« Dans cette maison, toutes les fois que vous aurez mal sans vous être coupé le doigt ou cogné le coude — toutes les fois que vous pleurerez sans avoir épluché d'oignons — cela sera une peine à dormir debout », écrivait Anouilh dans La sauvage (paru en 1938). Ces fichus oignons, qui font pleurer dans quand on les coupe...
Eh bien Anouilh l'ignorait probablement, mais il existe une raison évolutionnaire pour laquelle nos yeux réagissent vivement lors de la coupe.
La mécanique serait bien au contraire tout à fait normale et rudement bien rodée : au moment de la découpe, les oignons sécrètent des substances chimiques. Lesquelles pourraient irriter ou même endommager les tissus humains. Donc porter atteinte à l'intégrité du corps, donc le mettre en danger...
Eh bien une protéine, la TRPA1, qui vient d'être découverte, envoie des signaux analogues à ceux de la douleur, laquelle est similaire à celle qui fait, par réflexe, fermer les paupières, quand un gaz entre en contact, explique Nature.
Les biologistes de l'université de Brandeis viennent de mettre le doigt sur l'un des plus grands drames de l'histoire de l'humanité. Et le détecteur dont il est question n'aurait pas connu l'évolution que le goût et l'odorat, qui ont changé en fonction des évolutions de l'humanité. Mais le réflexe des oignons provient d'un processus qui date de toujours et en grande partie est resté inchangé.
Cela signifie que Lucy ou l'homme de Néandertal aussi ont piqué une larme devant un paquet d'oignons...