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Bad Lieutenant : Port of Call New Orleans

Publié le 24 mars 2010 par Mg

On peut souvent se tromper sur le contenu d’un film avant de l’avoir vu, et c’est sans doute là qu’on fait les meilleures découvertes. Voir Werner Herzog s’emparer d’une pseudo-suite de Bad Lieutenant en embarquant Nicolas Cage et Eva Mendès, on pouvait craindre le pire. Ou attendre le meilleur.

Et avouer après le générique de fin avoir passé un bon moment devant un film avec Nicolas Cage pourrait sembler assez hallucinant. Cet acteur à la filmographie plus que respectable a réussi on ne sait comment à s’engouffrer dans les tréfonds des films ratés (pas des nanars, juste un désintérêt total et croissant pour sa carrière venant des cinéphiles), et sans jamais arrivé à remonter. Pourtant, il sait flatter Hollywood en réussissant quelques holdups du type Benjamin Gates pour rester à flot. Et puis voilà 2010. Kick Ass d’abord, dont on entend parler depuis quelques mois comme le film … coup de poing. Et quelques extraits d’un Cage cool-attitude qui risque de faire trembler le critique. Et ensuite ce Bad Lieutenant, projet ô combien casse gueule, qui réussit à extraire du pur Cage bien timbré, coincé entre l’humidité d’une Louisiane tout juste secouée par l’ouragan Katerina, les crocodiles dans les hautes fougères et le trafic de drogue quotidien qui continue malgré tout.

Voilà donc Cage, balancé flic intègre mais camé, amoureux mais indépendant, qui tente d’arriver à la vérité par ses moyens, ses méthodes réprouvées, entre petites arnaques ou pari pour son train de vie plutôt opposé à sa profession, et son enquête sur un massacre odieux, qui ne l’émeut pas pour autant mais titille ses principes qui lui colle à la peau comme son vieux père alcoolique. Un film tout en contradiction donc, où on suit un flic camé et accro aux médicaments en tout genre, entre mal de dos et pleine descente hallucinogène en plein jour, où son réalisateur Herzog n’a qu’à poser sa caméra sans autre effet que des dialogues à foison. Car il a compris comment redonner vie à Cage, en lui délimitant l’action et le laissant s’amuser à l’intérieur. Bossu comme un malade en pleine crise de douleurs, le neveu de Coppola donne toute la consistance de cette chute vers le néant attendu, rendant même Eva Mendès complètement plate (c’est dire…), sans pour autant aller jusqu’au bout. Car de manière ingénieuse, la fin se dissimule dans les tréfonds de l’âme de ce flic perdu, nous offrant une vraie bonne fin à la Disney, ou presque, rendant compte d’un certain flou dans l’ensemble de ce destin de flic. Dès lors, on ne sait plus trop s’il délire ou si tout est réel, si on voit bien les choses ou si finalement Herzog mène le récit à la lumière de son héros.

Ce deuxième volet de Bad Lieutenant, qui n’a de paternité avec le film d’Abel Ferrara qu’au titre seul, est donc avant tout une énième histoire de flic, qui serait passé inaperçu sans les apports de son réalisateur et son acteur principal, et son incarnation délirante d’un flic faisant sa crise de la quarantaine sous acides.


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