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« Mausolée » de Rouja Lazarova

Par Kornaline

Le « mausolée » de Rouja Lazarova est ce monument construit à Sofia pour y recueillir le corps embaumé du père de la révolution communiste bulgare, Georgi Dimitrov. Tous les écoliers de la capitale doivent s’y rendre une fois en pèlerinage. Cette visite, la même que celle effectuée par sa mère des années auparavant, est pour la petite Milena le symbole des traumatismes de la population, étouffée, meurtrie et traumatisée par des années de totalitarisme.

Ce roman retrace la vie de trois générations derrière le rideau de fer du communisme. C’est un témoignage unique sur la vie quotidienne de la population de Bulgarie. Il n’y a pas de héros dans cette histoire, juste des gens ordinaires qui luttent tous les jours pour survivre sous la chape de l’absurde et de la terreur. Ces trois générations ont toutes connues le régime à différentes époques, de son éclosion jusqu’à sa chute en 1989. Milena, la petite dernière, connaîtra également la période post communiste, celle ou il faut tout reconstruire, également douloureuse car pleines de désillusions et d’incompréhensions.

Ce récit est comme un cri de douleur, une douleur trop longtemps tue. Il est porteur de violence, de dégout, d’écœurement. Même s’il n’est pas autobiographique, il semble qu’il ait été comme une thérapie, difficile et nécessaire : il fallait que ça sorte. L’auteur a vécu ce régime : elle ne s’est installée en France qu’en 1991 et on imagine la retrouver sous les traits de Milena.

Les comportements absurdes et aveuglés sont mis en exergue, mais on comprend leur origine, on comprend pourquoi la population n’avait pas le choix et devait s’y soumettre. On partage la révolte de ces trois générations, à travers celle des femmes, la grand-mère, la mère et Milena. Leurs difficultés quotidiennes et leur silence, pouvant passer pour de l’abnégation, sont expliqués, décortiqués. On s’en indigne d’autant plus qu’on n’imagine que personne n’aurait fait autrement.

Mais ce roman fait aussi preuve d’humour et de tendresse. L’être humain est ainsi fait qu’il se défend et se préserve, même dans le pire des environnements, des moments de rires et d’amour.

Dans la dernière partie, on comprend également que l’auteur voudrait instruire davantage encore les populations occidentales qui ne semblent pas mesurer suffisamment l’ampleur de la douleur et du traumatisme de l’Est. Son livre est le parfait instrument de cette mission.


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