Suite du début du texte de Śaṃkara :
1.De fait, la Révélation[1] dit aussi :
"Ayant considéré les mondes (paradisiaques) qui sont les fruits des rituels sacrés, un brahmane doit se détacher d'eux, attendu qu'aucun de ces fruits ne peut être éternel[2]. Alors, pour connaître l'absolu (éternel) il doit, fagot en main[3], approcher un maître qui connaît la Révélation, qui est établi dans l'absolu. Ce maître érudit doit enseigner avec méthode à ce disciple doué de maîtrise de lui-même et de calme, qui l'a approché selon les règles. Il doit lui expliquer la connaissance de l'absolu qui fait connaître l'éternel et l'impérissable."
En effet, seule une connaissance fermement comprise réalise le souverain bien, à la fois pour soi-même et pour la descendance[4]. En outre, cette transmission de la connaissance est salutaire pour les êtres vivants, comme un navire pour celui qui désire traverser une rivière.
Et un traité dit :
"Même si nous donnons entièrement ce monde entouré de (ces) océans, cette (connaissance)-là est encore supérieure à cela".
Car autrement, on ne peut atteindre la connaissance. C'est ce dit la Révélation, par exemple dans ces passages :
"Celui qui a un maître connaît l'Homme".
"La connaissance, c'est seulement par le maître qu'on la connaît".
"Le maître est le guide".
"En ce monde, la connaissance méthodique est le moyen du salut".
Et la Tradition (le) dit aussi :
"Ils t'enseigneront la connaissance"[5].
[1] Le Veda, et plus particulièrement leur partie finale (vedānta), les Upaniṣads.
[2] Si la cause (le rituel) est temporelle, l'effet (le monde paradisiaque) ne peut qu'être temporel lui aussi.
[3] Fagot de bois, combustible pour le feu (sacré) et symbole de richesse.
[4] C'est-à-dire que le disciple devient à son tour capable de transmettre cette connaissance de l'absolu à ses disciples.
[5] La Tradition (smṛti), ce sont les sources du brahmanisme orthodoxe en dehors du Veda, par exemple ici, la Bhagavadgītā IV, 34.