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Compte-Rendu du Festival du Film Asiatique de Deauville - JOUR 3

Par Alban Ravassard

Jour 3

Grosse journée que le 3ème jour de séjour à Deauville. Je ne le savais pas encore en attaquant les festivités, mais cette journée allait m’apporter son lot de surprises, bonnes comme mauvaises.

Clash

 

CLASH 3

Je commence donc avec un film d’action Vietnamien et accrochez vous… Ce n’était pas si mal ! En effet, l’originalité de Clash ne tient pas dans son scénario truffé de flashbacks mièvres sur fond d’opéra à 2 balles (sic) mais dans le fait que son personnage principal soit une femme d’action, meneuse d’un groupe de mercenaires plus caricaturaux les uns que les autres. Par moment on se croirait presque dans un remake vietnamien de l’agence tous risques, c’est dire !

Mais pourtant on ne s’ennuie pas vraiment, l’action étant au rendez-vous, dense, tendue et surtout, lisible. Et ça, ça mérite d’être souligné car les montages épileptiques pour cacher la misère ont commence à en avoir un peu marre. Merci. Le film est rempli (souvent involontairement) de son second degré hilarant, qui culmine dans une séquence d’affrontement avec des personnages français qui semblent tous être des clones de Jérôme le Banner croisés avec des acteurs pornos anonymes. Le mélange est, on vous le promet détonnant. Dommage que tout le monde se la pète un peu trop, à commencer par le réalisateur.

Si l’on rajoute que pendant cette même scène un des « gentils » se prend une balle entre les deux yeux car il relâche son attention lors d’un gunfight intense pour regarder courir une prostituée au ralenti, vous comprendrez forcément pourquoi ce film ne peut qu’inspirer un fort capital sympathie. On aura même droit à un méchant très méchant et à de l’émotion pas si niaise au cours du final qui est malheureusement entrecoupé de flashbacks ridicules à se pisser dessus de honte ou de rire selon les cas. Et donc Clash qu’est ce qu’on en pense ? Que ce n’était pas une si mauvaise manière de commencer la journée.

The king of jailbreakers

 

THE KING OF JAIL BREAKERS 1

Je continue donc mon parcours filmique du combattant avec un des rares films japonais en compétition. Comme son nom l’indique, il traite des évasions répétées d’un détenu, véritable roi de l’escapade sur des chemins de fers (ceux qui l’ont vu comprendront). Le film débute par une séquence d’introduction brute de décoffrage où l’on assiste en direct à une évasion spectaculaire. Jusqu’ici tout va bien. La suite est en partie un long flashback qui nous montre de manière répétitive, mais pour moi jouissive, les évasions successives de ce détenu pas comme les autres, dont un des gardiens de cellule cherche à percer le secret.

Malgré quelques plans franchement pas très utiles, je me suis laissé prendre dans le tourbillon des aventures successives de ce roi de la poudre d’escampette. De prison en prison, le mode opératoire diffère peu et il faudra attendre le dernier milieu carcéral (une île qui n’est pas sans évoquer Shutter Island) pour enfin découvrir la véritable motivation de cet homme après avoir assisté à une dernière évasion pour le moins spectaculaire ! Arrive alors la chute du film, au fort potentiel comique, voire ironique, qui conclue le tout sur une note légère (trop, pour certains, visiblement). Très honnêtement, pour le spectateur ça passe ou ça casse. Pour moi c’est très bien passé et j’ai passé un très bon moment.

Au revoir Taipei

 

AU REVOIR TAIPEI 1

Et on continue pour arriver à une petite perle. Au revoir Taipei, produit par Wim Wenders, nous conte l’histoire d’un jeune homme éperdument amoureux dont la petite amie est partie étudier à Paris. Il entreprend alors d’apprendre le français pour la rejoindre, ce qui donne lieu à certaines répliques et situations hilarantes. Mais malheureusement la petite amie le largue comme une vieille chaussette et il entreprend de partir à Paris quand même pour la reconquérir. Mais pour cela il faut de l’argent et c’est en acceptant un petit boulot aux airs innocents que les ennuis commencent pour notre héros, pour notre plus grand plaisir.

La vraie réussite de cet Au revoir Taipei, c’est sa galerie de personnages hauts en couleurs, jugez plutôt : un flic trompé, des gangsters en costumes oranges qui jouent au Mah-jong et partagent leur repas avec leur otage tout en lui prodiguant des conseils sur ses relations amoureuses, une jeune fille qui se mêle un peu trop de ce qui ne la regarde pas et un vieux mafieux au grand cœur. Le tout est traité avec une vraie légèreté mais aussi avec brio.

AU REVOIR TAIPEI 6

La mise en scène n’en fait jamais trop et amène de manière très juste les moments comiques. La lumière est colorée, chaleureuse, stylisée. Elle nous plonge dans l’ambiance survoltée de ce périple initiatique au cœur d’une ville la nuit. Et c’est beau une ville la nuit, surtout quand elle est filmée de la sorte. Il y a une vraie intelligence dans l’écriture et le scénario nous amène son lot de situations cocasses mais aussi quelques surprises. On ressort de ce film le cœur léger, le sourire aux lèvres et avec une furieuse envie de le revoir. Qui dit mieux ?

Chengdu I love you

 

Chengdu, I Love You 2

Je passerais très vite sur ce film en deux segments réalisés par deux personnes différentes (le troisième segment, coréen, ayant été coupé au montage, allez comprendre…) et ce pour plusieurs raisons. La première est que la copie présentée au CID ce jour-là était une véritable honte. Je n’arrive encore pas à comprendre comment un festival de cette ambition et de cette envergure a pu projeter ce qui s’apparentait à un screener de mauvaise qualité sur un écran de 10 ou 15 mètres. Je vous laisse imaginer le désastre.

Alors forcément déjà ça n’aide pas à aimer le film. Mais si en plus ce qu’on nous y raconte est franchement sans grand intérêt et ressemble plus à un beau foutage de gueule, on ne peut que s’insurger. Certes l’idée de base n’était pas mauvaise, deux segments se déroulant à des périodes très différentes et éloignées (le futur et le passé) mais on ne retiendra pour le premier qu’un traitement sonore relativement intéressant malheureusement noyé sous des effets visuels moches et pauvres, à l’image du fil narratif. Pour le second, à part quelques moments exaltant où l’on apprend à servir le thé avec une théière au bec long de 5 mètres on s’ennuie ferme et on choisit de passer son chemin, de préférence en courant. A oublier donc.

Bad Blood

 

BAD BLOOD

Deuxième film de la journée présenté dans la compétition Action Asia après Clash, Bad Blood aura eu au moins le mérite de nous faire rire à gorge déployée. Nouvelle aberration de projection avec un film présenté en copie doublée en Mandarin et belle séance de fou rires à la clé quand on assiste à une succession de scènes de combat prétextes qui sont là pour combler les trous béants de la narration durant laquelle les protagonistes répètent 5 fois leur nom de code parmi lesquels on retrouve entre autres : Brother Zen, Calf et consors… au cas où on comprendrait pas à quel point ils sont ridicules.

Bref, passons et concentrons-nous sur ce qui nous intéresse dans le cas présent : la castagne. De ce point de vue là on est pas déçus, mention spéciale au personnage féminin muet, pas très causante mais très active. Le tout est relativement lisible et parfois très efficace. On ne peut pas en dire autant d’autres scènes (voir la séquence interminable où un personnage n’a d’autre but que d’attendre que son café ait fini d’être préparé, hallucinant), ni même du film sans sa globalité.

Le véritable problème c’est le côté absolument non crédible du film, où le personnage féminin qui devient « la méchante » se transforme sous nos yeux ébahis en se coupant parfaitement les cheveux aux ciseaux, doublant le tout d’une permanente en moins de 15 secondes. On voudrait même nous faire croire qu’elle prend des cours de danse du ventre alors qu’elle pète la gueule à des blacks, asiatiques et occidentaux dans une salle de sport pour s’entraîner à tuer.

Bref, vous l’aurez compris, Bad blood c’est une vraie calamité mais c’est aussi une belle tranche de rigolade. Rarement une séance de 22h n’aura été aussi jouissive de par sa médiocrité.

Récit du 4ème et dernier jour sous peu…


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