Magazine Culture
Acteur (Les Insoumis) ou réalisateur (La boîte noire), Richard Berry a le polar dans les veines, le goût du noir sur fond rouge- où passion(s) et sang forment un cocktail sombre et violent. Avec L’Immortel, il joue sa carte américaine, tentant de rivaliser avec les gros projets US: action à tout va, caméra ample et nerveuse, atmosphère triste, âpre et furieuse. Pour le coup, son film pique le meilleur chez tout le monde (en France) : la mélancolie (sans le côté dépressif) d’un Marchal, l’efficacité (sans le superficiel) d’un Besson. Même si l’on peut lui reprocher un certain penchant à se complaire dans l’ampoulé, Berry maîtrise la profondeur du sujet: les doutes de son (anti) héros- de ses larmes à ses peurs, de sa dureté à sa tendresse- les nuances en chacun (pas trop de manichéisme) et se permet, surtout, avec une confiance en lui étonnante (et sans prétention) pas mal d’audaces et de plaisirs. Une confiance qu’il offre ainsi aux autres. A Marina Foïs, très crédible en flic endeuillée. A Kad Merad en sale psychopathe bègue. Des surprises bienvenues derrière l’emballage viril de l’ensemble. Car si Berry se démarque des productions françaises en matière de films policiers ou d’action, c’est par cet attachement subtil qui le lie à l’émotion, à la fouille psychologique, qui fait primer les silences intérieurs devant le vacarme des flingues. De cette manière, il contente tout le monde, offrant une œuvre pleine de style, paradoxalement charmante dans ses excès de frime.