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Dossier Slasher: Vendredi 13

Publié le 01 avril 2010 par Flow

Vendredi 13. (Crée par Sean S. Cunningham.)

Entre affirmation et évolution d'un genre.

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Je voulais vous parler d'un (sous) genre que j'affectionne particulièrement: le slasher. Ce dernier est un genre horrifique qui est né à la fin des années 70. Il est un des seuls à offrir un schéma tellement typique qu'il ne permet (presque) aucune innovation. Les films successifs s'évertuent à restituer une formule qui fonctionne parfaitement. On pourrait le qualifier de genre pauvre et contreproductif (ce qu'il est sous différents aspects) mais il se révèle intéressant à étudier car on peut se demander pourquoi le public suit alors que chaque film est identique.

J'ai pensé qu'évoquer ce genre au travers d'un exemple était le meilleur angle à adopter. J'ai donc choisi cette saga qui cristallise tous les codes, toutes les limites et qui est le parfait étendard du slasher.

I- Les douze coups de machette.

Je vais débuter mon étude en parlant un peu de chaque film. En douze films, la mythologie a eu le temps de se développer, de se répéter et de s'enrayer.

Tout débute au camp de Crystal Lake, en 1957. Les « animateurs » de la colonie, une bande d'incompétents et d'inconscients sont occupés à s'envoyer en l'air (une bêtise qu'il est évidemment conseillé de ne pas reproduire dans une quelconque colo) pendant qu'un enfant un brin attardé nommé Jason Voorhees (Jacky pour les intimes) a eu la mauvaise idée de se noyer dans le lac. Un an plus tard, les deux jeunes sont mis à mort. En 1980, à la date anniversaire de la mort de Jason (un vendredi 13) le camp ouvre de nouveau (quelle idée aussi) et les meurtres recommencent.

De ce pitch ridiculement banal est né une des plus prolifiques saga horrifique et la plus longue de toute. A la base, Cunningham trouve le nom Vendredi 13. Il considère ce titre comme très bon mais ne sait pas comment l'exploiter... Il est préférable d’avoir vu les films avant de lire la suite (enfin si ils vous intéressent bien sûr...)

Friday the 13th.

 

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Le premier film sort en 1980. Il raconte donc le massacre de ces nouveaux occupants du camp. Au vu de leurs mœurs très légères, on ne peut que se réjouir du sort qui leur est réservé. En effet, imaginez que les enfants arrivent! On aurait eu un autre Jason. Non c'est un devoir de les exterminer... Je plaisante mais c'est surtout car il n'y a pas grand chose à dire sur le film. Il est fauché, long, lent, mal filmé, mal interprété (mention spéciale à Pamela Voorhees dont l'actrice aurait mérité un oscar pour sa prestation...unique) et opportuniste. En effet, il est évident qu'il copie, très maladroitement, le Halloween de John Carpenter sorti en 1978. Vue subjective, tueur mystérieux, musique à suspense omniprésente. Le tout en moins bien. En gros, rien n'aurait pu sauvé cette série B du néant si la scène finale n'avait pas été si réussie. Elle offre un sursaut toujours efficace aujourd'hui et parfaitement maîtrisé. De là à affirmer qu'ils nous avaient habitué à la médiocrité pour mieux nous surprendre, il n'y a qu'un pas... En attendant, cette scène s'est répandu grâce au bouche à oreilles. Le film, réalisé avec un budget de 550000 dollars en rapporte 40 millions! Tant est si bien qu'une suite est lancée l'année suivante.

Friday the 13th. Part II

 

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Un an plus tard donc. On prend les mêmes et on recommence. Le film est encore plus opportuniste que le précédent. Le camp (enfin pas exactement le même...) ouvre à nouveau ses portes. Les animateurs, consciencieux, se réunissent quelques jours avant et se font massacrer. Mais par qui? En effet, Pamela a perdu la tête (au sens propre) et à moins de s’être transformée en zombie, elle ne peut tuer. Même Alice, l'héroïne frigide du premier opus y passe. On peut d’ailleurs voir dans sa mort l’échec des scénaristes dans la création d’une ennemie à la Jamie Lee Curtis pour le tueur du vendredi. Effet de manche grotesque, Jason ne s’était pas noyé! Il vivait paisiblement dans la forêt, d’eau fraîche et de verdure sans se soucier du monde extérieur, façon Into The Wild. Et, se promenant, il voit sa mère se faire décapiter. Il prend donc les armes. C’est un grand n’importe quoi. Les meurtres sont similaires au premier, les scènes qui les encadrent également, se composant de sexe gratuit et de non sens digne d’un porno. Quant au look du nouveau boogeyman, il est sacrément gonflé. Un sac à patates sur la tête, une salopette ornée d’une chemise à carreaux dans le style bucheron ruiné... Il fait plus rire que peur. Ce film surclasse tout de même le premier, bien que dans son rôle de fondateur d’une saga, il fasse sacrément tache.

Friday the 13th. Part III in 3D

 

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La saga est lancée. Un an plus tard, en 1982, le troisième opus (en 3D excusez du peu) voit le jour. Il débute là où le précédent s’était arrêté. Pas d’animateurs donc (le stock étant épuisé), le gros s’égare dans une ferme remplie de...jeunes délurés et demeurés. Pour l’originalité on repassera. Pourtant, ce troisième opus instaure les codes de la série. Ainsi, Jason récupère le fameux masque de Hockey sur le cadavre d’un ado qui aime bien se déguiser. L’autre "innovation", c’est la 3D. Coup de harpon qui nous fonce dessus... Je ne sais pas si à l’époque c’était classe mais aujourd’hui, le tout paraît sacrément kitch. Le film est de qualité inférieure aux précédents (oui c’est possible) car la politique du moins on en voit mieux on se porte a été remplacé par celle du on montre tout... Ou comment se tirer une flèche dans le pied. Ce qui donne des yeux à ressorts qui sortent de leurs orbites. Vraiment risible, même pour l’époque. Au final, le film refroidit la Paramount qui préférerait enterrer le sérial killer définitivement.

 

 

Friday the 13th. Part IV: Final Chapter

 

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Comme son titre l’indique, ce film devait (ou aurait du au choix) être le dernier de la saga. Il sort en 1984 et Jason y est aux prises avec des vacanciers dans un chalet. Il viennent ici pour boire un coup donc et accessoirement en tirer un. Encore plus gratuit que les précédents, il n’offre rien de nouveau (une marque de fabrique) si ce n’est une continuité. En effet une pale copie de Rambo vient pour venger sa sœur, massacrée par Jason. Toujours aussi peu inspiré, le film est incohérent, moche, somnolent. La fin est tout de même gigantesque car on y voit un enfant d’une dizaine d’année se raser la tête afin de ressembler à Jason enfant pour mieux l’amadouer. Il n’y a que dans le slasher qu’on voit cela! Donc le gros finit massacré par un gamin et rien ne semble pouvoir le ramener parmi nous et pourtant...

 

 

 

Friday the 13th. Part V: A new beginning

 

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Un nouveau commencement donc. Ce qui est bien avec cette saga, c’est que même les titres sont ridicules. En effet les mots nouveau et commencement employés ici tiennent de l’hérésie. C’est encore plus inadapté que le terme série TV pour les bouses diffusées par TF1. Ce chapitre commence des années plus tard. Tommy Jarvis, maintenant adolescent, a gardé des séquelles de sa rencontre avec Jason. Envoyé dans un centre de jeunes en difficulté à, devinez où...........roulements de tambours........ Cristal Lake. Comme quoi, Einstein avait raison, la bêtise humaine est sans limites. Le voilà donc plongé dans un monde rempli d’adolescents stupides mais qui cette fois ont une excuse, ils sont fous... (mention spéciale à l’acteur du début qui mime la folie à la perfection) Ceux d’avant étaient seulement des gros boulets. Cet épisode est à part dans la saga. Sorte de transition entre les deux parties de la série (I à IV et VI à XI). Les scénaristes étaient bien embêtés. Jason six pieds sous terre, qui allaient bien pouvoir massacrer tout le monde. Ils ont opté pour la solution copycat. Le scénario, loin d’être un chef d'œuvre, tient un peu mieux la route car il est un peu plus fouillé. De même, le personnage de Tommy développe une psychologie (de bas étage certes mais c’est déjà un effort) et est interprété de façon correcte. Le retournement de situation final, totalement bidon a été ignoré par la suite. A sa sortie, en 1985, le film ne plaît pas aux fans car leur tueur fétiche est absent... Il va falloir y remédier.

 

 

Friday the 13th. Part VI: Jason lives.

 

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La saga s’envole vers d’autres cieux (oui comme la team rocket). On est à présent dans la bonne parodie, le n’importe quoi général et l’absurde communicatif. La série perd son ton sérieux des débuts, ton qui ne lui convenait pas vraiment. Nous sommes en 1986. Depuis le début de la décennie, les opus se suivent et se ressemblent tous. Le ratio important de un film par an est respecté et peut laisser admiratif... Le renouveau annoncé à l’épisode cinq se déroule en fait dans ce sixième opus qui reste un des meilleurs. Le film commence avec Tommy Jarvis qui se rend au cimetière. L’acteur a changé et le personnage est à l’opposée de ce qu’il était dans l’épisode précédent. En gros, ils ignorent le film. Ainsi débute ce qui restera le plus drôle des opus de cette partie: les résurrections de Jason. Ces scènes font preuve d’une inventivité visuelle et scénaristique jamais égalée depuis. Jugez un peu. Ils sont au cimetière et le héros décide de déterrer le gros afin de vérifier si il est bien mort. Le postulat est déjà bien ridicule mais ils vont plus loin. Le cadavre n’est même pas décomposé depuis toutes ces années. Pire, Tommy transperce Jason avec une barre de fer. Or, un éclair y tombe dessus (deux en fait prouvant que la foudre peut tomber deux fois au même endroit). Le boogeyman devient donc un mort-vivant. Doté d’une force (encore plus) surhumaine il devient enfin le tueur indestructible et implacable que l’on connaît aujourd’hui. Doté d’un humour et d’une auto dérision de chaque instant le film est au top. Par exemple, le générique du début qui parodie James Bond. On est dans du bon bis décomplexé. Cet opus marque également le retour des animateurs. En effet, le camp va à nouveau ouvrir ses portes. Mais nouveauté de taille, les enfants font leur entrée. J’avais toujours rêvé de voir des animateurs aussi incompétents en présence d’enfants. Je n’ai pas été déçu du voyage. Le directeur de la colo n’est pas arrivé (oui, le pauvre est "tombé" sur Jason) mais personne n’est inquiet. Après, les enfants arrivent et le soir, une fois qu’ils sont couchés, les animateurs les laissent seuls pour aller s’envoyer en l’air dans tous les coins de la forêt!! Il ne faut pas s’étonner que des gamins se noient avec de tels incompétents! Bon pour conclure, le problème avec les morts vivants c’est qu’ils sont immortels. C’est donc difficile de s’en débarrasser. Heureusement, les scénaristes pensent à tout. Jason finit donc au fond du lac, retenu par une chaine... Oui bien sûr, on y croit!

 

 

Friday the 13th. Part VII: The new blood.

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1988. En plus de ma venue au monde, cette magnifique année voit la sortie du septième opus des aventures du mort vivant. Au fond du lac, qui semble bien différent au même titre que les alentours depuis le dernier épisode, Jason attend. Or il se trouve qu’une adolescente tourmentée (elle a tuée son père dans ce même lac) possède des pouvoirs télékinésiques. Ne demandez pas pourquoi, les scénaristes eux même l’ignorent totalement... Croyant remonter son père, elle remonte Jason qui reprend son sport préféré. Donc oui, après les morts vivants, les médiums font leur entrée dans la saga. Le film ne se hisse pas au niveau du précédent car l’humour a quelque peu disparu. Le combat vaut quand même le détour, d’autant que Jason s’en prend plein la gueule. Il finit encore au fond du lac...

 

 

 

Friday the 13th. Part VIII: Jason takes Manhattan.

 

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Et oui, comme son titre l’indique, Jason part en voyage. Mais d’abord, parlons de sa résurrection. A l’image de celle du sixième opus, elle vaut le détour. Un couple en plein ébat amoureux sur un bateau à Crystal Lake parle du croque mitaine. Le jeune homme décide d’aller jeter l’ancre. Oui cela lui prend comme ça alors qu’il est en si bonne compagnie. Et là, malheur cette dernière heurte un câble électrique qui ramène Jason à la vie! Il prend donc un bateau et après avoir fait "connaissance" avec l’équipage, il arrive à New York. Hélas, il ne commet pas le massacre tant attendu. Et sa présence à peine remarquée est plus ridicule qu’autre chose. (notamment dans le métro!) Malgré une touche d’humour non négligeable (les téléportations du tueur, la fameuse scène: "si on se séparait?", le magnifique combat de boxe sur les toits de la ville, à la fin du quel on finit les larmes aux yeux), le film peine à sortir du lot. A noter que c’est le dernier à avoir été produit par la Paramount (plus petites recettes: 5 millions de budget pour 14 millions de revenus) et les droits retournent au créateur de la saga: Sean S. Cunningham.

 

 

Friday the 13th. Part IX: Jason goes to hell.

  

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Cet opus est lancé en 1993, c’est à dire quatre ans après le dernier. Il est distribué à présent par New Line et Cunningham. Il est un peu différent des autres opus, car Jason n’a pas de présence physique (ce qui évidemment déplaît aux fans). C’est également le seul qui essaie d’approfondir la mythologie. Sorte de néo-slasher avant l’heure, il connaît les faiblesses de la saga et s’en amuse. Ainsi, ils ne s'embarrassent même plus d’explications. Il était détruit par des déchets toxiques à la fin du dernier épisode? Il est bien vivant et à Cristal Lake au début du film. Il est pris au piège par le FBI qui le fait littéralement exploser! L’autopsie qui suit, des plus jouissives et sur-jouées reste en mémoire ("il a subi un traumatisme explosif"). Jason est donc un esprit qui va de corps en corps, il a une famille (tante, nièce, petite nièce!!), il y a des spécialistes de son cas, il y a des livres expliquant sa magie, et il doit posséder un membre de sa famille pour se réincarner!!! Toute cette mythologie tombe comme un cheveu sur la soupe mais le mic-mac qu’elle crée est plaisant à suivre. La fin annonce la rencontre avec Freddy, l’autre écorcheur d’adolescents. Ce film est mon préféré car totalement déjanté et hilarant, au dixième degré, entre potes (un pack de bierre peut aider...).

 

 

Friday the 13th. Part X: Jason X.

 

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Mon second préféré... Totalement ancré dans la mouvance néo-slasher lancée par Wes Craven en 1996 avec son Scream cet opus est le plus déconnecté de la réalité. Jason est cryogénisé à notre époque et se réveille dans un vaisseau spatial quelques siècles plus tard. Le film lorgne du côté de la science fiction bas de gamme, totalement kitch. Assumant totalement le délire, il offre une amélioration au gros qui devient Uber Jason! L’humour est omniprésent et on se retrouve avec des combats entre cyborgs et Jason, Marines du
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futur et Jason (façon
Alien), des scènes comme celle de la simulation de Cristal Lake façon années 80 ou encore l'atterrissage dans un lieu lui ressemblant beaucoup sur une autre planète (avec lac et faune locale composée de couples adolescent). David Cronenberg fait une apparition, dans le rôle du scientifique. Enormissime.

 

 

 

Friday the 13th. Part XI: Freddy VS Jason.

 

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Le combat tant attendu entre les deux monstres du cinéma...n’est pas à la hauteur des attentes. Jason aurait peur de l’eau. Hum? De plus, Elm Street et Crystal Lake sont placés pas loin l’un de l’autre... Alors que la première est en Californie et le second proche de New York. Incohérence. Les combats sont beaux à regarder et l’humour de Freddy fait mouche pourtant le film laisse sur sa faim. L’effort de respecter les deux sagas était louable mais un peu vain. Les deux tueurs n’ayant pas vraiment de place pour exister.

 

 

 

 

 

Friday the 13th. 2009.

 

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Ce remake est le film à éviter. Pas de respect pour l’original (Jason y place des pièges?!), peu d’inventivité pour les mises à mort, humour abandonné...

L’exemple parfait du remake sans âme et donc complètement inutile. Hélas, une suite est en préparation avec une innovation majeure: Jason sera dans la neige!! Whaouh!

On s’en serait bien passé...

 

 

 

 

 

 

II- Forgé dans un moule.

Cette saga et le slasher en général obéissent à un schéma type, répété à l’infini. La formule est connue des créateurs et des spectateurs et étant donnée qu’elle fonctionne parfaitement, la créativité n’est pas de mise...

Visite guidée.

1/ Le film dure 90 minutes donc le format est serré. Il ne faut pas perdre du temps. On commence avec les personnages (de jeunes adolescents délurés et décérébrés en général) qui arrivent dans un lieu reculé. Présentation rapide. On peut trouver des slashers qui se passent en ville mais ils ne se dérouleront jamais au milieu de la foule. Exemple: Souviens toi l’été dernier,1997. Parmi eux, on a une héroïne un peu moins conne et un peu plus frigide. De là à dire que c’est pour cela qu’elle survivra, il n’y a qu’un pas... Elle a un lourd passé (des fois avec le tueur) et souffre d’insomnies chroniques. Si le film se déroule dans une petite ville, vous pouvez être certains que le personnage avait quitté la ville suite à un traumatisme et revient à la date anniversaire (oui oui, j’ai dit "un peu" moins conne). Exemple: Meurtres à la Saint-Valentin, 1981.

2/ Après, il faut présenter le tueur. Je veux dire par là qu’il faut l’introduire violemment dans ce contexte de débauche décomplexée. Un couple qui passait par là se fait trucider (c’est le cas dans les Vendredis 13), un ou deux habitants de la ville y passe (Halloween 20ans après, 1998)... Au final, le seul à s’en rendre vraiment compte, c’est le spectateur, les personnages étant trop occupés à répandre leur stupidité chronique sur le film.

3/ Les meurtres débutent mais les personnages, trop pris dans leurs activités n’y font pas attention. Cette partie du film est longue et inintéressante. Les couples font l’amour, tout le monde boit et se drogue, les dialogues sont ineptes et l'héroïne se plaint. On peut comparer cette phase à l’entre deux d’un film porno: du remplissage (Vendredi 13 partie 7 en est l’exemple parfait). On retrouve des fois dans cette partie, le syndrome de la fille qui criait au loup. Le personnage principal sait mais personne ne veut la croire et lorsqu'il veut prouver la vérité, il passe pour un fou. (Urban Legend, 1998)

4/ Entre deux pétards, ils émergent et découvrent les cadavres. Les derniers personnages passent l’arme à gauche, tant est si bien qu’il reste seulement l’héroïne et des fois un autre personnage.

5/ Cette phase qui dure des fois près de vingt minutes et la plus insupportable. La tension est à son paroxysme (ou du moins devrait l’être). Le tueur qui était jusqu’à présent implacable devient un gros nase qui rate tout le temps sa cible. Du coup, on court partout en hurlant, on fait des allers-retours incessants, on assomme le tueur mais on le laisse en vie... (le premier Vendredi 13, 1980 illustre l’idée à merveille)

6/ Le tueur est mis à mort. On doit souvent s’y reprendre à plusieurs fois, car il se peut qu’il se relève après la première salve. Une fois le film fini, on découvre souvent qu’il est toujours vivant, ce qui annonce une éventuelle suite.

 

 

III- Les secrets de son succès.

Alors pourquoi Jason et plus généralement le slasher plaisent ils?

Vu les qualités médiocres de l’ensemble, on peut se demander comment cette saga a pu durer aussi longtemps. Le slasher existe depuis le début des années 70, avec des films comme Black Christmas, de Bob Clark en 1974 ou encore le Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper la même année. Bien sûr, il ne faut en rien négliger le Psychose d’Hitchcock, 1960 mais c’est véritablement ces deux films qui lancent le genre. Quatre ans plus tard, John Carpenter enfonce le clou et définit l’avenir du genre avec son Halloween. Séries B fauchées, elles sont la preuve qu’on peut faire de bons films avec pas grand chose. Pourtant en 1980, la machine s’enraye avec ce Vendredi 13, à des années lumières de son modèle. Paradoxalement, il sera le chef de file des slashers des années 80, entraînant le genre dans un gouffre qualitatif.

Reste alors la question du pourquoi évoquée plus haut:

  • On peut dire que la formule est un point faible mais c’est également une qualité. En effet, comment être déçu par quelque chose que l’on connait déjà? Si on a détesté un slasher, on en regardera plus et c’est réglé mais si on a apprécié, cela sera aussi le cas des suivants. J’extrapole, mais c’est pour montrer que ce genre possède sa communauté de fans qui se suffit à elle même. Voilà une des raisons.

  • La deuxième que j’évoquerais découle de la première. Les fans connaissant la formule, les créateurs n’ont pas a innover. Du coup, ces films sont faciles à mettre en boîte, dans un temps record et demandent peu de budget. Cela peut expliquer la longévité de la franchise.

  • De plus, l’iconisation de Jason a servi la saga et le genre. Il est devenu l’incarnation du vendredi 13 pour la culture populaire, son déguisement est toujours à la mode. Il représente à merveille le tueur masqué implacable, doté d’une force sans pareille, qui utilise les armes qui lui tombent sous la main... Et ce plus encore que Mickael Myers, son estimé confrère (et non moins ami). Ce qui est ironique étant donné qu’il est sa copie et qu’il n’en a pas le charisme.

  • Il ne faut pas négliger le puissant exutoire que représente le slasher. La censure des années 80 était plus importante que celle d’aujourd’hui. La jeunesse voyait donc dans ce genre un moyen de désobéir, de s’épanouir en dehors des carcans. Et cela vaut aussi pour les réalisateurs et les scénaristes qui trouvaient dans ces œuvres un moyen de subversion. Le sexe, le meurtre, la vengeance tant de sujets tabous traités avec complaisance. C’est, qu’on le veuille ou non, un pan de la sous culture de l’époque. Un moyen de s’évader de tout raisonnement, de passer une heure et quelque à rire de tant d’absurdités.

 

 

IV- Entre affirmation et évolution.

Je l’ai déjà dit, la franchise Vendredi 13 traverse toute l’histoire du slasher. Les années 80 qui la voit s’épanouir et les années 90 qui correspondent à sa décrépitude. Cette saga a contribué à l’affirmation du genre. Ses codes: du tueur implacable aux adolescents stupides en passant par le lieu isolé. Halloween qu’il pille allègrement est supérieur en tout point à cet ersatz qu’est Jason et pourtant se sera de ce film que les opportunistes s’inspireront le plus et donneront des œuvres encore plus mauvaises. Par exemple, l’immonde Bloody Murder. Il a installé le genre sur le devant de la scène, à fait miroiter de l’argent facile mais cela n’a pas duré longtemps. Dans les années 90, le genre recule (le seul épisode est le 9 en 1992) et tout le monde le croit passé de mode. Pourtant, ce Jason goes to hell est déjà un précurseur de ce que sera en 1996 le renouveau du slasher, j’ai nommé le néo-slasher. C’est Wes Craven (déjà créateur de Freddy Kruger autre tueur d’adolescent mais en contradiction avec le personnage de Jason) qui en sortant son Scream enfonce le clou. Auto parodie qui se moque des codes du genre (téléportations, morts à répétition...), le film se révèle être une formidable mise en abyme et une évolution naturelle. Les adolescents (toujours aussi stupides) ont grandi dans les années 80 et connaissent les slashers (on les voit regarder Halloween) ils sont donc plus à même de se moquer de ce genre... Les films post-Scream en garderont tous la marque (Urban Legend, 1998, Halloween 20 après, la même année qui lui renvoie la pareille: les adolescents regardent le film de Craven et... Jason X en 2000). Ce qui prouve que la saga du tueur au masque hockey suit le mouvement et sait évoluer. Hélas, les années 2000 font preuve de régression, avec tous ces remakes inconsistants et en inadéquation avec l’évolution du genre (sauf peut être les remakes de Halloween de Rob Zombie, bien que très brouillons). Heureusement que des films comme Burger Kill, 2007 ont compris et assument l’héritage de leurs ainés.

 

 

Au final, Jason n’a pas encore rangé sa machette bien que le dixième opus qui fêtait son vingtième anniversaire aurait du marquer sa fin logique. Ayant traversé toute l’histoire du slasher il a forgé de sa force brute un genre aimé par certains et boudés par la majorité. Si son avenir est plus qu’incertain, son passé restera pour beaucoup (dont je fais partie) une sacré partie de rigolade.

Je vais conclure en vous donnant les sept péchés capitaux pour Jason (entendez par là que si vous êtes coupables d’un seul devant lui il devra vous mettre à mort), utile, si vous vous égarez à Cristal Lake.

1/ Décapiter sa mère devant lui. Il vous poursuivrait et vous passeriez un mauvais quart d’heure.

2/ Vous adonner aux plaisirs de la chair en sa présence. Ce n’est pas que cela lui déplaise en soi, mais il se ferait une joie d’y participer (et lui, il pratique un autre genre de planter.)

3/ Vous perdre dans les bois. Non mais là vous cherchez aussi! Seul sur son territoire, quelle idée...

4/ Être animateur de camp de vacances. Allez savoir pourquoi... Le fait est qu’il les déteste et s’en fait une dizaine par film.

5/ Le massacrer puis le déterrer afin de vérifier la rigidité cadavérique. Bon. Déjà c’est sacrément con et ensuite il ressusciterait encore plus puissant qu’avant.

6/ Lui faire subir un traumatisme explosif. Cela ne le tue pas et lui permet de passer de corps en corps. Et comme vous vous en doutez, c’est plus mortel que le virus de la grippe.

7/ Et enfin le déranger pour réaliser un remake tout pourri de ses premiers émois (sanglants). Cela pourrait lui redonner goût au meurtre. N’est ce pas Mr Nispel?


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