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ALEX CHILTON ::: "If he died in Memphis, then that'd be cool"

Publié le 24 mars 2010 par Gonzai

Quand on se sent léger et heureux de vivre, il faut passer le premier album de Big Star. Si l'humeur tourne au mélancolique, le deuxième. Et puis, quand on touche le fond, il y a le troisième disque, Sister lovers, ce grand huit qui ne connaît que la descente. Nous voilà parés.

Et quand Alex Chilton meurt ?

Ah...D'abord, on évite de penser à sa première écoute de Big Star quand le ciel pop s'était mis à briller comme jamais depuis la découverte des Beatles. De tels chocs, il n'y en aura plus, c'est évident. Il est ensuite préférable de ne pas ressasser cette nuit passée à conduire dans un Lyon désert, en écoutant Like flies on Sherbert. Amateurs de statistiques, sachez que 15 écoutes de Flies on Sherbert = 5 traversées aller-retour de Lugdunum + 3 bouteilles de Veuve Cliquot. La poésie des mathématiques, hein...

Il est également plus prudent de ne pas s'attarder sur ce festival des Inrockuptibles où Alex Chilton était venu jouer des classiques populaires américains, dans la lignée de son fantastique album Clichés. Le public avait ironisé à voix haute, réclamant le groupe d'après. Le lien noué avec les disques s'était resserré d'un ou deux tours à l'écoute des ces veaux parqués à la Cigale. « Tu vois, ça n'ira pas très loin cette histoire d'Inrockuptibles. En tout cas, ca ne fera pas un mouvement, un vrai. Ils s'appuient sur des beaufs. Tu peux faire un mouvement, une mode rock avec des snobs, de ouvriers, des ploucs, des ratés, des branchés mais pas avec des beaufs qui parlent mal à Alex Chilton.» Cyril n'était jamais avare d'une théorie.

Je n'étais pas en reste, faut dire : « au milieu des années 90, on a vu apparaître des types se définissant comme des amateurs de rock mais sans aucune fascination pour les Etats-Unis et les sixties anglaises. Ils s'en cognaient complètement, au nom de la modernité ou de je ne sais trop quoi. Ces types ont porté le trip hop, Bjork ou Radiohead tout en haut. Pour les débusquer, il suffit de leur passer Big Star. Généralement, ils détestent ». Alex Chilton, l'anti-mode, le type qui composait de la pop à Memphis était le « bullshit detector », indispensable pour trier minutieusement le bon grain de l'ivraie, les nôtres des autres. 

 Enfin, il faut prendre garde à ne pas se lancer dans un hommage de trop. Parce que le plus sincère, le plus classe, le plus pop a été écrit de son vivant par les Replacements. Il fallait le faire, ils n'hésitèrent pas une seule seconde. A eux de s'y coller, donc :

If he was from Venus, would he feed us with a spoon? 
/ If he was from Mars, then that'd be cool
 / Standing right on campus, would he stamp us in a file?
 / Hangin' down in Memphis all the while

/ And children by the million sing for Alex Chilton / 
When he comes 'round
They sing, "I'm in love / 
What's that song?
 / Yeah, I'm in love, with that song" (...)

 I never travel far Without a little big star

 / Runnin' 'round the house, Mickey Mouse and tarot cards / 
Falling asleep with a flop pop video on
 / And if he was from Venus, would he meet us on the moon?
 / If he died in Memphis, then that'd be cool, babe

" If he died in Memphis, then that'd be cool, babe". Manqué. Alex Chilton est mort la semaine dernière, à la Nouvelle Orléans.


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