l'avenir du centre-droit. La disparition (provisoire) du Modem a aiguisé les appétits. D'autres suggèrent la constitution d'un pôle centriste et écolo autour du Parti Radical dirigé par Jean-Louis Borloo. Un vrai gadget. Le Parti radical valoisien n'est écolo que parce que son patron est actuellement ministre du développement durable.
Autre sujet d'agacement, voire de défoulement, l'ouverture aurait vécu. La belle affaire ! Les Français se fichent de l'ouverture version sarkozyenne. Le monarque a débauché quelques "talents" socialistes pour leur faire appliquer sa politique. Qu'y a t-il de gênant pour le camp sarkozyste ?
Il y a deux ans, nous dressions un parallèle entre les présidences Giscard et Sarkozy. La trajectoire politique de VGE s'est arrêtée net le 10 mai 1981. Il y a quelques jours, L’économiste Nicolas Baverez écrivait le Point : «le pays se dirige en 2012 vers un nouveau 1981, avec une menace de vote sanction contre le Président et contre la crise.»
Pour Sarkozy, l’heure des comptes n’a pas sonné
Une abstention à 48,8%, en recul de plus de quatre points par rapport au second tour, une gauche à un niveau « historique » de 53,6% des suffrages, la droite gouvernementale qui se console avec sa résistance en Alsace (« la mère de toutes les batailles » a regretté le socialiste Jacques Bigot), et la conquête de la Guyane et de la Réunion. Le paysage politique ce lundi 22 mars était désolant pour le Monarque. Claude Guéant avait lâché qu’un remaniement « technique » aurait bien lieu. Un qualificatif utilisé pour minorer l’ampleur de la défaite, et de la réaction présidentielle. La droite a même perdu dans son fief des Hauts de Seine !
Le déni de réalité est toujours de mise du côté du camp présidentiel. La leçon retenue, et propagée, par les stratèges de l’Elysée à propos des élections régionales est que le scrutin n’était que loocal, que la crise a effrayé les Français, et que les « réformes » sarkozyennes doivent se poursuivre.
A minima, Jean-François Copé, le président du groupe UMP, demande un changement de méthode et un retour aux fondamentaux qui ont fait le succès de Nicolas Sarkozy. Il demande notamment le report de la taxe carbone (les ambitions écologistes de l’UMP n’étaient-elles qu’une circonstance électorale ?) et « la fin de l’ouverture », un épouvantail bien facile pour cacher les difficultés politique du parti unique de la droite. Jean-Pierre Raffarin (UMP) reprend les termes de Copé : la droite doit reconstruire un « pacte majoritaire », une façon de reconnaître la portée nationale du scrutin. Mais comment oublier que les slogans sarkozyens ont été disqualifiés par les faits ? Le mot d’ordre « Travailler plus pour gagner plus » est devenu anachronique en période de chômage de masse et de précarité devenue collective. L’ajustement fiscal n’a consisté qu’à alléger la facture d’impôt des plus fortunés sans rétablir la compétitivité du pays. La réduction de certaines dépenses publiques (pas touche au nucléaire mais haro sur les fonctionnaires) inquiètent des Français sur la survie d’un modèle social dont tout le monde s’accorde à dire, à droite y compris, qu’il a joué son rôle de filet de sécurité dès le déclenchement de la crise.
Remaniement: Sarkozy, débordé, parle à la droite
Nicolas Sarkozy n'avait pas bien entendu le message de ses caciques : contesté à droite, il a donc décidé d’un remaniement « technique ». Il se révèle si important qu'on en oublierait qu'il ne devait être que technique : Sarkozy veut d'abord consolider sa base, et couper l'herbe sous le pied à Dominique de Villepin. L'ancien premier ministre a laissé entendre, dès dimanche soir, qu’il se préparait à créer un mouvement politique ce jeudi, une initiative agaçante pour les proches du Monarque. Ainsi, George Tron, député Ump mais villepiniste s'est vu proposé la Fonction Publique. Sarkozy a dû sacquer l'affaibli Xavier Darcos (Travail). Fadela Amara (Ville) et Bockel (Justice) ont failli perdre leur poste.. Lundi, dès 9 heures, Fillon a accouru à l’Elysée. Il s'est opposé à son patron, réclamant plus de démissions que prévu par l'entourage du président. Toute la journée, les candidats au départ ou au gouvernement se sont succédés à l'Elysée. La débâcle des ministres et secrétaires d'Etat aux régionales est impressionnante. Fillon a ensuite reçu Gérard Larcher, Gérard Longuet, Jean-François Copé, et même Xavier Bertrand. Les consultations se sont multipliées. Martin Hirsch veut partir. Xavier Darcos, sévèrement défait, est remplacé par le fidèle Eric Woerth. François Baroin le chiraquien critique doit être neutralisé, et récupère le Budget.
Lundi 22 mars, Nicolas Sarkozy a donc été contraint de faire le tri. Contraint par sa majorité, il a préparé son gouvernement de campagne.
Pour 2012.


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