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Sur Les chemins de verre, la gravité côtoie l’allégresse

Publié le 26 mars 2010 par Gabnews
Sur Les chemins de verre, la gravité côtoie l’allégresse Photo : Yves Provencher/Métro
Deux ans après Le volume du vent, Julien Sagot, Martin Lamontagne, Stéphane Bergeron, Louis-Jean Cormier et François Lafontaine reviennent avec Les chemins de verre, un opus marqué par la dualité.  
Dans Métro Montréal : Karkwa: Les contraires s’attirent
C’est avec une toile en clair-obscur de Marc Sé­guin que les gars de Karkwa ont décidé d’illustrer la pochet­te de leur dernier opus, Les chemins de verre. Un choix qui s’est imposé de lui-même, selon les membres de la formation, puisqu’à l’instar de l’œuvre du peintre québécois, leur quatrième opus joue sur les contrastes.
«Depuis un bon bout de temps, on essaie de chanter le bonheur, le soleil et les oiseaux, mais, à moins de s’appeler La Compagnie Créole, c’est difficile de faire tout un disque avec cette couleur-là, explique Louis-Jean Cormier, le chanteur du groupe. C’est pour ça que cet album-là, il contient les chansons les plus lumineuses et les plus sombres qu’on n’ait jamais écrites.»
Sur Les chemins de verre, la gravité côtoie l’allégresse. De la perte de l’être cher (28 jours) à l’accalmie après la tempête (Moi-léger), en passant par la toxicomanie (Dors dans mon sang) et l’amour enchanteur (Le vrai bonheur), Karkwa s’amuse à explorer les pôles opposés du spectre. «Le vrai bonheur, c’est la chanson qui flirte le plus avec quelque chose qui pourrait être horriblement quétaine... estime Cormier. Mais en tire-bouchonnant les arrangements, on a trouvé le moyen de brouiller les cartes et d’arriver à notre but ultime: faire une chanson foncièrement pop qui ne se digère pas trop facilement.»
Car la dualité de Karkwa ne se reflète pas seulement dans les thèmes que le groupe aborde. Elle apparaît aussi à travers les musiques qui truffent sa plus récente galette. Les ambiances parfois touffues et complexes du Volume du vent répondent toujours à l’appel, mais cette fois-ci, elles sont jumelées à des sonorités organiques dépouillées de tout artifice. Si la formation avait autrefois du mal à éviter le trop-plein, elle privilégie désormais la retenue.
«Au début, si on voulait qu’un bout de chanson soit reggae, par exemple, il fallait mettre une guitare qui allait faire des bruits de cocottes. Si on voulait un bout funk, il fallait que ça sonne comme Jame Brown. C’était une façon maladroite de gérer nos influences, observe Louis-Jean Cormier. J’ai toujours écouté de la musique rock chargée... des trucs comme Radiohead et Rage Against the Machine. Mais quand j’ai découvert Neil Young et Bob Dylan, ça m’a calmé. Je me suis mis à triper sur le folk, le country et le bluegrass, ça m’a donné envie de faire des chansons plus simples.»
«Cela dit, il n’y a rien qui nous empêche de tricoter quelque chose de ben éclaté, de donner une troisième dimension à un morceau qui se défend simplement avec une guitare», ajoute-t-il.
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Coréalisé avec Mathieu Parisien, Les chemins de verre comprend également quelques pièces fortement ancrées dans l’actualité, s’inscrivant dans la même lignée que La façade, un extrait tiré du Volume du vent dans lequel Karkwa décriait la prédominance du contenant sur le contenu.
Avec Le bon sens, Karkwa s’en prend aux scandales financiers, à la guerre et aux pollueurs. En dépit d’une prise de position marquée, Louis-Jean Cormier refuse d’accoler à son groupe l’étiquette de revendicateur. «On ne veut pas protester haut et fort, précise-t-il. On ne veut pas de Libérez-nous des libéraux. Ce genre de truc, les Loco Locass le font très bien. Ils ont le bagage socio-politique pour le soutenir. Nous, on se sentirait comme des charlatans si on s’aventurait là-dedans.»
Une saine compétition
Louis-Jean Cormier se ré­jouit de la bonne santé de la scène rock montréalaise, qui continue de s’épanouir grâce à des groupes comme Patrick Watson et Arcade Fire. Si le chanteur emploie les mots «solidarité» et «amitié» pour décrire sa relation avec ses pairs, il reconnaît l’existence d’une certaine forme de (saine) rivalité avec Malajube.
«Si compétition il y a, ça doit ressembler – à très petite échelle – à ce que les Beatles et les Beach Boys avaient dans le temps : l’un sort un disque, et ça pousse l’autre à lancer quelque chose de plus pété. Quand les Beach Boys ont lancé Pet Sounds, les Beatles étaient revenus à la charge avec Sgt. Pepper, indique-t-il. La première fois que j’ai écouté Trompe-l’œil, ça m’a drivé à fond. Ça nous a botté le cul pour enregistrer Le volume du vent Avec la parution des Chemins de verre, gageons que la balle sera dans le camp adverse.
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Article de MARC-ANDRÉ LEMIEUX Édans MÉTRO le 26 mars 2010 00:32

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