CONDITIONS DE LA REUSSITE
POUR UNE PRODUCTION SOUTENUE
Les jours devenus progressivement plus longs
et une température désormais plus douce rendent le travail au clapier plus aisé et plus efficace, tandis que les reproductrices de bonnes souches produisent des portées rapprochées, très
étoffées et de croissance particulièrement rapide.
Le moment est donc opportun pour étudier quelques procédés d'élevage susceptibles d'accroître la productivité et d'assurer le plein succès de l'entreprise cunicole. L'expérience fait ressortir que, dans l'état actuel des choses, les éléments essentiels de la réussite sont la valeur des souches, les conditions d'élevage, l'hygiène et la qualité de l'alimentation.
LA VALEUR DES SOUCHES
Elle relève naturellement de la sélection, mais aussi de l'hygiène, des conditions d'élevage et de la richesse de l'alimentation, ces différents éléments ayant une incidence directe sur la vitalité des animaux. La sélection, qui a pour objet d'améliorer les qualités d'une souche, suppose un choix éclairé des reproducteurs.
Dans l'élevage du lapin de chair, la sélection est essentiellement orientée en fonction de la productivité intensive. Les critères à retenir pour choisir les sujets sont ainsi : le nombre de portées par an par lapine, le nombre de petits par portée, la vitesse de croissance, le taux de mortalité, l'indice de consommation, etc...
Dans la pratique, on retient, à un premier stade, dans les portées produites par des géniteurs d'une productivité remarquable, des jeunes parmi les plus vigoureux et les plus beaux.
A un second stade, ces jeunes conservés comme reproducteurs seront jugés en fonction de leur rendement (nombre de portées par an, nombre de lapereaux par portée, etc ... ).
Ces repropducteurs transmettront, en principe, leurs qualités à leurs descendants. Mais tout reproducteur défaillant sera éliminé et ses descendants se verront écartés de la reproduction. Après plusieurs générations, les qualités recherchées seront peu à peu fixées. La sélection exige toutefois énormément de patience et de ténacité.
Grâce à la sélection menée à bien, pendant les dernières décades, à différents niveaux, ont constate heureusement déjà des progrès considérables entre les rendements obtenus précédemment (4 portées par an) et la productivité de certains éléments de nos meilleurs souches actuellement en service (10 portées par an).
Une connaissance plus parfaite des lois de la génétique et un effort accru et persévérant effectué en vue de parfaire la sélection orientée sur la productivité intensive permettent d'ailleurs d'espérer des résultats encore plus spectaculaires et surtout plus homogènes.
LES CONDITIONS D'ELEVAGE
Un telle productivité implique toutefois un changement profond dans le mode d'élevage.
Depuis des temps immémoriaux, le lapin était élevé comme les autres animaux de la basse-cour, c'est‑à‑dire qu'il était logé dans un local quelconque peu adapté à ses besoins tandis que sa nourriture consistait en aliments récoltés sur place, mais surtout de déchets et d'herbe.
Désormais, l'élevage du lapin étant orienté sur le profit, la conception des locaux d'élevage doit non seulement lui assurer une protection efficace contre les agents contrariant sa quiétude et sa santé (intrusion d'animaux étrangers, bruits, courants d'air, températures excessives, etc.) mais lui procurer d'une manière constante une température et un environnement correspondant pleinement à ses besoins.
Autrement dit, il faut procurer au lapin un gîte susceptible de favoriser à la fois la reproduction et la croissance des jeunes dans les conditions les plus rentables.
Les installations doivent, de plus, être bien adaptées à leur destination : logement d'adultes (cases ou cages individuelles), logement de jeunes (cases ou cages collectives), et faciliter selon le cas, les diverses manipulations nécessaires : présentation des femelles au mâle, contrôle de la gestation, visite des nids, sevrage, pesées diverses.
Il importe également que les travaux de nettoyage et de désinfection puissent être effectués sans difficultés inhérentes aux installations et dans les meilleures conditions d'hygiène, c'est‑à‑dire à fond avec destruction des microbes et parasites. De plus, la durée d'éclairage intervenant sur le cycle de reproduction, les lapinières seront avantageusement dotées d'un éclairage artificiel permettant de réaliser toute l'année l'éclairement quotidien de 16 heures.
Il apparaît également judicieux de prévoir des locaux et des cases supplémentaires afin de permettre de laisser successivement libre et au repos pour mesure sanitaire, après nettoyage et désinfection, une partie des installations. Dans le même ordre d'idées, on ne réunira pas plus d'une trentaine de lapines reproductrices dans un même local de façon à limiter éventuellement la progression d'épidémies.
En résumé, la réussite de l'élevage est conditionnée, notamment par la conception, l'hygiène et l'entretien des installations; le calme, l'éclairement et fa température du clapier,
L'ALIMENTATION
Elle apparaît également comme un facteur essentiel de productivité.
Les méthodes traditionnelles d'alimentation ne sont guère compatibles avec les exigences d'une production intensive. Ayant recours à des produits insuffisamment nutritifs et souvent disparates ne pouvant constituer une ration équilibrée, elles sont fréquemment responsables des désordres digestifs et d'une lenteur de croissance incompatible avec une production intensive.
Au contraire, l'utilisation d'aliments composés spécialement étudiés pour couvrir en principe, les besoins du lapin, permet de poursuivre une production intensive et très rentable.
L'aliment composé présenté sous forme de granulés de 4 à 5 mm de long et 2,5 mm de diamètre, est bien accepté.
Il doit être distribué à volonté aux femelles gestantes et aux femelles allaitantes et à toutes celles qui sont soumises à un rythme de reproduction intensif. Celles‑ci sont d'ailleurs en permanence soit en état de gestation, soit suitées, et à certains moments, elles sont à la fois allaitantes et en état de gestation. Les jeunes en croissance, notamment ceux qui sont destinés à la boucherie, reçoivent également l'aliment à volonté.
Quant aux mâles et aux femelles éventuellement au repos, il convient de ne leur servir qu'une ration limitée à 60 ou 80 g. environ, selon les races.
Dans tous les cas, l'alimentation aux granulés doit être, pour des raisons de digestibilité systématiquement complétée par une distribution de paille ou de foin. De même, les animaux disposeront en permanence d'une eau biologiquement pure, fraîche et propre. L'eau est en effet indispensable, notamment aux femelles allaitantes, pour accroître la quantité de lait, et aux jeunes pour activer la croissance.
Cependant, l'aliment composé aussi riche et bien équilibré soit‑il, ne procure pas au lapin, à certains moments de sa vie, suffisamment de minéraux, d'oligo-éléments et de vitamines.
Les besoins en ces éléments sont singulièrement importants en fin de gestation, pendant la lactation et, en ce qui concerne les lapereaux, au début de la croissance.