Magazine Cinéma
Synopsis :
Oskar est un adolescent fragile et marginal, totalement livré à lui-même et martyrisé par les garçons de sa classe. Pour tromper son ennui, il se réfugie au fond de la cour enneigée de son immeuble, et imagine des scènes de vengeance. Quand Eli s'installe avec son père sur le même pallier que lui, Oskar trouve enfin quelqu'un avec qui se lier d'amitié. Ne sortant que la nuit, et en t-shirt malgré le froid glacial, la jeune fille ne manque pas de l'intriguer... et son arrivée dans cette banlieue de Stockolm coïncide avec une série de morts sanglantes et de disparitions mystérieuses.
Il n'en faut pas plus à Oskar pour comprendre : Eli est un vampire. Leur complicité n'en pâtira pas, au contraire...
Critique :
Récompensé du Grand Prix du Festival de Geradmer 2009, Morse du réalisateur suédois Tomas Alfredson est l’un de ces films electro-choc qui arrive à vous hanter (dans le bon sens) plusieurs heures après être sorti de la salle. Guillermo Del Toro dira d'ailleurs à son sujet "Le film le plus poétique et obsedant qui soit".
J'ai pu recevoir le DVD de ce film grâce au équipe de Cinetrafic que je remercie vivement au passage.
De prime abord, on pourrait se dire encore un film de vampires, ça commence à bien faire. La série True Blood, Twilight et ses vampires pour adolescent(e)s gothiques, une vision américaine unique et indigeste de ces êtres de la nuit qui commençait sérieusement à bien faire.
Heureusement, le cinéma nordique s'approprie le sujet et permet au genre de connaître une nouvelle naissance. En effet, Morse s’affranchit totalement des clichés traditionnels en proposant une vision neuve et finalement bien plus effrayante sur différents niveaux de lecture.
Dès les premières minutes du film, on est transportés dans un univers scandinave épuré, cotonneux, une banlieue de Stockholm. Là, un enfant blond semble perdu. Tête de turc à l’école, Oskar est renfermé sur lui-même sans trouver une quelconque issue à ses malheurs, la possessivité de sa mère n’aidant pas à l’émancipation de ce pré adolescent de 12 ans. Un soir, venue de nulle part, une jeune fille est là, pâle, sans vêtement chaud. De cette rencontre va naître une histoire d’amour platonique entre les deux enfants, tous deux victimes d’un ostracisme social lentement destructeur. Lily est un vampire de 12 ans et doit tuer pour (sur)vivre. Oskar voudrait tuer par vengeance, par haine de ses persécutions passées.
Cette romance est à la fois somptueuse dans son traitement et d’une extrême violence de part les actions qu’elle va engendrer ou sous-entendre. Tomas Alfredson n’hésite jamais dans ses choix, fait abstraction de tout compromis (allant jusqu’à montrer le sexe vampirisé de la jeune vampire) et délivre une œuvre subversive et éminemment impressionnante tant sur le plan de l’esthétique, de la gestion de l’histoire et du rythme ou de la direction des deux jeunes acteurs principaux. Le choix des cadres et les plans relativement longs permettent au film de poser une atmosphère particulière où chaque mouvement de caméra traduit une volonté narrative.
Lina Leandersson qui interprète Lily est absolument remarquable dans sa perfection de jeu. Malgré son jeune âge, elle arrive à glacer le sang des spectateurs alors que son personnage n’aspire qu’à être attachant. Derrière ce visage d’enfant meurtrie par les longues années de vie cachée peut se lire tout le désespoir d’être ce qu’elle est.
Brutal tout en étant limpide, effrayant mais très émouvant, Morse est bien le choc escompté réussissant le pari incroyable de juxtaposer horreur et poésie sans que l'un n'altère l'autre.
Inutile de préciser dans ces conditions qu’il fait parti des DVD ou Blu Ray à posséder dans sa collection !
Technique : image
Sans me livrer à un test technique détaillé (puisqu'il s'agit d'un DVD et que forcément, le passage en télé HD ne rendra pas hommage au travail effectué), je peux dire que les passages lumière/pénombre resplendissent et ne souffrent que très peu de grain. Les passages de nuit notamment révèlent un travail de compression très impressionnant et offrent à la photographie du film un support idéal.
Technique : son
Le DVD nous offre deux pistes son 5.1, une VF premièrement (que je déconseille le film étant nettement plus impactant en Suédois), et donc en VO (le Suédois donc). Soyons francs, Morse n'est pas Transformers 2 et les effets de son ne sont ce que l'on recherche de plus. Encore une fois, je n'ai rien noté d'anormal, les diverses ambiances utilisant correctement la spatialisation offerte par le 5.1.
Bonus :
L'intérêt du DVD réside principalement dans les bonus présents. Notons déjà le joli packaging cartonné ainsi qu'un livret d'une vingtaine de pages illustrées par de bien jolies photos commentées par Léonard Haddad.
Le commentaire audio (que j'avoue ne pas avoir regardé entièrement) ainsi que les entretiens avec les différents membres de l'équipes permettent d'obtenir un regard différent face à cette œuvre, à la fois si simple et si complexe. Pour une fois, nous ne sommes pas dans des banalités promotionnelles classiques mais davantage dans l'analyse ce qui ne pourra que réjouir les fans du film.
Surprise de taille, un entretien avec Jacques Audiard (un Prophète), fan avoué de Morse qui a pris la parole pour dire tout le bien qu'il pensait de ce petit bijou scandinave.
Morse
Un film de Tomas Alfredson avec Kåre Hedebrant et Lina Leandersson
Editeur : Seven7/Metropolitan
http://www.sevensept.com/
Date de sortie : 09/02/2010
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