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[Critique DVD] Les désemparés

Par Gicquel

LES DÉSEMPARÉS (1949)

Sortie cinéma 31 mars  2010

En dvd le 07 avril

Un film de Max OPHULS

Avec James MASON, Joan BENNETT

[Critique DVD] Les désemparés

Réalisé entre « Pris au piège » et « La Ronde »( elle tourne dans ce blog), « Les Désemparés » est le dernier film de Max Ophuls réalisé  à Hollywood. Dans les bonus , Lutz Bacher, auteur de «  Max Ophuls in the Hollywood Studios » estime  qu’il veut en faire son film «  le plus américain ». Un point de vue qu’il faut resituer à l’époque où les Studios avaient tout pouvoir, décidant du choix du réalisateur , des comédiens et de l’équipe technique. Max Ophüls fort d’une notoriété à son zénith, malgré des échecs commerciaux, réussit le tour de force d’avoir toujours son mot à dire  , excepté sur les techniciens . Ils seront maison , et de grande qualité :  Burnett Guffey à la photographie (« Le Prisonnier d’Alcatraz », « Bonnie and Clyde »), et au pupitre Hans Salter (« Les Affameurs »).

D’ailleurs Bacher révèle que l’entente sur le plateau sera parfaite, «  et que bien qu’Européen, tout le monde avait envie de l’aider ». Avec ce petit détail important pour mettre de l’huile dans les rouages , Joan Bennett retenue pour le rôle principal,n’est autre que la femme du producteur. Mais aussi une parfaite comédienne déjà remarquée pour son rôle de jolie garce dans «  La Rue rouge » , costume qu’elle reprend ici , mais de manière beaucoup plus ambiguë.

[Critique DVD] Les désemparés

Une belle gueule d'escroc qui ne plaît pas du tout à Lucia

Lucia vit  avec ses deux enfants et son beau-père dans une belle villa de la côte Ouest à  Balboa. Son mari souvent absent, elle veille seule à la bonne organisation du foyer. Lorsque sa fille, Bea, a une liaison avec l’escroc Ted Darby, elle lui ordonne d’y mettre fin. Quand les deux jeunes gens se retrouvent, l’entrevue tourne au drame. Darby est tué. Lucia se débarrasse du corps…

Le début d’un film noir comme on n’en fait plus aujourd’hui. D’abord pour son noir et blanc si caractéristique, mais aussi pour son intrigue serrée au possible dans un univers inhabituel pour un tel scénario. Une famille respectable, une femme au dessus de tout soupçon , qui face à l’adversité se révèle tout autre.

[Critique DVD] Les désemparés

Victime expiatoire d’un crime qu’elle n’a pas commis, ou alors par procuration, Joan Bennett est confrontée à un maître chanteur qui va se laisser prendre à son charme. Une femme fatale, peut-être,  une femme déchirée par sa conscience et victime de son rang social.

Les rôles sont inversés et Ophuls prend alors un malin plaisir à brouiller non pas les pistes ( la voie est toute tracée et ça ne l’intéresse pas ) mais plutôt les sentiments . James Mason dans la peau du méchant ne contrôle plus rien et l’amour qu’il porte sincèrement à sa victime l’emportera loin d’elle. Dans cette mise en scène en trompe l’œil, ce mélo qui ne dit pas son nom , le spectateur est lui aussi tombé dans le piège et c’est personnellement ce qui me ravit .

LES BONUS

«  Faire un film américain » ( 42 mn ).

Une rencontre passionnante avec Lutz Bacher qui connaît bien le travail de Max Ophuls. Pour «  Les désemparés » il reprend plusieurs scènes , qu’il commente d’un point de vue technique et historique. Un seul exemple édifiant avec une scène prévue pour quinze plans et qu’Ophuls réussira à tourner en un seul plan séquence. On la voit, on la revoit, c’est formidable. C’est bien l’histoire du film qui passe ici à travers celle du tournage, son esprit et le regard des américains sur cet européen qui leur en impose.

[Critique DVD] Les désemparés

James Mason, pris à son propre piège...

Maternel Overdrive ( 22 mn )

Plus analytique mais tout aussi intéressant, le regard de Todd Haynes, le réalisateur de « Loin du paradis », sur un film pour lequel il retient avant tout la figure de la femme au foyer protectrice, sensible et incassable.


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